Les événements en Syrie font penser à ce qui s’est produit en Irak en 2003, estime Karin Leukefeld, observatrice internationale d’Allemagne.
Selon les informations officielles, avant le début de la guerre en Syrie, le pays produisait à l’Est de l’Euphrate près de 380.000 barils de pétrole par jour. Cela assurait l’indépendance financière du pays et créait une base pour sa croissance économique. Actuellement, les régions pétrolières se trouvent sous occupation militaire étrangère. Sur un territoire qui s’étend d’Al-Malikiyah au Nord jusqu’à Abou Kamal au Sud se sont déployées les unités spéciales des Etats-Unis, de la France et d’autres pays de la coalition dite anti-Daech.
Les Américains fournissent à leurs alliés des armes, du matériel militaire, des moyens de transport, et une partie de ses fournitures se concentrent autour des gisements pétroliers.
Les champs pétroliers syriens ressemblent aux sites militaires protégés par des individus armés en uniforme. Ce ne sont pas seulement des combattants des unités de la coalition internationale, mais également des mercenaires de sociétés militaires privées américaines. Ils protègent avant tout ceux qui volent le pétrole à la Syrie. Tout le monde le fait – des représentants de puissances occidentales respectées aux bandits locaux des groupes de l’opposition armée sous la protection américaine.
Il a été calculé qu’en huit ans de guerre le secteur pétrolier syrien avait perdu 14,5 milliards de dollars. Selon le quotidien El Watan, rien qu’au premier trimestre 2019 les pertes s’élevaient à 332 millions de dollars.
Ce trafic criminel s’étend du Nord de l’Irak à la Turquie. Il est impossible d’établir la quantité exacte du pétrole volé. De nombreux gisements sont entièrement ou partiellement inexploitables: soit suite aux activités militaires, soit à cause des méthodes barbares d’extraction de la matière première.
D’après les témoignages des experts internationaux, des spécialistes pétroliers pacifiques travaillent également aujourd’hui sur les gisements syriens « occupés ». Ils ont pour mission de remettre en état les sites détruits. Les USA ont agi de la même manière en Irak en 2003.
A cette époque, les gisements locaux avaient été capturés par la fameuse compagnie parapétrolière américaine Halliburton, qui se trouvait sous la protection des unités de la société militaire privée Blackwater.
Une attaque a été également lancée contre le secteur pétrolier syrien par les Européens. C’est arrivé en 2011, quand l’UE a décrété des sanctions contre le secteur pétrolier syrien en interdisant l’importation du pétrole syrien sur son territoire. Un fait intéressant: en 2012, ce qu’on appelle l’Armée syrienne libre a chassé des territoires qu’elle occupait tous les spécialistes pétroliers, et en avril 2013 déjà l’UE a levé les sanctions sur les gisements contrôlés par cette « armée ». C’est facile de faire le lien. L’opposition armée doit s’entretenir elle-même grâce aux ventes du pétrole volé à l’Etat et ne plus ennuyer les superviseurs étrangers en exigeant leur aide financière.
En 2014, la plupart des gisements syriens étaient contrôlés par Daech. L’Institut Brookings (USA) cite un chiffre plus précis: 60%. En 2015, la corporation RAND a déterminé les quantités approximatives de la production pétrolière sur ces champs. Il s’agissait d’environ 40.000 barils par jour, ce qui rapportait à l’alliance terroriste internationale des millions de dollars de revenus.
Le pétrole volé était transporté via le « Kurdistan syrien » dans d’autres régions contrôlées par les groupuscules à l’Ouest d’Alep et d’Idleb, ainsi que via l’Irak, et ensuite – en Turquie. Une partie de ce pétrole était rachetée via des intermédiaires par le gouvernement syrien – ainsi il approvisionnait ses raffineries à Homs. Damas était contrainte de le faire afin de maintenir les fournitures d’hydrocarbures pour la population du pays.
En septembre 2014, les USA ont bombardé les champs pétroliers syriens contrôlés par des terroristes. La première frappe avec 47 missiles de croisière Tomahawk était dirigée contre les raffineries de Mayadin, de Hassaké et d’Abou Kamal. Toutefois, les raids aériens des Américains ne parvenaient pas pendant encore une longue période à stopper le trafic pétrolier de Daech. La victoire sur les terroristes sera annoncée plus tard, en 2017.
Qu’en est-il du locataire de la Maison blanche? Donald Trump a fait part plusieurs fois de son intention de retirer les troupes américaines de Syrie, il l’avait même promis durant sa campagne. Cette démarche de Washington permettrait à Damas de s’entendre avec les Kurdes et les tribus arabes au Nord-Est du pays et, au final, rétablir l’intégrité territoriale de la Syrie.
Apparemment, les nobles intentions de Donald Trump ne sont pas soutenues à Washington. Les membres influents de son administration et certains alliés des USA, notamment Israël, l’Arabie saoudite et les EAU, veulent empêcher l’intégrité de la Syrie. Une armée est en cours de formation dans le Nord-Est du pays afin de contrer les attaques des forces gouvernementales et achever la division du pays. Le noyau de cette armée est constitué par des Kurdes, soutenus par les mercenaires des sociétés militaires privées américaines.
En fin de compte, que peut-il être plus rentable de nos jours qu’un business basé sur le sang et le pétrole?
Source: Observateur continental