Ravagé par la pire crise économique et financière de son histoire, le Liban ne peut plus payer sa part dans le financement du Tribunal spécial pour le Liban (TSL).
Créé en 2009 pour juger les assassins de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, tombé en martyr le 14 mars dans une explosion d’une voiture piégée à Beyrouth en 2005, le Liban se devait de contribuer à hauteur de 49% à son financement. Mais le pays du Cèdre se trouve désormais dans l’impossibilité d’honorer ses engagements financiers qu’il lui doit.
Dans une lettre interne adressée au personnel du TSL, il l’a informé que le retard dans l’approbation du budget par le Liban, compte tenu de la nouvelle situation, entrave la possibilité de conclure des accords contractuels à long terme pour ses employés en 2021, a rapporté le quotidien libanais al-Akhbar.
Consciente de l’impact de l’incertitude sur les salariés, la direction espère que dès que possible, «la conclusion d’accords contractuels à long terme pour les salariés» aura lieu.
À noter que le tribunal fixe chaque année le budget et le programme de l’année suivante et les soumet au comité de gestion pour approbation. Cette année, après l’approbation du plan stratégique, le processus d’approbation du budget s’est arrêté, selon al-Akhbar.
Son Comité de gestion avait pourtant réduit son budget d’environ 39%.
La lettre précise que, compte tenu des circonstances susmentionnées, tous les membres du comité de direction ne sont pas encore en mesure de confirmer leurs contributions pour 2021.
La lettre mentionnait également que le mandat actuel se terminait le 28 février 2021. Par conséquent, la Cour a écrit au Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies pour demander une prorogation de son mandat, mais la réponse n’est pas arrivée, en attendant les consultations avec le Liban et le Conseil de sécurité.
Le Liban croule sous une dette de plus de 92 milliards de dollars, l’équivalent de 170% de son PIB. En mars 2020, il a fait défaut pour la première fois de son histoire sur une première tranche d’un milliard d’euros de sa dette en devises.
Jusqu’en an août 2020, le TSL avait coûté au Liban plus de 800 millions de dollars.
Une somme énorme pour ce petit pays d’autant que ses résultats sont minces et contestables.
Après avoir accusé quatre hauts officiers libanais qui contrôlaient la situation sécuritaire au Liban, et qui s’étaient rendus de leur plein gré, il les a disculpés. Mais ils n’ont plus jamais récupéré leurs postes. L’un d’entre eux, le général Jamil Sayed qui était le chef de la Force de sécurité intérieur (FSI) est aujourd’hui député au Parlement libanais.
Le TSL a par la suite incriminé des responsables syriens, puis les innocentés fautes de preuve.
Finalement, il a dirigé ses charges contre quatre membres du Hezbollah. Fautes de preuves aussi, il n’a en disculpé qu’un seul, Salim Ayyach, sur des éléments conjoncturels et non des preuves irréfutables.
Le TSL a décrété un mandat d’arrestation contre lui qui n’a jamais été exécuté. De par ses déboires, le tribunal était plus discrédité que jamais aux yeux de l’opinion publique libanaise.
Le Hezbollah qui n’a jamais reconnu le TSL, le jugeant un moyen pour discréditer la résistance au Liban, a refusé catégoriquement de le livrer.
Au lendemain du verdict, le mois d’août dernier, la famille de Ayyach a apporté des preuves pour la télévision libanaise d’informations al-Mayadeen Tv qu’il effectuait son pèlerinage en Arabie saoudite lors de l’assassinat du martyr Hariri.
Le TSL a démenti. Mais à ce stade-là, il avait perdu toute crédibilité, voire sa raison d’être.
Source: Médias