Le site américain Al-Monitor a critiqué avec virulence les politiques du prince héritier saoudien Mohamad Ben Salmane.
Selon son chroniqueur Bruce Riedel, le royaume wahhabite n’est plus stable depuis qu’il a pris les rênes du pouvoir. « La stabilité en Arabie saoudite inquiète les présidents américains plus que jamais depuis Kennedy », dévoile-t-il.
La situation en Arabie saoudite est devenue plus fragile sous MBS qui est le véritable maitre du pays, a-t-il déploré.
Le journaliste américain a révélé aussi que MBS reste la plupart du temps sur son yacht, acheté pour la somme d’un demi-milliard de dollars, et qui accoste en ces jours sur le port de Djeddah.
« Ayant une superficie égale à un stade de football, et disposant d’autres avantages, il lui permet de prendre la fuite si les conditions l’exigent », précise-t-il.
Selon lui, durant un demi-siècle, la stabilité saoudienne n’a soulevé aucun doute réel. Aussi bien sous le règne du roi Fayçal que lors de l’évènement qui a frappé la Mosquée sainte de la Mecque en 1979, en passant par les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis puis par les évènements liés au Printemps arabe en 2011, voire même lors de la crise du Bahreïn, en allusion à la révolution pacifique dans ce pays qui a été réprimée dans le sang avec l’intervention saoudienne.
« Les troubles étaient possibles, mais la famille royale est restée unie derrière le roi Abdallah », explique-t-il.
Et de poursuivre : « Avec l’ascension du roi Salmane Ben Abdel Aziz au pouvoir en 2015, il s’est insurgé contre la ligne de succession qui garantissait le relais du pouvoir, en écartant son demi-frère Moqren, puis le prince héritier Mohamad Ben Nayef, et en désignant son fils à sa place. Ces modifications ont aliéné d’une façon significative une bonne partie de la famille royale gouvernante ». Riedel prévoit un violent conflit pour le pouvoir, après la mort du roi actuel et l’intronisation de son fils.
Qualifiant la guerre contre le Yémen de « boule de feu », le chroniqueur du Monitor écarte l’éventualité qu’elle prenne fin prochainement, surtout que les Houthis ont tiré des missiles balistiques dont le chiffre s’élève à 200, sur les 60.000 missiles tirés en tout.
« Les saoudiens ont besoin de l’aide des Etats-Unis et de la communauté internationale pour mettre fin à cette guerre », a-t-il souligné estimant que les Américains ne jetteront pas la roue de secours à leur allié, si MBS ne stoppe pas cette guerre lui-même.
Toujours sur le plan de la politique étrangère qu’il qualifie de téméraire, M. Riedel considère l’embargo contre le Qatar comme une catastrophe qui a provoqué l’effondrement du Conseil de coopération des pays du Golfe.
Concernant l’attentat terroriste perpétré le samedi 22 septembre dernier contre un défilé des Gardiens de la révolution iranienne dans la ville d’Ahvaz dans la province du Khouzestan, il y voir les empreintes du royaume wahhabite surtout que MBS avait déclaré vouloir faire la guerre contre l’Iran en Iran. L’attentat risque à ses yeux d’attiser les conflits sectaires dans toute la région.
Sur le plan économique, M. Riedel s’arrête sur la campagne d’arrestations de grands richissimes, hommes d’affaires et princes saoudiens, révélant qu’elle a provoqué une fuite considérable des capitaux et une baisse des investissements étrangers. D’après lui, la suspension du projet cher à MBS de placer en bourse Aramco a aussi ébranlé la confiance dans l’économie saoudienne.