Alors que l’Allemagne continue de rester sourde aux demandes de la Russie de lui fournir des informations détaillées sur le dossier Navalny, la délégation russe à la conférence de l’OIAC a déclaré que Berlin avait «ouvertement» violé la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.
L’Allemagne s’est permis de «violer ouvertement» la Convention sur l’interdiction des armes chimiques en refusant de collaborer avec la Russie dans l’affaire Alexeï Navalny, constate la délégation russe dans sa déclaration à l’occasion de l’ouverture de la 25e conférence des pays membres de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
«Le gouvernement allemand a commencé d’emblée à faire activement obstacle à l’enquête préliminaire lancée par la Russie au sujet de Navalny, empêchant d’établir la vérité», indique le communiqué.
Selon les délégués russes, le refus de Berlin de coopérer est prouvé notamment par le fait d’avoir passé sous silence ou fourni des réponses purement formelles aux cinq demandes du Parquet général russe adressées en conformité avec la Convention européenne d’entraide judiciaire en matière pénale et aux deux protocoles additionnels s’y rapportant.
«Sinon comment qualifier la réticence de l’Allemagne à appliquer ses engagements dans le cadre de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques qui indique clairement que les pays membres coopèrent entre eux et s’accordent, « sous la forme appropriée, une assistance juridique » et se doivent de « tout mettre en œuvre pour éclaircir et régler, par un échange d’informations et par des consultations entre eux, toute question qui susciterait un doute »?», se demandent-ils.
Avant l’inauguration de la conférence, 56 des 193 pays membres de l’OIAC ont signé une déclaration exprimant leur accord avec l’affirmation qu’Alexeï Navalny avait été victime d’une substance neurotoxique du groupe Novitchok. Les pays de l’Union européenne, les États-Unis, l’Australie, le Canada, le Japon, la Suisse ou encore l’Ukraine et la Géorgie sont parmi les signataires.
L’affaire Navalny
Alexeï Navalny a été hospitalisé à Omsk le 20 août dernier après avoir fait un malaise à bord d’un avion. À l’issue d’une série d’examens, les médecins n’ont détecté aucun poison dans le sang ou l’urine du patient, mais ont diagnostiqué un trouble métabolique qui a provoqué un changement de glycémie.
Par la suite, les médecins russes ont donné le feu vert au transport de l’opposant russe en Allemagne, ce sur quoi insistait sa famille.
Le gouvernement allemand a déclaré quelque temps plus tard, citant des médecins militaires, que Navalny avait été empoisonné par une substance toxique du groupe Novitchok. Les conclusions des experts allemands ont été confirmées par des laboratoires de Suède et de France. Moscou a demandé des détails sur les résultats des analyses, sans jamais recevoir de réponse.
Or, il est notoire que le Service fédéral de renseignement (BND) allemand avait accès à cette substance depuis les années 1990. En outre, elle était étudiée par une vingtaine de pays occidentaux, notamment le Royaume-Uni, la Suède, les États-Unis et la République tchèque. Pour ce qui est de la Russie, elle a arrêté, conformément au décret présidentiel de 1992, les développements dans le domaine des armes chimiques avant de détruire, en 2017, l’ensemble des stocks de ces substances, ce qui a été confirmé par l’OIAC.
Le 7 septembre, il a été annoncé qu’Alexeï Navalny allait mieux et, 15 jours plus tard, il a quitté l’hôpital. Actuellement, il est en convalescence et reste en Allemagne.
Les sanctions
En octobre, l’OIAC a déclaré que les substances découvertes dans le corps d’Alexeï Navalny ne figuraient pas sur les listes des substances interdites, mais que, de par leurs caractéristiques, elles étaient similaires à celles du Novitchok.
Toutefois, quelques jours plus tard, l’Union européenne a décrété des sanctions contre l’Institut de recherche en chimie organique et en technologie, ainsi que contre six particuliers dont Alexandre Bortnikov, le directeur du Service fédéral de sécurité (FSB), et Sergueï Kirienko, premier chef adjoint de l’administration présidentielle.
Source: Sputnik