L’institution religieuse en Arabie saoudite serait irritée contre les autorités émiraties pour avoir omis de l’inviter à la Rencontre internationale interreligieuse pour la fraternité humaine, organisée à Abu Dhabi entre le 3 et 5 février, à laquelle a été convié le pape François, rapporte le site d’information proche du Qatar, Watanserb.
Citant le quotidien qatari Watan, il affirme que le mufti général en Arabie saoudite cheikh Abdel Aziz ben Abdallah al-Cheikh aurait envoyé un message au prince héritier Mohammad Ben Salmane, lui faisant part de son mécontentement que le mufti égyptien cheikh Ahmad Al-Tayyeb a été invité pour accompagner le pape durant cette cérémonie.
Il reproche aussi aux dirigeants émiratis d’avoir convié des soufis et ascharites, lesquels sont bannis selon le wahhabisme salafiste, la religion d’état en Arabie saoudite.
Watan indique que d’importants prédicateurs saoudiens ont, durant leurs prêches, accusé Mohammad ben Zayed, le prince héritier émirati, de chercher à répandre « le soufisme nécropole », et à éradiquer le salafisme qui représente selon eux le véritable islam. Le journal rappelle que les EAU avaient participé à la rencontre de Grozny qui a eu lieu en Tchétchénie en 2016 et qui avait abjuré le wahhabisme, l’excluant des écoles islamiques des gens de la Sunna et de la Jamaa (La tradition prophétique et la communauté).
Sachant que la religion d’Etat aux EAU est le malikisme, qui tolère les écoles soufies, contrairement au wahhabisme saoudien.
Toujours selon Watanserb, des sources ont fait part d’une querelle qui a éclaté entre un prince proche de MBS et le ministre saoudien pour les Affaires islamiques, de la prédication et la guidance, D. Abdel Latif Abdelaziz al-Cheikh autour de cette affaire. Ce dernier lui avait demandé de demander à MBS d’intervenir en personne pour sermonner les EAU et rétablir le respect dû à l’institution religieuse saoudienne.
Selon le ministre, le fait d’ignorer les hiérarques de salafisme à l’instar du mufti, de l’Imam de la mosquée d’al-Haram et du ministre du wakf au royaume « constitue un renversement de la relation entre l’Arabie saoudite et les EAU et une accusation à notre encontre comme quoi nous ne sommes pas aptes à représenter les musulmans ».
Selon Watanserb, des sources saoudiennes de l’opposition estiment que la colère saoudienne est à l’origine due au refus du pape de visiter l’Arabie saoudite en raison de son mauvais répertoire dans les droits de l’homme et surtout après l’affaire de l’assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi.