La publication de photos du rappeur et acteur égyptien Mohamed Ramadane en compagnie de célébrités israéliennes a suscité une vive polémique en Egypte, certains l’accusant de trahir la cause palestinienne et d’encourager la normalisation des relations avec l’entité sioniste.
Selon l’AFP, deux clichés non datés, publiés samedi soir sur les réseaux sociaux en arabe du gouvernement israélien, montrent M. Ramadane à Dubaï aux côtés du chanteur Omer Adam et du footballeur Dia Saba, tous deux de nationalité israélienne.
L’Egyptien de 32 ans doit sa renommée dans le monde arabe à la musique –notamment en collaboration avec le Marocain Saad Lamjarred et le Congolais Gims– ainsi qu’à ses rôles en tête d’affiche de gros succès à la télévision et au cinéma égyptiens.
« L’art nous rassemble toujours », souligne la légende d’une des photos, sur laquelle figurent Ramadane et Adam avec l’influenceur émirati Hamad al-Mazroui. Ces quelques mots sont suivis des drapeaux des trois pays.
Sur le second cliché, le chanteur pose avec le footballeur israélien.
L’Egyptien est désormais accusé par de nombreux internautes de participer à une opération de communication des Emirats arabes unis et d’Israël, qui ont signé en septembre un accord de normalisation de leurs relations.
Un appel au boycott a fait de « #Mohamed_Ramadane » l’un des mots-dièse les plus utilisés sur Twitter Egypte depuis samedi.
« Rien d’autre que l’art ne vous réunit, en effet (…) Ni la religion, ni l’arabité, ni l’humanité, ni la terre, ni l’histoire ne pourraient jamais nous rassembler », fulmine une utilisatrice sur Facebook.
« N’oubliez pas de l’inviter à chanter des chansons nationalistes le 6 octobre #boycott_Mohamed_Ramadane », tweete quelqu’un faisant allusion à la commémoration du début de la guerre de 1973, entre l’Egypte et l’entité sioniste et la Syrie.
« Un simulacre d’artiste, avec un simulacre d’arabe, ave un simulacre de chanteur dans un simulacre d’Etat . Une photo complète de simulacres d’humains », a pour sa part objecté un tweeter sous le patronyme al-Badil.
Le journaliste Ahmad al-Qaoud a pour sa part commenté la photo en disant: « Israël a échoué dans ses tentatives pour une normalisation populaire avec les Egyptiens. Maintenant, avec le soutien des Emirats arabes sionistes, il tente d’imposer cette normalisation par le biais de personnalités aux esprits faibles, parmi les artistes et les adorateurs d’argent. »
Selon lui l’acte de Ramadan s’apparente à de la trahison et « les Egyptiens ne l’accepteront jamais ».
Selon de nombreux activistes « Ramadane a joint l’ognorance à la traitrise », assurant « qu’il est fini à jamais ».
l’AFP a fait état de quelques rares messages de soutien . « Voilà la paix que nous recherchons, que Dieu t’éclaire Mohamed Ramadan », relève un internaute.
Les réponses du rappeur égyptien lui ont valu aussi des commentaires houleux: « Ton nom ne m’importe pas, ni ta couleur , ni ta date de naissance, ce qui m’importe est l’humain. Même sans adresse. Je ne sais pas ni ne demande avec qui je prends des photos ou qui veut se photographier avec moi. Je ne lui demande pas sa religion, ni sa nationalité. Dieu nous a créés tous pareils », a-t-il tweeté . Mais il a du retirer son tweet au plus vite.
Un tweeter Abdullah ElShrif a expliqué la portée de son acte: » Sais-tu que veut dire normalisation. Cela veut dire que quelqu’un s’est emparé du batiment de ton père et de la mosquée et t’a mis toi et tes frères dans la rue. Mais le batiment est juridiquement et légalement ta propriété et il luimanque ta reconnaissance . Alors il sollicite en dépit de sa force et de ses armes une visite de ta part, ou une photo avec toi pour dire aux gens, regardez il est d’accord avec moi et que tu n’as aucun problème avec lui ».
Face la polémique, le directeur du syndicat des comédiens Achraf Zaki veut convoquer prochainement l’artiste qui a insisté sur le fait que les photos avaient été prises « dans un pays arabe ».
Trois pays arabes –les Emirats, Bahreïn et le Soudan– ont normalisé depuis l’été leurs relations avec Israël. L’Egypte a été le premier pays arabe à le faire, en 1979. Mais la normalisation populaire y passe très mal.
Sur les réseaux sociaux arabes, 90% des intervenants sont hostiles à cette normalisation.
Source: Divers