La normalisation avec Israël passe très mal chez les peuples arabes. Alors que des régimes arabes y vont en dégringolade.
Dans le monde du sport, le rejet devient plus apparent. Il coute parfois cher à ses auteurs qui semblent néanmoins consentir leur sacrifice.
Ces derniers mois, de nombreuses rencontres sportives entre Arabes et israéliens ont été occasionnées. Curieusement. Et de nombreux sportifs arabes ont été à la hauteur.
Je respecte l’histoire
le plus récent est le cas du judoka libanais Nacif Elias qui a sacrifié la médaille d’or pour ne pas avoir à jouer contre un judoka israélien.
Le 19 février dernier, arrivé au quart-final du Paris Grand Slam judo 2019, il s’est laissé perdre face à son homologue mongolien alors qu’il avait tous les moyens de gagner. En perdant, il a évité de se retirer du tournoi pour ne pas faire l’objet de sanctions, indique la télévision libanaise satellitaire al-Mayadeen Tv.
« Je suis en colère parce que dans cette compétition j’avais toutes les chances de gagner la médaille d’or pour le Liban et de réaliser des points pour les jeux olympiques mais je respecte l’histoire et la position du Liban et j’aime le peuple libanais », avait-il dit le dimanche 17 février dernier pour le site d’information libanais Lebanon debate.
Je ne suis pas honoré
Quelques jours auparavant, c’est un judoka de nationalité koweitienne qui avait lui aussi sacrifié une compétition.
Habib al-Sabti s’est retiré du tournoi européen de Rome de judo qui se tenait les 16 et 17 février, avec la participation de 46 pays, parce qu’il se savait qu’il allait confronter l’un des trois judokas israéliens qui y participaient.
« Depuis quelques jours je faisais part du championnat international de Rome pour le judo mais je n’ai pas poursuivi ma participation en raison de la présence de trois joueurs originaires de l’entité sioniste avec moi dans la même catégorie que la mienne, ce qui voulait dire que la confrontation avec l’un d’entre eux était inévitable », a-t-il tweeté.
Et de conclure : « je ne suis pas honoré de jouer ni même de me trouver sous le même toit d’un représentant de l’entité sioniste usurpatrice ».
Le Koweït fait partie des pays du Golfe qui avancent vers la normalisation avec Israël, sous la pression des occidentaux. A l’instar de dix autres pays arabes, il a envoyé son ministre des Affaires étrangères la semaine passée à la rencontre de Varsovie, pour s’entendre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sur une politique commune contre l’Iran. La République islamique étant un pilier essentiel de l’axe de la résistance contre l’entité sioniste.
Sur Twitter, la démarche de Sabti a récolté de bonnes impressions.
« Espérons que tous les jeunes se comporteront comme Habib al-Sabti. Tu as élevé haut le nom du Koweït, tu es le meilleurs des jeunes », a écrit un certain Kausar.
« Une démarche honorable qui lève la tête haute et gifle les normalisateurs traitres », a jugé Saif Bakir.
La palestine, plus importante
Le mois de janvier dernier, un autre koweitien, Abdlallah al-Anjari qui devait participer à la coupe du monde de Jujitsu aux Etats-Unis a décidé de se retirer parce que le tirage au sort a voulu qu’il s’affronte avec un Israélien.
« l’Etat de la palestine occupée et son peuple sont plus importants que de se faire remarquer dans une coupe du monde », avait alors affirmé, selon l’agence russe Sputnik. « Pas question de reconnaitre Israël ni de normaliser avec lui. Dans nos coutumes, la normalisation est un crime abominable », a-t-il dit aussi.
Anjari a à deux reprises obtenu la médaille d’or dans ce sport pour la catégorie des 88 kg, en octobre et en aout 2018.
En Novembre 2017, c’est l’Irakien Amir Yahia, médialle d’or pour la catégorie des 62 kg pour ce même sport qui a refusé de jouer contre un israélien lors d’un championnat d’Asie. Sacrifiant sa participation .
Honoré par S. Nasrallah
Le mois de novembre dernier, c’est l’affaire d’un petit joueur d’échec, également libanais qui avait défrayé la chronique. Marc Bou Dib âgé de 8 ans a quitté la coupe du monde des échecs, pour la catégorie des 8, 10 et 12 ans, organisée à proximité de la capitale espagnole en novembre 2018.
« Marc sait très bien que nous sommes des ennemis avec Israël et que notre devoir en tant que Libanais est de boycotter tout Israélien », a dit sa mère, l’avocate Dima Yamine. Lorsqu’il a eu à affronter un compétiteur israélien, il a décidé de quitter la compétition.De retour au Liban, il a été accueilli à l’aéroport international de Beyrouth en grandes pompes. Le Secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah lui a rendu un grand hommage.
Le même mois de l’année dernière, l’escrimeur koweitien Abdel Aziz al-Chatti s’était lui aussi retiré d’un tournoi d’escrime organisé en Suisse, parce qu’il se devrait de jouer contre l’Israélien Beskin Grigori.
Jamais les drapeaux libanais et israélien
Quelques mois plus tôt, Youssef Abboud , le joueur libanais en Taï Boxing s’était quant à lui retiré des finales de la coupe du monde à Thaïlande parce qu’il devait aussi faire face à un joueur israélien. Vainqueur de la médaille en argent, il a refusé qu’elle lui soit décernée sur la tribune, pour éviter que le drapeau libanais ne soit hissé au côté de l’israélien.
En octobre 2017, Le jeune joueur saoudien de Karaté de Ahmad al-Ghamedi était lui aussi tombé pour sa première particpation à une compétition internationale sur un joueur israélien. Par tirage au sort (!). Et il a refusé de l’affronter en disant: » je ne commencerai pas une action qui puisse aboutir à la normalisation avec l’entité sioniste occupante ».
Tout naturellement, cette position va à l’encontre de celle de l’Arabie saoudite, qui par la personne de son prince héritier Mohamad Ben Salmane, s’est fait le chantre de la normalisation avec Israël, entrainant derrière elle les pays qui gravitent autour d’elle. Le sport montre bien à quel point cette normalisation est impopulaire.
Source: Divers