L’éventuel retour en arrière de Trump sur son retrait de la Syrie signifie qu’il a peut-être une fois de plus été dépassé par l’Etat profond, a déclaré le sénateur de l’État de Virginie, Dick Black.
Suite au tollé qui a suivi l’annonce du président Donald Trump qu’il retirait les troupes étatsuniennes de Syrie, il semble que Trump soit en train de succomber aux pressions politiques. Le sénateur étatsunien Lindsey Graham (R-SC) s’est rendue à la Maison-Blanche le 30 décembre et a ensuite rendu visite aux journalistes : « Nous avons parlé de la Syrie. Il m’a dit des choses que j’ignorais et qui m’ont fait me sentir beaucoup mieux dans la direction que nous prenons en Syrie », a déclaré Graham. Selon NBC News, les plans de retrait de Trump «ralentissent intelligemment », a ajouté Graham.
Le Washington Post a ajouté : « Graham a décrit la décision de Trump comme « une situation de pause » plutôt qu’un retrait, en disant aux journalistes : « Je pense que le président prend cela très au sérieux ». Graham a déclaré : « Il a promis de détruire l’EI. Il va tenir cette promesse. Nous n’en sommes pas encore là. Mais comme je l’ai dit aujourd’hui, nous en sommes proches, et le président comprend la nécessité de finir le travail. »
Les médias grand public refusent de reconnaître que la Syrie et ses alliés ont mené la lutte la plus dure contre l’EI et Al-Qaïda. En fait, nous qualifions la lutte de l’Iran contre les terroristes syriens « d’activités malveillantes », ignorant le fait qu’Al-Qaïda en Syrie [Al-Nosra] est la progéniture de la force d’Al-Qaïda qui a détourné des avions à réaction et les a fait voler dans les tours jumelles et au Pentagone, faisant 3 000 victimes étatsuniennes le 11 septembre.
L’auteur Seymour Hersh, lauréat du prix Pulitzer, a écrit qu’un examen de la politique syrienne par la Defense Intelligence Agency en 2013 a révélé que le programme clandestin Timber Sycamore de la CIA avait dégénéré en un programme qui a armé tous les terroristes sans distinction, notamment l’EI et Al-Qaïda. Je doute sérieusement qu’il s’agisse simplement d’un échec du programme. Tout porte à croire que les États-Unis ont prévu de renverser la Syrie en 2001, que l’ambassade des États-Unis à Damas a publié une stratégie détaillée pour déstabiliser la Syrie en 2006, bien avant le soi-disant « printemps arabe», et que nous avons toujours mis l’accent sur la chute du gouvernement dûment élu, constitutionnel de ce pays reconnu par l’ONU.
C’est écœurant d’entendre ces clowns affirmer à loisir que « Assad a assassiné 500 000 de ses hommes », comme si les terroristes soutenus par les États-Unis n’avaient joué aucun rôle dans ces assassinats. J’ai vu des centaines de décapitations et de crucifixions en ligne, mais aucune n’a été commise par des troupes syriennes, toutes fièrement publiées par la saleté infernale que nous avons recrutée, armée et entraînée au cours des huit dernières années. Les crimes de guerre majeurs, comme la décapitation de 250 soldats syriens après les avoir fait traverser le désert en sous-vêtements, ont été à peine mentionnés par les médias de masse.
Au cours d’une traversée de cinq heures en voiture à travers la Syrie libérée en septembre dernier, j’ai parlé avec de nombreuses personnes, des bergers du désert aux religieuses et aux religieux musulmans. Il y avait des expressions palpables de joie que les forces armées syriennes les avaient libérés des terroristes. Cela s’est accompagné d’un large soutien sans équivoque au Président Bachar al Assad et aux forces armées syriennes.
Cette guerre désastreuse n’aurait jamais eu lieu sans la planification et l’exécution étatsuniennes. Et elle aurait pris fin il y a des années et des centaines de milliers de victimes si nous avions fermé nos bases d’entraînement et de logistique en Jordanie, en Turquie, en Arabie saoudite et au Qatar. La guerre syrienne avait peu à voir avec le «printemps arabe » et beaucoup à voir avec les actions clandestines de la CIA, du MI-6, du Mossad, du MIT turc, de la DGSE française, du GID saoudien et autres, travaillant avec les Frères musulmans syriens barbares. Nous avons formé et recruté beaucoup plus de terroristes que nous n’en avons tué, et nous retrouverons ces survivants à d’autres moments et à d’autres endroits.
Il est instructif de constater que, malgré la directive ferme du président Donald Trump sur un retrait rapide de la Syrie, apparemment pas un seul soldat ou Marine n’a quitté la Syrie. Et l’argument selon lequel ils sont liés à la lutte contre l’EI ne tient pas la route. Sur la frontière sud de la Syrie, en face de la Jordanie, se trouve la base étatsunienne d’al Tanf. L’EI n’existe nulle part. Le seul but d’Al Tanf est de détenir et de défendre le territoire souverain de la Syrie (en utilisant une zone d’exclusion aérienne de 55 km). Elle refuse à la Syrie le droit de rétablir l’ordre et d’aider les Syriens affamés pris au piège dans la zone étatsunienne.
Al Tanf est le canari de la mine de charbon syrienne. Si le retrait de Trump est crédible, les quelque 800 soldats et équipements qui y sont affectés pourraient être retirés de l’autre côté de la frontière jordanienne dans les 24 heures. Leur incapacité à le faire suggère la duplicité de notre gouvernement fantôme en matière de politique étrangère. Le Pentagone semble insensible au commandant en chef, et il s’est entouré de conseillers dont l’allégeance ne lui appartient pas, ni au peuple étatsunien.
Par Richard H. Black : sénateur républicain représentant le 13e district de Virginie.
Sources : Consortium News ; Traduit par le blog Sam la touche