Ayant promis de faire une annonce «dramatique» devant les médias, le Premier ministre israélien a beaucoup déçu l’audience en consacrant son intervention au blâme de la justice pour l’avoir maltraité dans le cadre d’une affaire de corruption.
Après avoir promis de faire une annonce «spéciale», le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est servi lundi soir du journal télévisé à une heure de grande écoute pour affirmer qu’il avait été traité injustement par la justice dans le cadre d’une enquête pour corruption.
M. Netanyahu avait promis de transmettre un message «dramatique» aux médias, incitant les agences de presse et les journalistes à se préparer à couvrir l’évolution de la situation. Cependant, lorsque la diffusion a commencé, il est devenu évident que sa déclaration était plus personnelle.
Le Premier ministre s’est plaint d’avoir «réclamé à deux reprises une confrontation» avec les témoins de l’État dans les affaires de corruption portées contre lui, mais s’est vu refuser cette demande. «Je voulais les regarder dans les yeux et leur montrer la vérité. J’ai demandé deux fois et j’ai été rejeté», a-t-il déclaré.
Cette intervention, au cours de laquelle M. Netanyahu a continué à se plaindre de son traitement par les forces de l’ordre et les médias, ont suscité les commentaires de journalistes et d’autres téléspectateurs sur Twitter qui s’attendaient à quelque chose d’un peu plus… dramatique, justement.
«Netanyahu se tient devant son pays aux heures de grande écoute et prétend être une victime dont la demande a été rejetée d’une confrontation avec ses accusateurs […]. « Même un Premier ministre a le droit à une procédure régulière ». Triste, pour être honnête.»
«La déclaration dramatique de Netanyahu consiste à se plaindre d’être traité injustement par la justice. Un effort intelligent pour capter l’élan de la campagne électorale, consolider sa base, semer plus de critiques parmi les religieux d’extrême droite au sujet du système juridique laïque. Est-ce que ça marchera?»
«Ennuyeux!», a écrit un autre internaute.
La chaîne de télévision israélienne Channel 10 a même décidé d’interrompre cette intervention supposément sérieuse lorsqu’il est devenu évident que ce ne serait pas aussi sensationnel que prévu.
En décembre, la police israélienne a recommandé que Netanyahu et son épouse Sara soient inculpés dans le scandale de corruption connu sous le nom de l’affaire 4.000, affirmant que le Premier ministre était soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin en échange de décisions politiques favorables à un magnat des médias contrôlant Bezeq, une entreprise de télécommunications israélienne. La police avait également recommandé que des accusations soient portées à son encontre dans le cadre de deux autres affaires.
Après ses commentaires, la cheffe de l’opposition israélienne, Shelly Yachimovich, a déclaré que Netanyahu s’était engagé dans un «discours électoral cynique et pathétique» de quelqu’un qui «essayait de toutes ses forces d’échapper à la loi».
Cette déclaration a toutefois été défendue par certains des alliés de Netanyahu. Nava Boker, membre du parti Likoud, a constaté de la «partialité» vis-à-vis du Premier ministre, tout en déclarant que rien ne justifiait le refus de confronter les témoins. Le ministre de la Culture, Miri Regev, a déclaré que les enquêteurs «ne veulent pas vraiment trouver la vérité, mais s’en tiennent à une version qui leur convient», tout en déclarant que Netanyahu était «innocent».
Netanyahu a nié les accusations à plusieurs reprises.
Source: Sputnik