Mettre fin à la guerre au Yémen ne sera pas suffisant pour sauver les enfants de ce pays pauvre, a prévenu jeudi le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), alors que les Etats-Unis appellent à une reprise des négociations entre belligérants.
« Ce dont nous avons besoin, c’est de mettre fin à cette guerre et (instaurer) un mécanisme gouvernemental qui se concentre sur les gens et les enfants », a déclaré à l’AFP le directeur de l’Unicef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Geert Cappelaere.
« Mettre fin à la guerre n’est pas suffisant », a-t-il souligné, en rappelant que le conflit « exacerbe une situation déjà mauvaise en raison d’années de sous-développement », dans ce pays le plus pauvre de la région.
Sur les 14 millions de Yéménites menacés par la famine, plus de la moitié sont des enfants, a indiqué M. Cappelaere.
« Aujourd’hui, 1,8 million d’enfants âgés de moins de cinq ans sont en situation de malnutrition aigüe », a-t-il encore précisé.
Plus de 6.000 enfants ont été tués ou blessés depuis l’intervention en mars 2015 d’une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite sous prétexte de soutenir le gouvernement démissionnaire yéménite face aux forces yéménites (armée + Ansarullah).
« Il s’agit de chiffres que nous avons pu vérifier, mais nous pouvons dire sans risque de nous tromper que leur nombre est en réalité bien plus élevé », a prévenu M. Cappelaere.
Selon l’ONU, le conflit a fait près de 10.000 morts, en majorité des civils, et provoqué la pire crise humanitaire au monde.
Des ONG de défense des droits humains estiment que le bilan serait cinq fois plus important.
L’Arabie saoudite a été accusée à plusieurs reprises de bavures ayant coûté la vie à des centaines de civils. Mardi, le ministre américain de la Défense Jim Mattis a exigé la fin des frappes aériennes de la coalition menée par Ryad.
Il a aussi appelé à ouvrir des négociations de paix « d’ici 30 jours ».
L’image de l’Arabie ternie
Il convient de noter que l’image de l’Arabie saoudite a grandement souffert depuis son intervention en mars 2015 au Yémen.
Dans un rapport en août, un groupe d’experts de l’ONU a conclu que les frappes aériennes de la coalition menée par Ryad avaient causé « le plus de victimes civiles directes ».
Le royaume saoudien est souvent resté sourd à ces accusations, mais sa position internationale a été nettement affaiblie depuis le meurtre début octobre du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien à Istanbul, qui a donné lieu à des versions contradictoires de Ryad.
Un mois a bientôt passé, mais le scandale planétaire se poursuit: mercredi, la justice turque a communiqué de nouveaux éléments et Ankara a mis en cause la volonté de Ryad de « coopérer sincèrement ».
« L’affaire Khashoggi a jeté un nouvel éclairage sur le Yémen car elle soulève des doutes sur le récit saoudien », affirme à l’AFP Elisabeth Kendall, chercheuse à l’université d’Oxford.
« Si l’Arabie saoudite a menti de manière aussi flagrante sur le sort de Khashoggi, du moins au début, alors sa crédibilité sur les horreurs de la guerre au Yémen est également mise en doute », poursuit-elle.
Source: Avec AFP