Une délégation économique israélienne a éliminé à la dernière minute sa visite au Bahreïn, prévue ce lundi 15 avril pour y participer à une conférence économique.
« Ils ont décidé ce matin de ne pas venir pour des raisons de sécurité et pour ne pas perturber les 180 autres pays participants », a déclaré Jonathan Ortmans, fondateur et président du Global Entrepreneurship Network qui organise la rencontre.
Selon l’opposant bahreïni qui vit à Londres Jaafar Hisabi, cette organisation n’est qu’une façade du régime bahreïni.
Au moins trois orateurs israéliens auraient dû s’exprimer au Global Entrepreneurship Congress à Manama, indique le média israélien i24. Mais leur démarche a été critiquée par le parlement du Bahreïn.
Cette position est plutôt louche de la part de ce dernier alors que le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa prône le rapprochement et la normalisation avec l’entité sioniste.
Il faut dire que le vendredi 12 avril, des centaines de citoyens bahreïnis ont manifesté le dimanche 14 avril dans cinq régions du royaume pour protester contre la participation israélienne à cette rencontre. Cela fait deux mois que les réactions qui refusent la participation israélienne à la rencontre de Manama fusent de toutes parts.
Arborant le drapeau palestinien, et portant le koufieh palestinien, les manifestants étaient menés par le mouvement de la jeunesse du 14-février (MJ-14 février). Celui-ci a incombé au gouvernement la responsabilité de cette démarche de normalisation et critiqué son mutisme sachant que la délégation compte 45 membres dont le ministre israélien de l’économie Elie Cohen.
« Accueillir la délégation de l’entité sioniste souille le sol du Bahreïn », pouvait-on lire dans une pancarte arborée écrite à la main.
D’autres manifestations sont prévues à partir de ce lundi 15 avril et jusqu’au 18 avril pour « refuser le crime de la normalisation avec l’entité sioniste », selon un communique de MJ-14 février.
Les sionistes sont arnaqueurs
L’ancien secrétaire général d’une association de l’opposition bahreïnie, Waed-Bahreïn (Promesse du Bahreïn), le journaliste Radhi Moussawi a appréhendé que la délégation ne vienne quand même à la rencontre. « les sionistes sont arnaqueurs. Il ne faut pas se fier à leur paroles. Peut-être qu’ils propagent que leur délégation ne viendra pas à la conférence économique et de normalisation à Bahreïn . Mais il se peut que ce soit une arnaque. Ne quittez pas les routes tant que le fer est encore chaud », a-t-il tweeté.
Un autre opposant, Mohamad al-Aradat a quant à lui réclamé l’exécution d’une loi , la 5 de 1963 laquelle incrimine la normalisation avec l’ennemi sioniste et pénalise son auteur d’une sanction de 3 à 10 années de prison. Sur son Tweet, il a a révélé que cette loi n’est plyus en vigueur depuis 2003 apres la conclusion d’un accord de libre échange avec les Etats-Unis.
Hommage du Jihad islamique
Le représentant du mouvement de résistace palestinien Jihad islamique au Liban, Ihsane Ataya a salué les manifestations du peuple bahreïni qui refuse la normalisation.
« Vos efforts seront bénis, vous qui rêvez de prier dans la mosquée al-Aqsa… Je vous assure que tous les complots seront avortés », a-t-il dit
Et d’ajouter: « la normalisation avec l’entité sioniste de la part de certains régimes arabes pour véhiculer le complot du Deal du siècle est un poignard dans le dos de la Palestine, une trahison aux sacro-saints, et une soumission aux forces du crime dans le monde, en l’occurrence ses deux visages américain et israélien ».
Changement démographique
Petit royaume qui accueille le quartier général de la 5ème Flotte de la Marine américaine, le Bahreïn est un minuscule royaume régi par la même dynastie depuis plus de deux siècles, les Khalifah, intronisée par la Grande Bretagne. Ce sont les puissances occidentales qui garantissent sa pérennité.
Le régime fait partie de l’Axe Riad-le Caire-Abu Dhabi lesquels prônent la normalisation avec Israël, alors que la majorité de sa population est contre. Cette dernière était descendue dans les rues dans la foulée du Printemps arabe en 2011, pour réclamer des réformes politiques et une monarchie constitutionnelle mais son mouvement a été réprimé dans le sang.
Le Bahreïn fait aussi l’objet d’un véritable changement démographique au cours duquel la population autochtone est destituée de sa nationalité et faite exilée. Alors que le régime accorde en même temps la nationalité à des ressortissants venus de plusieurs pays arabes ou islamiques.
Source: Divers