Le Yémen manque de carburant pour faire marcher ses centrales, ses hôpitaux, ses systèmes d’assainissement d’eau, ou le peu qu’il en reste après près de six ans de frappes aérienne incessantes de la « coalition saoudo-émirati-US » et ce alors même que des pétroliers bourrés d’essence et de pétrole se trouvent à quelques pas du port de Hodeida (ouest), soumis au blocus de cette coalition.
Le ministre du Pétrole du gouvernement de Sanaa, Ahmed Dares, a affirmé à la télévision libanaise AlMayadeen, que « les réserves en diesel sont épuisées, ce qui perturbera la vie des Yéménites ».
« Nous avons demandé de l’aide, mais n’avons reçu aucune réponse. Réunions, protestations et conférences de presse n’ont servi à rien, et l’ONU et la communauté internationale n’ont pas entendu nos voix », a-t-il ajouté.
Dares a appelé les Nations unies à s’acquitter de leurs obligations humanitaires envers plus de 26 millions de Yéménites.
De même, il a demandé aux forces armées du pays, dont Ansarullah, d’envisager toutes les options pour forcer la coalition à laisser entrer le pétrole au Yémen pour sauver la population civile.
Pour sa part, le PDG de la compagnie pétrolière yéménite Ammar al-Azrai a précisé que « le Yémen est entré dans une catastrophe après la pénurie du diesel. 1000 enfants risquent de mourir dans les hôpitaux ».
Yahya Sharaf, directeur adjoint de l’Autorité des ports de la mer Rouge, a récemment annoncé l’arrivée d’un pétrolier ayant à son bord 28 238 tonnes d’essence dans le port de Hodeïda. Mais cette livraison a été faite après une spectaculaire attaque au drone et au missile contre Assir, Jizan et Najran suivi des frappes balistiques d’une étonnante précision contre Riyad.
Un levier de pression anti Riyad pour qu’il jette du lest : harceler les pétroliers saoudiens et de la coalition au détroit de Bab el-Mandeb. Le pétrolier était saisi par la coalition saoudienne pendant environ quatre mois.
Le détroit de Bab-el-Mandeb, qui sépare le Yémen de Djibouti, est un point névralgique du commerce maritime entre le golfe d’Aden et la mer Rouge.
À son point le plus étroit, il mesure seulement dix-huit milles, limitant la circulation des navires à deux canaux de deux milles de large chacun, un dans chaque direction.
Le détroit est surtout important pour le commerce d’hydrocarbures: selon les données de l’Energy Information Administration américaine, en 2013, ce détroit a vu passer chaque jour 3,8 millions de barils de pétrole brut et raffiné, dont 2,1 millions de barils en provenance du golfe Persique et à destination du Canal de Suez, du pipeline Sumed (Suez-Méditerranée) puis de l’Europe et de l’Amérique du Nord, et le reste vers les marchés asiatiques.
Il est ainsi stratégique pour les pays importateurs, exportateurs et riverains que ce passage maritime reste libre d’accès.
Ansarullah est parfaitement capable de perturber ce trafic et c’est cela à quoi semble appeler Sanaa.
Des perturbations ponctuelles dans le détroit de Bab-el-Mandeb pourrait entraîner une réduction du trafic naval dans la région ainsi qu’une hausse des primes d’assurance. Mais Riyad et Cie sont-ils prêts à en accepter le risque?
Source: Avec PressTV