« Une décision des États-Unis d’invoquer la clause de snapback ( Mécanisme de règlement des différends prévus dans l’accord nucléaire de 2015, NDLR) serait une erreur stratégique. Cela entraînerait une série de conséquences négatives, et désavantageuses, et donnerait un coup de fouet à la crise actuelle entre les États-Unis et l’Iran », estime un Think tank américain.
« Brian Hook, le représentant spécial américain pour l’Iran, a expliqué dans un récent éditorial du Wall Street Journal que si les États-Unis n’obtiennent pas une prolongation de l’embargo sur les armes contre l’Iran qui expire en octobre, ils sont prêts à essayer de forcer la réimposition de sanctions de l’ONU contre l’Iran.
Cette mesure dite de «snapback» ferait également éclater l’accord nucléaire iranien. Or mis à part les questions sur la nature juridique d’une telle action, c’est tout simplement une mauvaise politique. Pourquoi?
Le snapback ne fera pas beaucoup pour empêcher les achats iraniens d’armes classiques (déjà un risque relativement faible).
Cette mesure ne fera qu’approfondir le fossé entre les États-Unis et l’Europe tout en sapant la crédibilité des États-Unis et du Conseil de sécurité et facilitant l’expansion du programme nucléaire iranien. », écrit Le Washington Center for Strategic and International Studies.
« En effet il manque à l’analyse de M. Hook toute considération sérieuse de ces risques ou de la réaction iranienne potentielle.
C’est à courte vue: alors que cette action anti-iranienne pourrait ne pas faire l’objet d’un veto au Conseil de sécurité de l’ONU, l’Iran se réservera le droit d’y répondre.
D’ailleurs, sur ce front, l’Iran a avancé sa propre menace d’option nucléaire si les sanctions de l’ONU étaient réimposées: abandonner le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) par l’Iran est donc plus qu’une probabilité.
Cela ouvrirait la voie légale à l’Iran pour produire des armes nucléaires faisant de l’Iran le deuxième pays au monde à se retirer du TNP, après la Corée du Nord », ajoute Eric Brewer dans son article.
Et de poursuivre: « La question qui se pose maintenant est de savoir si l’Iran exécuterait sa menace ? En effet ce qui est alarmant concernant un possible retrait iranien à court terme n’est pas tant le fait que l’Iran serait légalement libre de produire des armes nucléaires que le fait que l’Iran pourrait choisir de se retirer du TNP tout en permettant aux inspecteurs de continuer d’avoir accès à ses sites nucléaires.
Peut-être que le retrait de l’Iran du TNP ne serait pas immédiat. Aux termes du traité, l’Iran est tenu de donner un préavis de trois mois. Mais comme la Corée du Nord, l’Iran pourrait simplement ignorer cette exigence. Mais il pourrait aussi et c’est l’hypothèse plus probable qu’une longue période de négociation puisse s’ouvrir au cours de laquelle la Russie, la Chine et l’Europe tenteraient de persuader Téhéran de rester dans le traité.
Et c’est là encore un point de plus au profit de l’Iran car sans s’en retirer, l’Iran engrangerait les dividendes d’une menace de retrait.
Certes, le retrait du TNP ne signifie pas que l’Iran a décidé de produire des armes nucléaires. Il se peut qu’un retrait de Téhéran du traité ne soit qu’une déclaration politique.
Mais même une déclaration politique de cette taille, saurait fournir à l’Iran une marge d’action importante avec toujours cette barre de possible fabrication d’arme nucléaire qui se pointe à l’horizon. Décidément les Etats-Unis semblent encore une fois avoir choisi une voie qui profiterait, in fine à leurs adversaire ».
Source: Avec PressTV