Avec cette nouvelle technologie de traitement des matières, la Russie va presser la Chine sur le marché des terres rares, qui constituent l’une des ressources stratégiques principales de la planète.
En juillet 2016, dans la ville russe de Novgorod, une usine qui produit des éléments de terres rares en utilisant une nouvelle technologie a ouvert.
Les ingénieurs russes ont effectivement appris à extraire des terres rares, sans lesquels l’existence des smartphones et des tablettes est tout simplement impossible, des déchets de la production d’engrais minéraux.
Pourquoi le développement technologique de ce domaine est-il si important ?
Le problème est que dans tous les produits modernes de haute technologie on peut trouver des éléments de terres rares, des équipements militaires aux énergies alternatives.
En outre, ce sont les consommateurs ordinaires qui ont le plus besoin de cette ressource, car aucune production de smartphones, de tablettes ou d’ordinateurs ne peut se faire sans utiliser des terres rares.
En particulier l’iPad contient au moins 17 de ces éléments: la batterie lithium-ion comprend du lanthane, des aimants sur les côtés de la tablette pour la fixation de la couverture sont fait en alliage de néodyme, pour durcir le revêtement en verre de l’écran le producteur utilise de l’oxyde de cérium et etc.
Cependant, ce qui est le plus intéressant est que la Chine représente la quasi-totalité de la production mondiale de terres rares, appelés également « le pétrole du futur ».
« Environ 95 % des terres rares sont produites en Chine, qui possède également 42 % des réserves mondiales de ces ressources de manière générale et 80 % des réserves mondiales des terres rares lourdes en exploitant le plus grand gisement de terres rares dans le monde », a déclaré Andreï Kolosovskiï, directeur adjoint de la société russe Acron.
Il faut noter que Pékin ne permet pas l’exportation de terres rares. Les autorités n’autorisent que l’utilisation de cette ressource pour fabriquer des produits en Chine. C’est pourquoi, en dehors de la main d’œuvre bon marché, beaucoup d’entreprises technologiques sont contraintes de fabriquer leurs systèmes en Chine.
« Les terres rares sont à la Chine ce que le pétrole est au Moyen-Orient », affirmait Deng Xiaoping, père fondateur de la puissance économique de la République populaire de Chine en 1992.
Peu de monde avait compris cette analogie à l’époque, mais maintenant c’est la production de terres rares qui rend certaines industries high-tech dépendantes de la Chine, qui a un quasi-monopole sur ce marché.
Par exemple, en 2010, la Chine a fortement réduit ses exportations, et les prix de la ressource ont été multipliés par entre 5 et 10. En 2012, sous la menace de sanctions de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Chine a partiellement restauré le taux d’exportation des terres rares. Après l’incident, les pays du monde ont commencé à réfléchir à comment livrer à leurs économies nationales des terres rares en quantités suffisantes.
La Russie, l’un des producteurs phares d’équipements militaires, a également commencé sa propre recherche.
Dans les années 2000, le gouvernement du pays a adopté un programme pour le développement de l’industrie des terres rares.
Maintenant, grâce à cette initiative, la Russie rattrape son retard en termes de production de cette ressource, en augmentant le volume de ses exportations visant à concurrencer la Chine. « Il est évident que la Russie, qui possède un socle de matières premières et ayant des exigences de produit final, peut développer sa propre production. Un pionnier dans ce domaine est Acron », a déclaré M. Kolosovsky.
La société Acron a implémenté la nouvelle technologie dans son usine de Novgorod, qui permet de produire les éléments de terres rares nécessaires via le traitement du concentré d’apatite, qui en fait est largement utiliser dans la production des engrais minéraux.
Le projet a été lancé en 2010. Le volume d’investissements s’élève à environ 50 millions de dollars (46 millions d’euros). La production n’exige pas de produits étrangers : toute la matière première nécessaire (le concentré d’apatite) est fournie par la fabrique de Mourmansk.
La capacité de l’usine est de 200 tonnes d’oxydes de terres rares par an. « J’ai l’impression que la situation sur le marché des terres rares s’est un peu améliorée par rapport à la période d’il y a cinq ans, lorsqu’il y a eu la crise liée au monopole de la Chine (…). Je suppose que la hausse de la Russie sur ce marché le favorise (l’amélioration de la situation, ndlr). Je suis sûr que les conditions de leur (des terres rares, ndlr) développement en Russie sont excellentes », a commenté le président de l’École polytechnique de Paris, Jacques Biot.
Source: Sputnik