De nombreux Libanais réclamant la chute du pouvoir ont commencé à se rassembler samedi pour une troisième journée de manifestations contre la classe politique accusée de corruption, un mouvement inédit depuis des années qui a paralysé le pays.
En dépit d’une intervention des forces de l’ordre à coup de gaz lacrymogènes pour disperser vendredi soir la foule dans le centre-ville de Beyrouth devant le siège du gouvernement et des dizaines d’arrestations, les manifestants se mobilisent à nouveau à travers le pays, selon des correspondants de l’AFP sur place.
Dans la matinée, l’armée libanaise s’affaire à ouvrir les routes en enlevant les barricades installées par des manifestants.
Le centre-ville de Beyrouth ressemble à un champ de bataille avec de la fumée se dégageant toujours de pneus et bennes à ordures incendiés dans la nuit. Des débris de verre brisé des vitrines de magasins et de banques jonchent le sol.
Les services de sécurité ont fait état de « l’arrestation de 70 personnes pour actes de sabotage, incendies et cambriolage dans le centre-ville de Beyrouth ».
Dans les villes comme Tripoli dans le nord du pays et Nabatiyé dans le sud, les rassemblements commencent aussi à se former.
Les écoles, les universités, les banques et les institutions publiques avaient fermé vendredi. Les banques sont restées fermées samedi.
Vendredi soir, le Premier ministre Saad Hariri, confronté à des appels à la démission de son gouvernement, a défendu les réformes qu’il tente de faire adopter pour redresser une économie exsangue. Il a accusé des membres de la coalition d’entraver ses efforts et donné à celle-ci 72 heures pour se prononcer clairement en faveur des réformes.
Les manifestants ont envahi les rues jeudi soir après la décision du gouvernement de taxer les appels effectués via les applications de messagerie Internet comme WhatsApp.
Une mesure aussitôt annulée sous la pression de la rue, mais les Libanais ont poursuivi leur mouvement pour exprimer leur ras-le-bol d’une classe politique accusée d’affairisme dans un pays aux infrastructures en déliquescence et où la vie est chère.
Cette mobilisation populaire est la plus importante depuis les manifestations contre le pouvoir en 2015, durant une crise de gestion des déchets qui perdure encore.
Le pouvoir s’est engagé en avril 2018 à se réformer en contrepartie de promesses de prêts et de dons d’un montant total de 11,6 milliards de dollars.
La dette publique culmine à plus de 86 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB, troisième taux le plus élevé au monde après le Japon et la Grèce.
Source: Agences