Le président des Etats-Unis Donald Trump a menacé dimanche l’Iran de représailles majeures et l’Irak de sanctions après un vote du Parlement réclamant l’expulsion des troupes américaines de ce pays.
Depuis le martyre dans un raid américain vendredi 3 janvier à Bagdad du puissant général iranien Qassem Soleimani, le monde entier redoute une escalade, voire une véritable déflagration.
Depuis l’avion présidentiel Air Force One qui le ramenait à Washington après deux semaines de vacances en Floride, le locataire de la Maison Blanche n’a rien fait pour apaiser les inquiétudes.
Interrogé sur l’attitude de Téhéran, qui crie « vengeance » et promet une riposte « militaire », il a opté pour un ton très dur: « S’ils font quoi que ce soit, il y aura des représailles majeures ».
Le tempétueux président a par ailleurs maintenu sa menace de détruire des sites culturels iraniens. « Ils ont le droit de tuer nos ressortissants (…) et nous n’avons pas le droit de toucher leurs sites culturels? Cela ne marche pas comme ça », a-t-il lancé.
Pas besoin du Congrès pour lancer une frappe « disproportionnée »
Trump a en outre balayé les critiques de ses opposants démocrates, furieux de ne pas avoir été informés avant la frappe contre le général Soleimani et le numéro deux du Hachd, en affirmant qu’il n’avait pas besoin du feu vert du Congrès américain, même pour des représailles disproportionnées.
Depuis vendredi, la chef des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, mène le choeur de critiques indignées après l’ordre donné par le président américain de mener le raid près de l’aéroport de Bagdad.
Le président américain s’est tourné vers son mode de communication favori, Twitter, pour ironiser sur ces réactions, en affirmant que ses tweets avaient valeur d’avis officiel s’il décidait de frapper l’Iran.
« Ces messages en ligne serviront de notification au Congrès américain pour établir que si l’Iran frappe toute personne ou cible américaine, les Etats-Unis frapperont rapidement et totalement en retour, et peut-être de manière disproportionnée », a-t-il tweeté.
Deux élues démocrates de la Chambre avaient, peu avant, annoncé qu’elles allaient présenter une résolution censée empêcher Donald Trump de déclarer unilatéralement une guerre contre l’Iran.
L’Iran a promis une riposte militaire sévère contre le chef de l’axe de la Résistance.
Les assassinats du général Soleimani et d’Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires anti-Daesh intégrés aux forces de sécurité, ont créé un consensus rare contre les Etats-Unis en Irak.
Sanctions durs contre l’Irak
Au Parlement, en l’absence des députés kurdes et de la plupart des députés sunnites, de nombreux élus ont scandé « Non à l’Amérique! ».
Le chef du Parlement Mohammed al-Halboussi a ensuite lu une décision qui « contraint le gouvernement à préserver la souveraineté du pays en retirant sa demande d’aide » au Conseil de sécurité de l’ONU pour combattre le groupe takfiriste Daesh – et donc à retirer son invitation à la coalition internationale présidée par les Etats Unis.
« Remboursement »
Quelque 5.200 soldats américains sont actuellement stationnés en Irak. Si le vote a été salué par l’Iran, Donald Trump a très vivement réagi, évoquant la possibilité d’imposer des sanctions « très fortes » à l’encontre de Bagdad.
« S’ils nous demandent effectivement de partir, si nous ne le faisons pas sur une base très amicale, nous leur imposerons des sanctions comme ils n’en ont jamais vu auparavant », a-t-il lancé.
« Nous avons une base aérienne extraordinairement chère là-bas. Elle a coûté des milliards de dollars à construire. Nous ne partirons pas s’ils ne nous remboursent pas! », a-t-il martelé.
Les Brigades du Hezbollah irakien, une faction du Hachd, avaient appelé samedi les soldats irakiens à s’éloigner « d’au moins 1.000 mètres » des sites où sont présents des soldats américains à partir de dimanche soir, sous-entendant que ces sites pourraient être la cible d’attaques.
Le Hezbollah irakien a affirmé de son côté que l’armée américaine « paierait le prix » de l’assassinat de Soleimani et du numéro deux du Hachd.
Washington a annoncé récemment le déploiement de 3.000 à 3.500 soldats supplémentaires dans la région.
Dénonçant des « violations de la souveraineté de l’Irak », Bagdad a annoncé dimanche avoir convoqué l’ambassadeur américain et porté plainte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU.
Les assassinats de Soleimani et Mouhandis ont suscité une immense émotion en Irak et en Iran.
Dimanche, une marée humaine d’hommes et de femmes en pleurs criant « Mort à l’Amérique » a déferlé dans plusieurs villes d’Iran, notamment la cité sainte de Machhad (nord-est) où le cercueil de Soleimani est arrivé.
Ce lundi, 5 millions iraniens ont investi les rues de la capitale Téhéran pour dire adieu à leur puissant général.
Source: Avec AFP