Nouvel épisode qui risque d’envenimer davantage les relations entre la Turquie et l’Iran qui ont connu ces dernières semaines une brusque dégradation : les autorités turques ont arrêté onze personnes soupçonnées d’espionnage et d’enlèvement d’un dissident terroriste iranien pour le compte de l’Iran.
Selon l’AFP, c’est le MIT, le service de renseignement turc, qui a arrêté ces onze Turcs lors de plusieurs opérations récentes. Ils seraient impliqués dans la disparition de Habib Kaabi Asioud, (Habib Chaabi, selon l’AFP) un dissident iranien accusé d’avoir commandité des actes terroristes dans la ville d’al-Ahwaz, d’où il est originaire.
Vivant en Suède, il s’était rendu en octobre à Istanbul après avoir été appâté par une femme iranienne, rapporte l’AFP.
« Lors de l’enquête menée en coopération avec le MIT (…) il a été établi que des personnes impliquées dans la disparition d’un dissident iranien menaient aussi des activités d’espionnage contre notre pays », a indiqué la police turque dans un communiqué.
Habib Kaabi Asioud était le leader en Suède d’un groupe séparatiste arabe iranien, l’ASMLA (le Mouvement arabe de lutte pour la libération d’Ahvaz). Lors de son arrestation en Iran, le chef de la Commission de la Sécurité nationale et de la Politique étrangère au Parlement iranien, Mojtaba Zu al-Nuri a indiqué qu’il est accusé d’être à l’origine de la planification de l’attaque terroriste qui a visé en 2018 le défilé militaire dans la ville d’Ahwaz , dans le Khouzistan, et au cours de laquelle 29 personnes sont tombées en martyrs et 57 autres ont été blessées, selon les chiffres officiels. L’attaque perpétrée par quatre hommes armés qui avaient ouvert le feu sur le défilé a été revendiquée par le Front démocratique populaire ahwazi (FDPA) qui est présidé par Kaabi, selon Téhéran.
Les suspects l’auraient enlevé à Istanbul avant de l’emmener à Van, à la frontière iranienne, et de le faire remettre aux autorités de Téhéran, selon la police turque.
Les mêmes personnes — dont cinq ont été arrêtées à Istanbul, cinq autres à Van et un à Ankara — sont aussi accusées d’être impliquées dans des assassinats en lien avec un trafiquant notoire de drogue iranien, Naji Sharifi Zindashti. Condamné en Turquie pour trafic de drogue en 2007 et détenu en 2018 pour son implication présumée dans des assassinats, il a été libéré six mois plus tard.
La révélation de ces arrestations survient alors que les relations, d’habitude amicales, entre la Turquie et l’Iran, sont traversées par une brusque montée de tensions. Ces relations sont ponctuées par des provocations turques
Lors d’une visite le jeudi 10 décembre en Azerbaïdjan, le président turc Recep Tayyip Erdogan a récité un poème qui, selon Téhéran, pourrait attiser le séparatisme au sein de la minorité azérie d’Iran.
Le vendredi 11 décembre, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a condamné M. Erdogan pour ce poème « mal récité », et l’ambassadeur de Turquie à Téhéran a été convoqué au sujet des « remarques interventionnistes et inacceptables » de M. Erdogan.
Le samedi 12 décembre, la Turquie a dénoncé ce qu’elle a qualifié de « langage offensant » de Téhéran à l’égard.
L’Iran abrite une importante communauté azérie, principalement dans le nord-ouest, dans les provinces voisines de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie, avec le fleuve Aras comme frontière.
Dans le prolongement des provocations turques, le parti du Mouvement nationaliste, membre de la coalition gouvernementale turque a déclaré que les régions iraniennes d’Ardebil, du Khorasan et d’Ispahan sont turques pour Bakou et Ankara.
La Turquie subit des pressions énormes de la part des Etats-Unis depuis qu’elle s’est acquise le système de défense aérienne russe S-400.
Ce lundi soir, Washington a annoncé des sanctions contre elle pour son acquisition de ce système, interdisant tout nouveau permis d’exportation d’armes à l’agence gouvernementale turque en charge des achats d’armement.
Le 17 novembre, le secrétaire d’état américain s’était rendu à Istanbul sans voir les responsables turcs.
Evoquant des «divergences» avec la Russie et des risques de sanctions européennes, pour sa mission d’exploration gazière en Méditerranée orientale, Bloomberg a révélé que la Turquie s’apprête à se tourner vers l’Occident et l’Arabie saoudite.
Source: Divers