RT France a interviewé en exclusivité avec Le Figaro et Paris Match le ministre russe des Affaires étrangères. Sergueï Lavrov est revenu sur plusieurs sujets d’actualités dont les accusations de cyberattaques dont la Russie est l’objet.
A la question posée par Xenia Federova, présidente de RT France, sur les accusations portées contre la Russie et une éventuelle pression concertée de la part de pays et de médias occidentaux afin de pouvoir décréter de nouvelles sanctions, Sergueï Lavrov a appelé à se méfier de l’information livrée par les médias et souhaité que les accusateurs apportent davantage de preuves.
Les Occidentaux tentent-il de pousser les Russes à bout ?
Le chef de la diplomatie russe a ainsi pointé du doigt la surmédiatisation des accusations occidentales, qui pour lui relève de «l’hystérie» : «Si nos collègues occidentaux ont clairement l’intention de nous faire sortir de nos gonds en usant de cette hystérie, alors ça veut dire qu’ils lisent mal les livres d’Histoire», et Sergueï Lavrov d’ajouter : «Si ce n’est que de l’esbroufe, pour ainsi dire, une crise de rage politique, alors ça passera, naturellement.»
Le danger d’un quasi-Etat sur le territoire syrien
La Syrie a été l’un des autres sujets d’actualité évoqués lors de l’interview, et plus particulièrement le cas d’Idleb. Le directeur adjoint de Paris Match, Régis Le Sommier, a invité le chef de la diplomatie russe à commenter l’impact de l’accord russo-turc sur le désarment des takfiristes de la région.
Pour Sergueï Lavrov, la situation que connaît la région d’Idleb est «temporaire» car cette «histoire prendra fin uniquement lorsque le pouvoir du peuple syrien sera rétabli en Syrie».
Il a également estimé qu’Idleb n’était pas la dernière région de Syrie en difficulté. Selon lui, il demeure «d’énormes étendues, à l’est de l’Euphrate, où se produisent des évènements complètement inacceptables».
« Dans des eaux aussi troubles, il leur est beaucoup plus facile de pêcher pour trouver ce qu’ils cherchent. Cela n’a jamais mené à rien de bon ».
De fait, Sergueï Lavrov a alerté sur l’influence des Etats-Unis dans ces régions qui, selon lui, présentent un danger. Il a également mis en garde contre les tentatives de Washington d’encourager la création d’un «quasi-Etat sur le territoire syrien» et notamment l’intention de mettre en place un Kurdistan syrien.
Pour Sergueï Lavrov, cette politique n’a d’ailleurs qu’un seul but : «Maintenir une situation tendue dans cette région, pour que personne ne puisse temporiser.»
Le 10 octobre, Moscou et Ankara avaient confirmé le retrait d’un millier de takfiristes et d’armes lourdes de la future zone démilitarisée d’Idleb, dernier grand bastion rebelle en Syrie.
Les deux pays se sont portés garants d’un accord convenu le 17 septembre.
Au cours de son interview, Sergueï Lavrov a également fustigé l’attitude de l’Occident, des Etats-Unis et de la France concernant le retour des réfugiés en Syrie.
Il a jugé en effet qu’aucun des pays occidentaux, parties prenantes en Syrie, ne favorisait le retour des réfugiés, ainsi que leur réinstallation, dans les zones contrôlées par le gouvernement syrien.
Washington encourage-t-il le schisme au sein de l’Eglise orthodoxe ?
Parmi les trois journalistes, Yves Thréard du Figaro a souhaité quant à lui interroger le ministre russe des Affaires étrangères sur les derniers événements qui touchent les Ukrainiens orthodoxes.
Le Patriarcat de Constantinople, dont le patriarche est Bartholomée, a décidé le 11 octobre de reconnaître une Eglise orthodoxe indépendante en Ukraine, mettant fin à 332 années de tutelle religieuse russe dans le pays. Cette décision pose la question de l’avenir de millions de croyants dans ce pays, où l’Eglise orthodoxe russe jouit d’une influence encore conséquente.
En Ukraine, l’Eglise dépendante du Patriarcat de Moscou est la plus importante communauté religieuse par le nombre de paroisses, mais les Ukrainiens sont de plus en plus nombreux à rejoindre l’Eglise du Patriarcat de Kiev, autoproclamé après l’indépendance du pays en 1991.
Pour Sergueï Lavrov, «le patriarcat ukrainien n’a pas tourné le dos à l’Eglise orthodoxe russe car l’Eglise orthodoxe d’Ukraine du Patriarcat de Moscou s’oppose aux provocations du patriarche Bartholomée avec le soutien public de Washington».
Il estime ainsi que la provocation provient du patriarche Bartholomée et y voit une ingérence étrangère, celle de Washington : «L’ingérence dans la vie de l’Eglise est interdite par la loi en Ukraine [..] Mais quand l’envoyé spécial américain pour les relations entre les Eglises salue ouvertement la décision de Bartholomée […] on voit le bout de la queue du diable.»
Par voie de conséquence, Sergueï Lavrov accuse ici Washington d’encourager le schisme.
Source: Avec RT