Le gouvernement de Donald Trump a annoncé mercredi qu’il comptait retirer les strictes limites régissant le temps passé en centres de rétention par les enfants migrants, nouvelle initiative controversée dans sa politique de fermeté face à l’immigration clandestine.
Associations de défense des droits humains et opposition démocrate ont immédiatement dénoncé cette initiative, promettant de combattre en justice la nouvelle règle, qui doit encore être révisée par un juge fédéral.
Le ministère américain de la Sécurité intérieure veut mettre fin à une décision judiciaire de 1997, dites « Flores », imposant aux autorités fédérales de ne pas maintenir en détention les enfants plus de 20 jours.
Une nouvelle règle, qui doit être mise en oeuvre sous 60 jours, ne limitera plus le temps passé par les enfants ou leurs familles en centres de rétention.
« Pour protéger ces enfants face aux abus et arrêter le flot illégal » de migrants, « nous devons mettre un terme à ces vides juridiques », a déclaré le président des Etats-Unis, selon un communiqué de la Maison Blanche. « Il s’agit d’un besoin humanitaire urgent. »
Droit du sol « ridicule »
Parallèlement, le milliardaire républicain a laissé planer le spectre d’un nouveau front, réaffirmant vouloir s’attaquer au droit du sol qui permet aux enfants nés aux Etats-Unis de bénéficier de la nationalité américaine.
Interrogé sur son intention de revenir sur ce droit inscrit dans le 14e amendement de la Constitution américaine, il a répondu: « nous regardons cela très, très sérieusement ».
« Vous traversez la frontière, vous faites un bébé: félicitations, le bébé est un citoyen américain! », a-t-il ironisé, avant de pester: « c’est franchement ridicule ».
Confronté à l’arrivée chaque mois à la frontière de dizaines de milliers de migrants, le gouvernement républicain a séparé des enfants de leurs parents, gardés eux en rétention, au nom du respect de la norme « Flores ».
La réforme annoncée mercredi vise à « s’assurer que les familles étrangères puissent être ensemble pendant les formalités migratoires », affirme la Maison Blanche.
« Cette nouvelle règle garantira que les enfants étrangers sont en sécurité et que l’on prend bien soin d’eux en détention ».
« Nous avons vu cette année un flot inédit de familles, venant surtout d’Amérique centrale, arriver à notre frontière du sud-ouest », a expliqué devant la presse Kevin McAleenan, le ministre par intérim de la Sécurité intérieure.
Près de 475.000 migrants arrivés en famille ont été interpellés entre octobre 2018 et juillet, soit trois fois plus que le record précédent, a-t-il déclaré.
La règle « Flores » a « généralement forcé les autorités à relâcher les familles dans le pays après 20 jours, encourageant les entrées illégales », a-t-il indiqué, alors que les formalités migratoires peuvent prendre des mois, voire des années.
« Traumatisme »
Les défenseurs des droits humains ont immédiatement annoncé qu’ils combattraient en justice l’abrogation de la norme « Flores ».
« Il s’agit d’une nouvelle attaque cruelle contre les enfants » migrants, a dénoncé une responsable de l’organisation de défense des libertés ACLU, Madhuri Grewal.
« Le gouvernement ne devrait pas emprisonner des enfants, et devrait encore moins chercher à mettre plus d’enfants en prison, pendant plus longtemps. »
Des parlementaires démocrates ont appelé les tribunaux à « stopper immédiatement cette action illégale ».
« Il n’y a aucune justification à la détention indéfinie des enfants et aucune excuse pour le traumatisme que cette politique va infliger aux familles », a réagi le chef du parti démocrate, Tom Perez.
Donald Trump avait provoqué une forte indignation, y compris dans son camp républicain, en 2018 avec sa politique de séparation des familles.
Il est depuis revenu en arrière. Mais plus de 900 enfants migrants ont été séparés de leur famille à la frontière avec le Mexique depuis un an, avait affirmé fin juillet l’ACLU.
Sous les gouvernements du démocrate Barack Obama (2009-2017) et du républicain George W. Bush (2001-2009) des enfants avaient aussi été séparés des adultes avec lesquels ils étaient entrés aux Etats-Unis mais de façon plus exceptionnelle, notamment quand la relation filiale n’avait pu être établie.
Barack Obama a beaucoup plus expulsé que ses prédécesseurs, avec au moins 2,4 millions de personnes raccompagnées à la frontière ou renvoyées dans leur pays.
Source: Avec AFP