Il y a deux jours, les déclarations d’Abdallah al-Moallemi, représentant de l’Arabie saoudite auprès de l’ONU, concernant la volonté de Riyad d’éviter une quelconque confrontation avec l’Iran et notamment au Yémen ont attiré l’attention des médias du monde entier.
De nombreux analystes voient dans ces propos une tentative des Saoudiens de sortir du bourbier yéménite et de mettre fin à des opérations militaires coûteuses qui ont duré plus de quatre ans et qui ont donné peu de résultats.
Une coalition dirigée par Riyad et composée de quelques pays arabes a lancé le 25 mars 2015 des frappes aériennes sur la ville yéménite d’Aden qui était alors sur le point de tomber aux mains des forces populaires d’Ansarullah.
L’objectif annoncé de l’opération était de ramener au pouvoir, le président démissionnaire en fuite du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi et de faire sortir Ansarullah et l’armée du Yémen de Sanaa, la capitale. Mais après plus de quatre ans d’intervention militaire, la coalition n’a pas réussi à vaincre Ansarullah, ni à ramener au pouvoir, Mansour Hadi. Par ailleurs, la plupart des villes du Yémen, telles que Sanaa, Saada et Hodeïda restent sous le contrôle de l’armée et d’Ansarullah.
La coalition sous commandement saoudien a néanmoins réussi à s’emparer de la bande côtière du sud du Yémen et quelques parties de la bande occidentale de la côte de la mer Rouge sans oublier la ligne allant du détroit de Bab el-Mandeb jusqu’au sud du port de Hodeïda. Ces régions comprennent les deux ports stratégiques d’al-Mokha et d’al-Khokha. L’étape d’après a été l’occupation du port stratégique de Hodeïda avec pour but d’empêcher l’accès de la population yéménite aux aides humanitaires. L’ennemi a dû au final s’arrêter aux portes de la vile portuaire après avoir subi de lourdes pertes et c’est alors que l’ONU est intervenue pour que soit décrété un cessez-le-feu.
C’est après cela que les Émiratis ont annoncé vouloir mettre un terme à leur participation directe à la guerre et qu’ils ont commencé petit à petit à laisser la gestion des régions occupées à leurs mercenaires. Et il y a quelques jours, Abou Dhabi a au final annoncé le retrait de ses forces du Yémen en laissant les Saoudiens seuls sur le champ de bataille.
Le ministre d’Etat aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, a estimé que les forces yéménites devraient interpréter la réduction de la présence militaire émiratie « comme une mesure de confiance destinée à créer une nouvelle opportunité de mettre fin au conflit ».
Au cours de ces années de guerre, l’ennemi a subi de lourdes pertes matérielles. On peut citer à cet égard, les nombreux bateaux qui ont été ciblés par Ansarullah. Si l’on considère seulement les navires de guerre, des émiratis aux noms de HSV-2 Swift et Frankental ont été ciblés à proximité du port de Hodeïda ; tout comme le A82- Al Futaisi qui a été pris pour cible près du port de Hodeïda et une unité de petits navires saoudiens, toujours dans le même port. Il y en a eu bien d’autres, mais les attaques n’ont pas été forcément toutes photographiées et portées à la connaissance du public. Ce qui fait que les dégâts subis par cette coalition arabo-occidentale ont été bien plus nombreux que ce qui a été annoncé dans les médias.
Pour autant, la coalition avait dépensé des milliards de dollars dans des équipements dernier cri… on murmure même que les Saoudiens vont suivre leurs alliés émiratis et sortir bientôt de cette guerre bien trop coûteuse.
Du moins, il ne semble pas depuis les opérations de Hodeïda que les forces de la coalition et leurs soutiens entreprennent de lancer une nouvelle offensive. Ils sont bien trop déçus et déprimés pour cela.
D’autre part, du côté des forces yéménites, en dépit des avancées dans les provinces d’al-Bayda et d’al-Dhaleh, l’armée et Ansarullah comptent plutôt sur la préservation de leurs acquis et les zones qu’ils contrôlent tout en exerçant une pression sur Riyad pour qu’il mette un terme au blocus contre le Yémen ; pression qui s’exerce via des attaques au missile et au drone contre les aéroports et les bases militaires du sud saoudien, frontalier avec le Yémen.
Source: Avec PressTV