Des centaines de manifestants ont forcé l’entrée d’un site de production pétrolière jeudi dans le sud de la Tunisie, sans violences, pour réclamer des emplois et des investissements, au lendemain de la démission du gouvernement.
Les protestataires, mobilisés depuis des semaines dans le sud largement marginalisé de la Tunisie, ont pénétré dans le site d’El Kamour, a constaté un correspondant de l’AFP sur place. C’est là que se trouve une vanne avec laquelle il avaient bloqué la production de pétrole lors de troubles similaires en 2017.
Les manifestants réclament notamment l’application d’un accord conclu après la mobilisation émaillée de heurts en 2017, et qui prévoyait d’embaucher des milliers de chômeurs et de créer un fonds d’investissement pour leur région.
Ils ont scandé « Tatatouine ne baisse pas les bras » et chanté l’hymne national, faisant reculer les forces militaires, déployées sur le site sans faire usage de la force, a indiqué le correspondant de l’AFP.
D’importants renforts avaient été envoyés sur place, y compris un hélicoptère.
Après des semaines de sit-in à Tataouine, grande ville du sud-est, quelques dizaines de manifestants campaient depuis le 9 juillet à proximité du site d’El Kamour, à plus de deux heures de route de Tataouine, en plein désert. Ils ont été rejoints jeudi par d’autres groupes.
La production de pétrole tunisienne est modeste, avec 38.000 à 40.000 barils par jour en moyenne, dont 55% environ est extraite dans la région de Tataouine, où sont implantés l’Autrichien OMV, l’Italien ENI et l’Anglais Atog, selon le ministère de l’Energie.
Ces protestations s’intensifient au lendemain de la démission du gouvernement d’Elyes Fakhfakh, fragilisé par une affaire de conflit d’intérêts, et poussé vers la sortie par le parti d’inspiration islamique Ennahdha.
Des négociations sont en cours pour trouver dans les dix prochains jours un Premier ministre qui obtienne la confiance du Parlement d’ici septembre, faute de quoi la Tunisie devra organiser de nouvelles législatives.
Source: Avec AFP