Critiquant la consolidation de la mainmise d’une théocratie de rabbins en Israël, le journaliste britannique Jonathan Cook a mis en garde contre leurs tentatives destinées à alimenter une guerre sainte.
Dans son article publié sur le site Middle East Eye, il a rappelé le cas du livre « La Torah des Rois », publié en 2009 et qui en appelle à tuer les bébés appartenant à d’autres religions.
Rédigé par deux rabbins colons, il avait soulevé un tollé, d’autant qu’ils faisaint partie de la secte belliqueuse des haredim connu sous l’appellation «Hardal ». Sous l’impulsion des gouvernements israéliens, cette caste a rompu avec sa position traditionnelle qui considérait la création d’Israël comme étant un sacrilège, car avant l’avènement du Messie et refusait d’intégrer l’armée. Ses disciples se sont radicalisés et exhortent désormais les juifs à traiter sans pitié les non-juifs, et plus particulièrement les Palestiniens. Selon Cook, l’ouvrage offre la bénédiction de Dieu au terrorisme juif – non seulement contre les Palestiniens qui tentent de résister à leur déplacement par des colons, mais contre tous les Palestiniens, même les bébés, sur le principe « qu’il est clair qu’ils vont grandir pour nous faire du mal ».
Or, selon ce journaliste qui a vécu en Palestine occupée, cette tendance à abattre les civils palestiniens semblent se confirmer. Il a évoqué le cas d’un haut religieux de ces haredim, Shmuel Eliyahou ,le plus influent d’entre eux qui a, le mois de janvier dernier, exhorté ses partisans à devenir des guerriers et à imiter le groupe de cinq étudiants qui ont assassiné un mois auparavant Aïcha Rabi, une mère palestinienne de huit enfants.
Selon lui, cette caste de religieux juifs qui qualifient les noirs de singes et en appellent constamment à les expulser d’Israël intègrent de plus en plus les institutions étatiques israéliennes. Dont les domaines de l’éducation et le corps juridique, et celui des forces de sécurité. Ils font de même avec l’armée. Surtout les colons des territoires palestiniens de 1967. Quoiqu’ils ne représentent que 10 % de la population, ces derniers constituent désormais la moitié des élèves officiers.
Le journaliste britannique révèle que la mainmise religieuse en Israël s’est établie dès les premiers jours de l’implantation de l’entité sioniste. Lorsque le père fondateur David Ben Gourion a décidé de subordonner d’importants aspects de la vie des juifs à la juridiction d’un rabbinat orthodoxe, représentant le courant le plus strict, le plus traditionnel et le plus conservateur du judaïsme. Alors que d’autres courants plus libéraux n’ont aucun statut officiel en Israël.
Toujours d’après Cook, « ce qui a renforcé le pouvoir des rabbins, c’était le besoin urgent des dirigeants laïcs d’Israël de dissimuler les origines coloniales de l’État ». « Ils se sont servis de l’éducation pour insister sur les justifications bibliques de l’usurpation par les juifs des terres de la population palestinienne autochtone », poursuit-il.
Aujourd’hui, poursuit Cook, Eliyahou en appelle à renverser le système judiciaire laïc «pourri » et voudrait « conquérir le gouvernement », mais sans armes ni chars. « Vous devez vous emparer des postes clés de l’État », a-t-il exhorté ses partisans.
Entretemps, les représentants politiques des communautés juives religieuses israéliennes, y compris les colons, sont désormais le pilier des gouvernements de coalition israéliens et les faiseurs de roi. Leur pouvoir est devenu tel, estime Cook, que le conflit avec les Palestiniens risquent de se muer en une guerre sainte.