Un journal turc proche du parti au pouvoir a accusé l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis d’implication dans la mort de certains dirigeants principaux des groupuscules terroristes en Syrie, en collaboration avec Damas. Une accusation qui ne saurait être prise au sérieux, mais qui dissimule une politique turque bien réfléchie.
« A peu près 80 dirigeants des groupes armés ont été tués en Syrie entre 2012 et 2014, après que l’Arabie et les EAU leur ont envoyé des centaines de téléphones portables Thuraya, connectés directement sur satellites », a écrit Yeni Safak, selon la traduction du site en ligne « al-Khaleej on line ».
Dans le journal turc pro Erdogan, il est question qu’Abu Dhabi et Riyad ont causé la mort de Zahrane Allouche, qui était le commandant de Jaïsh al-Islam, d’Abdel Qader Saleh qui dirigeait la Brigade Tawhid, et de Hassan Abboud qui était le chef des Ahrar al-Cham.
Sachant que la société Sourayyat est une société émiratie, fondée en 1997 et qui dispose de satellites orbitant sur l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique.
Yeni Safak assure détenir ses informations d’un dirigeant de la milice de l’Armée syrienne libre, laquelle combat désormais sous la bannière de la Turquie.
« Abou Dhabi a envoyé des téléphones Sourayya émiratis et Enmasrty britanniques, puis elle a fourni les décryptages de ces téléphones au gouvernement syrien », argue cette source.
Un dirigeant de la brigade Salaheddine al-Ayyoubi, connu sous le pseudonyme Abou Firas a, lui aussi attribué la mort du commandant de sa milice, Amir Malla, en 2013 à ces téléphones.
« Nous avons beaucoup de doutes selon lesquels ce sont ces téléphones envoyés par les Emiratis qui ont été la cause de leur mort », a-t-il prétendu.
Cette version des faits qui sous-entend que les gouvernements saoudien et émirati collaboraient en catimini avec le gouvernement syrien n’a aucune crédibilité.
Depuis les tous débuts de la crise syrienne, aussi bien Riad qu’Abu Dhabi, sans oublier Doha et Ankara, ont fait partie des pourvoyeurs de fond des groupes rebelles syriens, lesquels bataillaient pour renverser le pouvoir de Damas. Il est inconcevable de croire que ces capitales arabes aient voulu liquider les chefs qu’ils finançaient pour plaire aux dirigeants syriens.
Mais le fait que le tabloïd turc proche d’Ankara et son allié l’ASL veuillent diffuser une information pareille pose des interrogations sur leurs réelles intentions.
Depuis que le président américain Donald Trump lui a donné le feu vert, lors de son annonce du retrait de ses forces de Syrie, la Turquie semble vouloir assoir son pouvoir absolu dans le nord et l’ouest syriens. Ceci s’illustre entre autre par la bataille que livrent ses milices syriennes à Hayat Tahrir al-Cham, la coalition jihadiste dirigée par l’ex-front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie.
Ankara ne pourrait pas non plus admettre une concurrence de la part des EAU et de l’Arabie saoudite dans cette zone, où leurs dirigeants ont été vus à plusieurs reprises ces dernières années.
En accusant ces deux pays de collaborer avec Damas dans l’assassinat des dirigeants des différents groupes de la rébellion syrienne, les Turcs s’adressent essentiellement aux partisans syriens de cette dernière. Leur insufflant indirectement de couper les ponts avec eux définitivement.