Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah Mohamad raad a rencontré à deux reprises le président français Emmanuel Macron, lors de la visite de ce dernier le 5 août dernier, au lendemain de l’explosion meurtrière du port de Beyrouth.
C’est ce qu’a révélé le député Hassan Fadlallah, lors d’une interview mercredi 19 août avec la télévision libanaise satellitaire d’information al-Mayadeen Tv.
« Le président français a envoyé un message positif au Hezbollah par le biais du chef du bloc parlementaire Mohamad Raad. Le député Mohamad Raad a rencontré le président français à deux reprises, en marge de la rencontre réalisée avec les représentants des principales forces politiques du pays mais nous ne l’avons pas dévoilé », a-t-il dit.
Au cours de l’interview, M. Fadlallah a aussi donné la première réaction au verdict final du Tribunal spécial pour le Liban sur l’assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri.
« La position du Hezbollah du TSL est connue, c’est position de principe qu’il n’est pas constitutionnel…En revanche, nous avons aussi une position de principe en faveur de la nécessité de révéler toute la vérité sur l’assassinat du président Hariri. Notre position à l’encontre du TSL n’a pas changé. Ni avant ni après le verdict. Et nous ne sommes nullement concernés par ce qui en découle ».
Selon lui, grâce au niveau de conscience des gens nous avons pu éviter la zizanie vers laquelle le pays aurait pu être entrainé.
« Nous avons vu sur les écrans l’exploitation qui a été faite sur le sang du martyr Hariri, à travers les calomnies destinées à entrainer le pays vers la discorde. Face à cette campagne diffamatoire, notre public a fait preuve de beaucoup de patience pour ne pas se laisser entrainer vers la zizanie. Nous au Hezbollah veillons beaucoup pour notre pays et en faveur de la paix civile. Nous disons au public libanais que nous n’avons d’autre choix que de collaborer ensemble, de se concerter et de se rencontrer. Nous appelons tout le monde à faire preuve de conscience pour ne pas se laisser prendre par les tentatives d’entrainer le pays vers la zizanie ».
Le député a déploré le fait que certains au Liban vivent dans l’illusion qu’ils peuvent affaiblir le Hezbollah et ne sont pas conscients de l’importance de son public.
« Tous ceux qui tentent de viser la résistance auront à faire face à la fermeté de son public », a-t-il taclé.
M. Fadlallah a accusé les médias de « certains pays qui se sont jetés dans les bras sionistes d’œuvrer pour semer les divisions entre les Libanais et les inciter les uns contre les autres ».
Durant la guerre 2006, « ces pays étaient associés à l’offensive contre le Liban », a-t-il accusé.
Il a conclu sur le TSL : « nous disons à travers votre télévision que personne ne se tracasse en cherchant des réponses du Hezbollah sur le verdict du tribunal ».
Interrogé sur le candidat du Hezbollah pour diriger le prochain gouvernement, le député a affirmé qu’il n’a aucun problème avec le retour du chef du courant du Futur Saad Hariri.
« Il y a des consultations en cours avec nos alliés sur la formation du gouvernement, mais nous ne sommes pas encore parvenus à des résultats. Jusqu’à présent, il n’y a aucun nom sur lequel on s’est mis d’accord pour diriger le prochain gouvernement », a-t-il souligné, assurant que le Hezbollah voudrait « un gouvernement d’union nationale qui puisse disposer du plus large soutien parlementaire possible ».
Selon lui, personne au Liban ne peut passer outre de l’avis du Hezbollah lors de la formation du gouvernement.
Fadlallah a révélé que le président français avait envoyé un message positif au Hezbollah par le biais du chef du bloc parlementaire Mohamad Raad.
« Le député Mohamad Raad a rencontré le président français à deux reprises, en marge de la rencontre réalisée avec les représentants des principales forces politiques du pays mais nous ne l’avons pas dévoilé ».
Selon Fadlallah, au cas où des élections parlementaires étaient tenues au Liban, le Hezbollah aurait des voix supplémentaires compte tenu de la hausse de sa popularité.
A la question sur la position du Hezbollah sur l’appel de certains protagonistes chrétiens libanais pour des élections législatives anticipées, il a répondu que le Hezbollah était contre.
« Ce n’est pas parce que les parties qui ont perdu les élections réclament des élections anticipées qu’il faudra acquiescer leur demande. Il leur faudra attendre le prochaine échéance qui aura lieu dans deux ans ».
Interrogé sur les divergences qui ont fait surface ces derniers temps avec le Courant patriotique libre, dont le chef Joubrane Bassil avait déclaré ne pas être sur la même longueur d’onde sur la question de la lutte contre la corruption, il a dit :
« Nous saluons Joubrane Bassil lorsqu’il a dit dans ses derniers propos qu’il refue les tentatives d’isoler n’importe quel composante libanaise. Mais le Hezbollah est en désaccord avec lui sur l’approche de la question de la corruption. Le ministre Bassil et nous avons présenté plusieurs dossiers de corruption à la Justice libanaise mais nous deux n’avons pu faire emprisonner personne . Cela ne fait pas partie de nos responsabilités de mettre les corrompus en prison et Bassil sait très bien combien nous avons souffert dans le suivi de ces dossiers sans pour autant parvenir à aucun résultat » a-t-il déploré.
Assurant que la solution réside dans l’indépendance de la Justice au Liban, il a rappelé que le bloc parlementaire Fidélité à la résistance a présenté les plus importants projets de loi pour la lutte contre la corruption mais ils ont été rejetés
« Au Liban, il y a des gardiens de la corruption… des lignes rouges ont empêché d’interroger un ministre pour des raisons communautaires », a-t-il ajouté.
Le député Fadlallah a donné l’exemple de la récente hausse du dollar face la livre libanaise, lorsque l’enquête a révélé que le propriétaire d’une banque en était le principal fauteur. Mais personne ne lui a demandé des comptes.
M. Fadlallah a signalé que la relation avec le chef de l’Etat était très très solide, révélant que des consultations quotidiennes avaient lieu entre ce dernier et le chef de la Chambre Nabih Berri sur la formation du cabinet ministériel.
« Toutes les tentatives de renverser le président Michel Aoun se solderont par un échec en raison de sa base populaire. Nous sommes avec lui. Ce mandat doit réussir et il a le temps pour cela », a-t-il indiqué.