Le gouvernement allemand a déploré jeudi le vote dans la nuit aux Etats-Unis d’un projet de loi imposant des sanctions aux entreprises collaborant au gazoduc Nord Stream 2, jugé crucial pour l’approvisionnement énergétique du pays.
« Nous prenons note avec regret du vote de la Chambre des représentants américaine », déclare le ministère allemand de l’Economie auprès de l’AFP, rappelant néanmoins que le Sénat ne s’est pas encore prononcé.
« Notre position concernant les sanctions extraterritoriales est claire: nous les rejetons », ajoute le ministère.
Plus virulents, les entrepreneurs travaillant avec la Russie jugent que de telles sanctions sont « un coup dur pour l’Europe et particulièrement l’Allemagne », selon un communiqué de Rainer Seele, président de la Chambre de commerce et d’industrie germano-russe (AHK).
Seele a appelé les partenaires européens du projet à réagir « par des contre-mesures ciblées. L’indépendance énergétique de l’Europe est en jeu ».
Nord Stream 2, censé doubler les livraisons de gaz naturel russe vers l’Allemagne en passant sous la mer Baltique mais en contournant l’Ukraine, prévoit d’entrer en service fin 2019.
Le projet de loi américain, encore soumis à l’aval du Sénat et du président Donald Trump, exige que le département d’Etat américain communique dans les 60 jours les noms des entreprises et des personnes qui ont participé à la pose de conduites pour Nord Stream 2.
Les sanctions prévues par ce texte comprennent le gel des avoirs et la révocation des visas américains pour les entrepreneurs liés au gazoduc.
L’une des principales cibles est Allseas, une entreprise suisse qui possède le plus grand navire de pose de pipelines du monde, le Pioneering Spirit, et qui a été engagé par Gazprom pour construire la section offshore.
Déjà construit à plus de 80%, le gazoduc représente un investissement d’une dizaine de milliards d’euros financé pour moitié par Gazprom et l’autre moitié par cinq sociétés européennes (OMV, Wintershall Dea, Engie, Uniper et Shell).
Pour ses détracteurs européens et les Etats-Unis, l’achèvement du gazoduc va accroître la dépendance des Européens au gaz russe, renforcer l’influence de Moscou, tout en affaiblissant l’Ukraine, allié des Occidentaux sur le territoire duquel transite une grande partie du gaz russe.
L’Ukraine, la Pologne et les pays baltes craignent que Moscou puisse en user pour exercer des pressions politiques.
Pour ses partisans en revanche, Allemagne en tête, il s’agit avant tout d’une décision économique permettant de pérenniser les livraisons gazières à l’Europe à un coût acceptable.
Source: Avec AFP