Les récentes déclarations du conseiller du Premier ministre irakien Moustafa Kazimi ont soulevé un tollé chez d’importantes composantes politiques irakiennes, qui suivent de près la posture du gouvernement irakien sur la question du retrait des forces étrangères du pays.
Ce retrait avait été réclamé dans une résolution votée à la majorité par le Parlement, au lendemain de l’assassinat dans un raid américain du numéro deux du Hachd al-Chaabi, Abou Mahdi al-Mohandes, au côté du chef de la force al-Qods des Gardiens de la révolution le général Qassem Soleimani. Et par des manifestations auxquelles ont participé des millions d’Irakiens.
L’ayant catégoriquement refusé, les Etats-Unis feignent des évacuations de certaines bases ponctuées par le redéploiement de leurs forces, alors que le gouvernement de Kazimi tarde à la mettre en application. Ses réelles intentions sont sérieusement suspectées. Surtout depuis les dernières déclarations de son conseiller Hicham Daoud.
Le mardi 2 août, ce dernier a déclaré lors d’un point de presse que « lorsque le parlement a voté en faveur du retrait des forces étrangères d’Irak, les députés qui étaient présents ne représentaient pas toutes les composantes irakiennes pour que cette décision puisse avoir une dimension nationale ».
C’est la même remarque qui avait alors été brandie par les responsables américains, pour marquer leur refus de respecter la demande du Parlement, reprise alors par le gouvernement d’Adel Abdel Mahdi. Avant que le mouvement de protestation ne pousse ce dernier à présenter sa démission.
Et Daoud de poursuivre : « la Marjiiyat religieuse à Najaf , -en allusion à la haute référence religieuse représentée par la personne du grand ayatollah Ali Sistani- avait aussi son opinion que le besoin de l’Irak de l’aide internationale n’était pas sujet aux surenchères et aux querelles ».
La réaction la plus virulente est venue du Hezbollah d’Irak.
Dans un communiqué publié le 3 août, son bureau politique a accusé aussi bien Kazimi que ses conseillers de « vouloir soumettre la souveraineté de l’Irak, son avenir politique et ses décisions à l’administration américaine » et le gouvernement irakien d’atermoiement sur la question de la présence illégitime des forces américaines sur le sol irakien.
Selon cette formation qui fait partie du Hachd al-Chaabi qui a combattu Daech avec l’aide de conseillers iraniens, M. Daoud a porté atteinte à la Marjiiyat, en alléguant qu’elle est en faveur du maintien des forces américaines, alors que « cette position s’identifie aux positions américaines ».
Il s’agit aussi «d’une tentative désespérée d’accorder à l’occupant américain un prétexte afin qu’il maintienne ses forces militaires en Irak », a-t-elle ajouté. Qualifiant cette position de trahison, il a demandé à la chambre des députés et aux forces politiques de faire face à ces déviations dangereuses.
D’autres blocs parlementaires ont également exprimé leur rejet des propos du conseiller de Kazimi.
« Cet homme est le conseiller du Premier ministre, cela veut dire qu’il n’a pas le droit de faire des déclarations en dehors de ses prérogatives. Il n’a rien à voir avec l’évaluation du travail des députés d’une part. D’autre part, et c’est ce qu’il y a de pire, il a diffamé la marjiiyat en parlant en son nom pour lui attribuer une position erronée », a répliqué Naim al-Aboudi, député du bloc Sadekoune, (Les sincères), qui représente les Brigades Ahl al-Haq.
Même condamnation de la part du bloc Badr qui a réclamé la révocation de Daoud de ses fonctions.
« Nous sommes surpris par les déclarations du conseiller du Premier ministre. Et nous estimons que si les décisions du Parlement ne sont pas nationales et donc pas contraignantes il en est de même pour les décisions de ce gouvernement qui ne sont pas contraignantes pour le peuple irakien », a souligné son président Hassan al-Kaabi.
Pour le bloc al-Fateh présidé par Hadi al-Ameri, le Premier ministre devrait prendre position des déclarations de son conseiller.
« Le premier ministre Moustafa Kazimi devrait révéler sa position publiquement et d’une façon claire et nette de ce qu’a dit son conseiller Hicham Daoud et d’œuvrer pour le démettre de sa fonction s’il s’est exprimé en dehors de sa vision et de sa méthode gouvernementale », a réclamé son député Karim al-Mohamadaoui.
Une position similaire a été exprimée par le bloc parlementaire du courant sadriste « Sairoune » (En marche) selon lequel les déclarations de Daoud constituent une infraction flagrante et non justifiée contre le pouvoir législatif.
Source: Divers