Quelques jours avant la fête de l’indépendance qui a eu lieu le 22 novembre dernier, le Liban a refusé un don russe militaire pour des raisons politiques, a révélé le quotidien libanais al-Akhbar, ce lundi 26 novembre.
Il s’agissait de munitions offerts par le ministère russe de la Défense et qui comprend des millions de balles de différents calibres et pour plusieurs fusils et mitrailleuses moyennes. Son coût est estimé à quelque 5 millions de dollars. En plus d’autres armements.
Le refus libanais a été justifié par le prétexte que les calibres fournis ne correspondent pas aux armes de l’armée libanaise, lesquels seraient plus compatibles avec ceux de l’Otan. Pourtant les forces armées libanaises possèdent des dizaines de milliers de fusils Kalachnikovs et de mitrailleuses PKS et ont besoin de ces munitions, constate al-Akhbar.
Des obstacles libanais aux armes russes
Avant cette justification d’ordre technique qui a été envoyée à la Russie via son attaché militaire au Liban, plusieurs obstacles avaient été dressés pour retarder l’arrivée du don qui était prévue pour le mois de juin.
Le journal libanais en a aussi énuméré quelques-uns.
Dans un premier moment, alors que la cargaison avait été préparée, empaquetée, et transportée au port russe, « une erreur technique », a été glissée dans le certificat de « consommateur final » présenté par les Libanais. Les multiples demandes russes pour le rectifier sont restées lettre morte. C’est alors que la Russie a décidé de transporter la cargaison sur son compte.
Mais les Libanais ont à nouveau dressé un nouvel obstacle. Ils ont argué que le port de Beyrouth ne pouvait accueillir aucun navire militaire, car la surface du bassin de la base navale de Beyrouth est insuffisante.
Or, une source militaire libanaise a nié en bloc ce prétexte assurant que la véritable raison du refus des Libanais puise son origine du rejet américain.
Ce n’est pas une initiative russe
Pourtant, la décision russe d’offrir un don militaire au Liban n’émane pas de sa propre initiative. C’est le fruit de deux démarches libanaises : la première, lorsque l’armée libanaise a envoyé aux Russes une liste de ses besoins en armements après la suspension du don saoudien. La seconde, est la visite en Russie l’an dernier du ministre de la Défense libanais Yaakoub al-Sarraf, au cours de laquelle il a exposé les besoins de l’armée libanaise.
Une commission militaire commune libano-russe s’était aussi rencontrée à plusieurs reprises pour finaliser cette demande, laquelle a nécessité par la suite la promulgation d’un décret de la part du président russe en personne pour la sortir des dépôts de l’armée russe et la préparer.
Moscou ayant décidé de faire le don d’un échantillon de ses munitions, comme prélude à un processus de coopération militaire, dans le cadre de la mise en exécution de la coopération militaire technique conclue entre les deux pays, laquelle devrait introduire à un accord de coopération militaire qui aurait dû être signé avant les élections parlementaires.
Mais les Américains et les Britanniques ont réussi à convaincre le chef du gouvernement Saad Hariri d’empêcher sa signature.
Les pressions américaines et occidentales
La semaine passée aussi, alors que tout était prêt pour finaliser la livraison des munitions, le refus a cette fois-ci été exprimé clairement. Selon le journal libanais, «son origine est inconnue ». Il croit deviner que ce refus illustre toutefois une décision politique qui vient des plus hautes sphères de l’Etat libanais. Sachant qu’elle n’a pas été prise au sein du Conseil des ministres libanais.
« Le message dissimule derrière lui une décision politique libanaise, d’origine encore inconnue. Elle est destinée à jeter l’armée libanaise dans les bras de l’armement américain exclusif et à l’isoler de toute autre source d’armement en dehors de l’Otan », a écrit le journal.
Et de poursuivre : «il est clair pour les Libanais comme pour les Russes que les Américains interdisent toute coopération militaire du Liban avec la Russie et que d’aucuns au Liban exécutent les desideratas des Etats-Unis sans aucune résistance ».
Des sources diplomatiques liées au Moyen-Orient attribuent la démarche libanaise aux pressions américaines et britanniques, dans le cadre des tentatives de l’occident destinées à réduire le champ d’action de Moscou en Orient.
Selon certains observateurs, le fait de placer les tentatives américaines -et par extension occidentales- dans le cadre de leur confrontation contre la Russie ne suffisent pas à les expliquer. Les Iraniens, également font l’objet de tentatives similaires lorsqu’il s’agit de transaction militaire avec le pays des cèdres.
Elles s’inscrivent plutôt dans le cadre des velléités occidentales sournoises visant à rallier le Liban à leur cercle d’influence. L’enjeu étant principalement de limiter ses atouts de force, militaires entre autre, pour garantir la supériorité militaire d’Israël. Et cela remonte à bien longtemps.
Or, cette manigance-là a largement contribué à ce que les Libanais cherchent d’autres alternatives. La Résistance a été l’une d’entre elles.