Le président français Emmanuel Macron a terminé mardi sa visite en Egypte par un nouvel entretien avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, après avoir appelé au « dialogue entre les religions » durant des rencontres avec les autorités musulmanes et coptes.
Au troisième et dernier jour de sa visite officielle en Egypte, M. Macron s’est entretenu avec le président égyptien pour la deuxième fois, alors qu’il se trouvait à l’aéroport, où son avion pour Chypre l’attendait.
L’entretien, qui n’était pas prévu au programme, a duré 45 minutes, selon la présidence française, retardant le départ de M. Macron. Rien n’a filtré sur la teneur des échanges.
La veille, lors d’une conférence de presse, les deux hommes avaient exprimé leurs désaccords sur la question particulièrement sensible des droits humains.
Avant cette rencontre, plusieurs ONG avaient demandé à M. Macron de suspendre les ventes d’armes susceptibles de servir à la répression d’opposants.
Lundi, M. Sissi a démenti de telles pratiques. Mais, mardi, Amnesty International a maintenu ses affirmations. « Contrairement aux propos du président al-Sissi, les véhicules blindés transférés par la France ont bel et bien été utilisés dans le cadre de la répression en Égypte ».
L’ONG a par ailleurs pris « acte des déclarations du président Emmanuel Macron, déclarant que +l’utilisation des blindés doit être exclusivement militaire+ ».
Au cours de la visite de M. Macron, destinée à renforcer le partenariat entre Paris et Le Caire, une trentaine d’accords et contrats ont été signés, pour plusieurs centaines de millions d’euros.
« Dialogue entre les religions »
Mardi matin, lors d’une rencontre avec le pape orthodoxe copte Tawadros II au Caire, M. Macron a par ailleurs plaidé pour « le dialogue entre les religions », une « solution » face à un monde en « crise ».
Il a en outre assuré que le rôle de la France dans la région était d’agir « encore davantage pour accompagner l’ensemble des chrétiens d’Orient ».
« Sur ce point, j’ai décidé qu’une nouvelle conférence se tiendrait à Paris », a-t-il déclaré sans autre précision. Selon une source diplomatique, il s’agira d’une conférence sur les minorités religieuses d’Orient.
M. Macron s’est rendu à l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, cible d’un attentat anti-copte en décembre 2016 qui avait fait 29 morts. Cet attentat suicide avait été revendiqué par le groupe Etat islamique (EI).
Depuis fin 2016, les attentats anti-coptes se sont multipliés, tuant plus d’une centaine de personnes. Les coptes représentent la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient, avec environ 10% des quelque 100 millions d’habitants en Egypte.
Peu après, le président français a aussi rendu visite à Ahmed al-Tayeb, Grand imam de l’institution sunnite d’Al-Azhar. Selon la présidence française, les deux hommes ont échangé sur « la place de l’islam dans le monde et plus particulièrement en France ».
M. Macron a enfin déjeuné avec des membres de la société civile « actifs dans les domaines de la protection judiciaire des détenus, la liberté de la presse, l’égalité femmes-hommes et la défense des enfants », a indiqué la présidence française qui n’a pas révélé leurs noms.
« Ils lui ont fait part de leurs inquiétudes sur l’évolution de la situation en Égypte et l’ont remercié pour les messages passés dans le cadre de sa visite », selon la même source.
Élu président en 2014, un an après la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi, M. Sissi a remporté un deuxième mandat en 2018 et est à la tête d’un régime considéré comme autoritaire et ultra-répressif par ses opposants et les défenseurs des droits humains.
Parallèlement, mardi, Yehya Hussein Abdel Hadi, un opposant connu, a été arrêté à son domicile, a affirmé à l’AFP son avocat Negad el-Boraï. La veille, cinq autres militants ont été arrêtés au Caire, selon le secrétaire général de leur parti nassériste al-Karama.
M. Macron, arrivé en Egypte dimanche, s’est rendu mardi après-midi à Chypre pour le Med7, un sommet des pays du sud de l’Union européenne.
Source: AFP