Une vingtaine de diplomates européens ont visité lundi un quartier de colonisation de la ville sainte à l’Est de Jérusalem al-Quds occupée, où l’entité sioniste envisage de construire des logements, appelant les autorités à revenir sur ce projet.
« Nous sommes ici pour montrer notre désaccord », a lancé Sven Kühn Von Burgsdorff, représentant de l’Union européenne (UE) à Jérusalem, lors de la visite du quartier de Givat Hamatos.
L’autorité foncière israélienne a lancé des appels d’offres pour la construction de plus de 1.200 unités, pour la plupart résidentielles, dans cette zone, a affirmé dimanche l’organisation israélienne anticolonisation Ir Amim.
En février, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait annoncé le feu vert à la construction de 3.000 logements dans ce secteur de Jérusalem-Est. Il est occupé et annexé par Israël depuis 1967.
Si des logements y sont construits, cela coupera Jérusalem-Est de Bethléem, « rendant difficile l’accès des habitants de Jérusalem-Est à la Cisjordanie », a noté Sven Kühn Von Burgsdorff, dont le visage était barré d’un masque sanitaire bleu portant l’emblème de l’UE.
« Cela nuira aussi à la continuité d’un futur Etat palestinien tel qu’envisagé par les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU internationalement acceptées », a ajouté le diplomate allemand, appelant « les autorités israéliennes à revenir sur leur décision ».
La visite des diplomates européens a été perturbée par des militants d’extrême-droite brandissant des drapeaux israéliens, ont constaté des journalistes de l’AFP.
« UE, honte à vous », « Antisémites, rentrez chez vous », ont-ils crié.
« Course contre la montre »
Dans un communiqué, l’émissaire de l’ONU pour le Moyen-Orient Nickolay Mladenov s’est dit lundi « très préoccupé », appelant lui aussi les autorités israéliennes à revoir leur projet.
La colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens de 1967 a connu un vif essor ces dernières années sous l’impulsion du Premier ministre Netanyahu et depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.
Plus de 600.000 Israéliens vivent dans des colonies, jugées illégales par le droit international, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Trois millions de Palestiniens habitent dans ces territoires occupés par Israël depuis 1967.
Les appels d’offres à Givat Hamatos interviennent après qu’Israël a approuvé 96 nouveaux logements dans un autre quartier de colonisation de Jérusalem-Est, Ramat Shlomo, la semaine dernière.
Lundi, le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a mis en garde contre des « développements dangereux et sans précédents », « dans ce qui parait être une course contre la montre pour imposer un nouveau fait accompli avant que Trump ne quitte la Maison Blanche ».
Le président élu américain Joe Biden a déclaré que son administration rétablirait l’opposition américaine à la colonisation.
Devant des journalistes, le chef de l’UE à Jérusalem a souligné qu’aucun contrat pour la construction de logements à Givat Hamatos n’avait été accordé pour l’instant et que l’échéance de l’appel d’offres avait été fixée au 18 janvier, soit deux jours avant l’investiture de M. Biden.
Il reste du temps pour « convaincre nos amis israéliens, les autorités, d’annuler leur décision », a-t-il déclaré, disant espérer que l’arrivée de Joe Biden permettra de « revitaliser » le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens.
Source: Avec AFP