Après le lancement de l’offensive turque dans le nord-est de la Syrie, les États-Unis ont annoncé avoir exfiltré deux terroristes importants de Daech détenus dans la zone. En outre, les Kurdes ont accusé la Turquie d’avoir visé la prison abritant les miliciens étrangers de Daech.
Alexanda et El Shafee
Deux importants terroristes du groupe Daech détenus par les forces kurdes en Syrie ont été placés sous le contrôle de l’armée américaine à cause de l’offensive turque, a annoncé Donal Trump sur Twitter.
«Au cas où les Kurdes ou la Turquie perdaient le contrôle, les États-Unis ont d’ores déjà évacué les deux militants de Daech liés à des décapitations en Syrie, connus sous le nom des Beatles, dans un endroit sûr contrôlé par les États-Unis. Ils sont le pire du pire!», a écrit le Président américain sur Twitter. Sans expliquer les raisons d’une telle évacuation.
Selon le Washington Post et CNN, ces deux djihadistes sont Alexanda Amon Kotey et El Shafee el-Sheikh. Ils faisaient partie d’un quatuor surnommé par leurs otages «les Beatles» en raison de leur accent anglais. Leur unité avait enlevé des journalistes étrangers, torturé et décapité certains captifs, parmi lesquels le journaliste américain James Foley.
Selon la presse américaine, ils sont détenus en Irak.
La prison bombardée
En outre, l’administration semi-autonome kurde a annoncé ce jeudi 9 octobre que des bombardements turcs avaient touché le mercredi soir une prison abritant des combattants étrangers de Daech dans le nord de la Syrie, malgré la promesse d’Ankara d’empêcher une résurgence jihadiste.
« Le régime turc a visé mercredi soir (…) une partie de la prison de Jarkine à Qamichli où se trouvent un grand nombre de terroristes de l’EI », ont indiqué dans un communiqué les autorités kurdes sans fournir des détails sur les dégâts.
Cette prison « abrite les plus dangereux des criminels originaires de plus de 60 pays », souligne le texte.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a indiqué que « des tirs d’artillerie » d’Ankara avaient visé « les environs » de la prison.
Plusieurs pays redoutent que l’opération menée par Ankara contre les forces kurdes ne permette une résurgence du groupe wahhabite takfiriste, alors qu’environ 10.000 miliciens sont détenus dans des camps contrôlés par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). Parmi les prisonniers figurent près de 2.000 djihadistes étrangers, que leurs pays d’origine refusent de reprendre.
Auparavant, Donald Trump avait affirmé que de nombreux djihadistes étaient encore sous la garde des Kurdes, tout en soulignant qu’il tenait Ankara pour responsable de leur sort. «Si les Kurdes ne les surveillent pas, ce sera à la Turquie. Ils ne veulent pas, comme nous, que ces gens soient libérés», a-t-il expliqué.
Tentatives d’incursions
L’armée turque et des supplétifs syriens ont lancé mercredi une opération à la frontière et les frappes aériennes et les tirs d’artillerie ont visé plusieurs secteurs frontaliers dans le nord syrien.
Le ministère de la Défense turc a affirmé que l’opération avait été « menée avec succès durant la nuit, dans les airs et au sol ». Des « cibles désignées » ont été « capturées », a-t-il souligné sur Twitter, sans plus de précisons.
Selon l’AFP, l’offensive ne semble pas avoir véritablement progressé et les forces kurdes ont annoncé avoir bloqué deux tentatives d’incursion dans les secteurs frontaliers de Ras al-Aïn et de Tal Abyad qu’elles contrôlent.
« De violents affrontements » se déroulent dans les zones de Ras al-Aïn et Tal Abyad, d’après un responsable des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance de combattants kurdes et arabes dominée par les YPG, alliée aux Occidentaux dans la lutte contre l’EI. Au moins 19 combattants des forces kurdes et huit civils ont été tués mercredi par les frappes aériennes et les tirs d’artillerie de l’armée turque, selon l’OSDH.
D’après les médias turcs, la Turquie envisage dans un premier temps de prendre le contrôle d’une bande de territoire à la frontière, longue de 120 kilomètres et profonde d’une trentaine de kilomètres. Pour Ankara, l’offensive doit permettre la création d’une « zone de sécurité » où pourront notamment être installés une partie des 3,6 millions de réfugiés Syriens vivant en Turquie. L’offensive –menée en coopération avec les combattants Syriens de l’Armée nationale syrienne (ANS), une coalition d’ex-rebelles financée et entraînée par la Turquie– est la troisième de la Turquie en Syrie depuis 2016.
Sources: AFP; Sputnik