L’analyste libanais Nasser Kandil établit une comparaison entre les « calculs absurdes » des Américains et les « calculs intelligents » des Iraniens et leurs impacts sur les évolutions régionales. Les lignes qui suivent résument l’article paru par Al-Binaa.
« Nous ne savons pas si les Britanniques savent eux-mêmes à quel point leur comportement a permis à l’Iran de créer un volet important dans sa lutte historique afin de préserver sa souveraineté et d’exercer son pouvoir dans le détroit d’Hormuz, passage d’une grande importance dans la stratégie iranienne pour assurer ses intérêts militaires et économiques liés à son emplacement géographique sur la scène régionale et internationale. Et l’Iran s’est fait maître de la gestion de ces équations.
L’acharnement britannique à saisir le pétrolier transportant du pétrole iranien dans le détroit de Gibraltar n’est justifiable, à moins que la Grande-Bretagne n’ait agi en tant qu’un État ayant le droit d’exercer sa souveraineté territoriale sur le détroit. Si c’est le cas, cet État aura le droit d’inspecter, dans ses eaux territoriales, les navires qui franchissent le détroit tout en respectant les normes de la navigation et du transit maritimes qui leur permettraient de se déplacer légalement vers une autre destination finale. Or, les provocations américaines contre l’Iran au sujet des transits se faisant par le biais du détroit d’Hormuz représentent le déni total des droits des États riverains dans l’interaction avec des navires franchissant ce passage maritime.
En ce qui concerne la saisie du pétrolier britannique, bien que l’Iran n’ait connu guère de difficultés tactiques pour arraisonner le pétrolier violateur des lois internationales de navigation, l’on pourrait dire que les Iraniens ont tout de même pris leur temps avant de passer à l’acte. Il va de soi que les Iraniens ont fait leur propre calcul préparatif, pour évaluer les conséquences de leur démarche.
En incitant la Grande-Bretagne à arraisonner le pétrolier transportant du brut iranien, les États-Unis auraient cherché à mettre l’Iran dans l’impasse : en ripostant à cette mesure de Londres, les Iraniens risqueraient de perdre l’appui britannique à l’accord nucléaire [connu sous le nom du Plan global d’action conjoint, PGAC]. Et cela n’intéressera pas les Iraniens, biens qu’ils se disent déçus des “efforts insuffisants” des Européens pour accomplir leurs engagements dans le cadre de l’accord nucléaire.
Les Iraniens considèrent le Royaume-Uni comme étant le maillon le plus faible reliant l’Europe à l’accord nucléaire. Pourtant, derrière le scénario américain d’inciter Londres contre Téhéran, les Iraniens voient un sens d’isolement et un signe de mécontentement d’un État qui se trouve être le seul à avoir quitté cet accord international. Cette même question aurait conduit les États-Unis à mettre en œuvre leur scénario qui pourrait aboutir à une sortie britannique du PGAC. Ce faisant, Washington espère placer l’Iran devant une équation à laquelle il aurait pensé dans ses calculs. Tout le monde sait que l’Iran a commencé des mesures préliminaires pour sortir de l’accord nucléaire…
Par ailleurs, l’Iran sait qu’en laissant sans réponse le comportement de la Grande-Bretagne; il ne ferait que rendre plus insolent ce pays à commettre, à l’avenir, d’autres cas de violation des droits internationaux dans d’autres domaines, dont le commerce international. Sur ce fond, l’Iran a privilégié une approche originale envers les Britanniques.
Sur ce fond, Téhéran a laissé Londres poursuivre sa lutte juridique et diplomatique en se souciant de légitimer l’arraisonnement du pétrolier portant du pétrole iranien dans le golfe Persique, en arguant que la souveraineté britannique s’exerce sur l’autorité locale de Gibraltar. Un pareil argument permet à l’Iran d’arraisonner le pétrolier britannique dans le détroit d’Hormuz. Et c’est une attitude différente par rapport à ses menaces précédentes de fermer le détroit d’Hormuz.
Dans le même cadre, le Parlement iranien avait demandé que le gouvernement examine la tarification maritime dans le détroit d’Hormuz. Les navires passant par le détroit d’Hormuz devraient s’arrêter dans une sorte de poste de péage, mais aussi d’inspection, pour empêcher l’entrée des navires susceptibles de menacer la sécurité de la région. »
Le journal Al-Binaa estime que par la suite, l’Iran pourrait accepter la médiation omanaise, afin que la libre circulation des pétroliers iraniens ou transportant du pétrole iranien dans le Gibraltar soit assurée en contrepartie de la libre circulation des navires britanniques dans le détroit d’Hormuz.
« Washington va devoir essayer d’autres méthodes pour faire face à l’Iran ; sinon, les Iraniens sauront toujours transformer les défis en opportunités », écrit le journal, ajoutant que les « calculs absurdes » des Américains ont permis aux Iraniens d’envisager des solutions beaucoup plus sages dans leurs calculs intelligents.
Source: PressTV