L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre toute mesure « disproportionnée » face au coronavirus, alors que l’épidémie a déjà fait près de 1.900 morts.
Le nombre de contaminations en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), a grimpé mardi à 72.300. Ailleurs dans le monde, environ 900 personnes contaminées ont été recensées dans une trentaine de pays et territoires.
Mais l’OMS s’est voulue rassurante lundi: en dehors de la province chinoise du Hubei (centre), épicentre de l’épidémie, la maladie Covid-19 « touche une très petite proportion de la population » et son taux de mortalité n’est pour l’heure que d’environ 2%.
Le principal foyer de contamination hors de Chine reste le paquebot de croisière Diamond Princess, placé en quarantaine début février dans la baie de Yokohama près de Tokyo, après un test positif sur un croisiériste débarqué à Hong Kong.
Ses plus de 3.700 passagers avaient reçu l’ordre de rester dans leur cabine pendant deux semaines. Mais cela n’a pas empêché la propagation du virus: au moins 454 personnes ont été contaminées à bord.
Plusieurs pays ont commencé à évacuer leurs ressortissants. Plus de 300 Américains ont ainsi été rapatriés par avion vers les Etats-Unis, où ils ont entamé lundi une quarantaine de 14 jours — la durée maximale supposée de l’incubation.
« Proportionnées »
Un deuxième cas positif a été recensé parmi les quatre passagers français à bord du navire, a annoncé lundi le ministère français de la Santé, en précisant que ces malades sont pris en charge par les autorités sanitaires japonaises.
Le directeur de l’OMS a cependant estimé lundi qu’il n’était pas nécessaire de suspendre l’ensemble des croisières dans le monde, se disant opposé à toute « mesure de portée générale » face au coronavirus.
« Les mesures doivent être proportionnées à la situation, prises sur la base de preuves et d’éléments de santé publique », a déclaré à la presse Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant que « le risque zéro n’existe pas ».
Cet appel intervient au moment où l’opérateur d’un navire de croisière américain, le Westerdam, cherche à retrouver la trace de quelque 1.200 voyageurs autorisés à débarquer la semaine dernière au Cambodge malgré la crainte de contaminations potentielles.
Samedi, le virus a été diagnostiqué chez une ex-passagère américaine de 83 ans arrivée en Malaisie. Mais des dizaines d’autres voyageurs ont, comme elle, déjà quitté le Cambodge pour rentrer chez eux, laissant craindre une propagation de l’épidémie.
« Si nous devons interrompre toutes les croisières du monde au cas où il y aurait un contact potentiel avec un possible agent pathogène, où nous arrêterons-nous? », a cependant déclaré le Dr Michael Ryan, directeur des urgences de l’OMS.
« Trop tôt »
« Devons-nous arrêter les bus dans le monde entier? », a-t-il fait mine de s’interroger devant la presse à Genève.
L’OMS s’était déjà prononcée contre la restriction brutale des voyages, alors qu’Etats-Unis, Australie et Nouvelle-Zélande notamment ont interdit l’entrée sur leur territoire aux étrangers s’étant récemment rendus en Chine — dont évidemment de nombreux Chinois.
Des conférences commerciales, des compétitions sportives et des manifestations culturelles ont été annulées ou reportées, tandis qu’un grand nombre de compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers la Chine continentale.
Mardi, le bilan humain y a atteint les 1.868 morts. Et un directeur d’hôpital de la ville de Wuhan, d’où est partie l’épidémie, est décédé après avoir été contaminé, a annoncé la télévision publique CCTV.
Selon le dernier bilan quotidien, 98 personnes ont succombé au virus lors des dernières 24 heures, soit le quatrième jour de repli.
A 1.886, le nombre quotidien de nouvelles contaminations est au plus bas depuis le début du mois.
Ailleurs dans le monde, seul cinq décès ont été enregistrés jusqu’à présent (aux Philippines, à Hong Kong, au Japon, en France et à Taïwan).
En dehors du Hubei, bouclé par un cordon sanitaire afin de contenir l’épidémie, seules 79 nouvelles contaminations ont été recensées mardi en Chine continentale. Le 4 février, elles étaient 890.
Apple pessimiste
Alors que la perspective d’un vaccin est encore lointaine, les autorités chinoises ont demandé lundi aux personnes guéries de donner leur sang afin d’en extraire le plasma pour soigner les malades.
Ce plasma d’ex-patients infectés contient des anticorps qui pourraient permettre de diminuer la charge virale chez les personnes sévèrement atteintes.
Afin de mieux contrer l’épidémie, le gouvernement chinois a annoncé mardi une exemption de droits de douane punitifs qu’il imposait dans le cadre de sa guerre commerciale avec les Etats-Unis sur certains équipements médicaux américains.
Des équipements utilisés pour la transfusion de patients ou mesurer la pression artérielle seront ainsi exemptés à partir du 2 mars.
Mais les grandes entreprises mondiales craignent une chute de la demande. Apple a annoncé lundi que sa prévision de chiffre d’affaires pour le deuxième trimestre ne serait sans doute pas atteinte en raison de l’épidémie en Chine — pays crucial pour l’entreprise américaine.
Source: AFP