Le Pakistan a rendu à l’Arabie saoudite la somme d’un milliard de dollars qu’il lui devait sur un prêt de trois milliards, sur l’insistance de Riyad dont les réelles raisons ne sont pas explicites.
Selon l’agence Reuters, citant un responsable à Islamabad sous le couvert de l’anonymat, cette somme est la deuxième tranche du prêt contracté à des conditions favorables.
« Nous avons envoyé un milliard de dollars en Arabie saoudite », a indiqué le responsable pakistanais, notant que le troisième et dernier milliard de dollars serait restitué à Riyad le mois prochain. Le premier milliard avait été remboursé le mois de juillet dernier.
L’Arabie saoudite avait prêté au Pakistan 3 milliards de dollars et lui avait fourni une facilité de crédit pour acheter du pétrole d’une valeur de 3,2 milliards de dollars à la fin de 2018.
D’après Reuters, Islamabad a demandé un prêt commercial à Pékin pour l’aider à payer la somme restante.
Un responsable du ministère des Finances a déclaré que la banque centrale pakistanaise était déjà en pourparlers avec les banques commerciales chinoises, tandis qu’un responsable du ministère des Affaires étrangères a déclaré à Reuters que la Chine « était venue à notre aide ».
En payant ce montant, le Pakistan risque une crise de sa balance des paiements, ses réserves de change ne dépassant pas 13,3 milliards de dollars.
Les analystes ont jugé inhabituel que Riyad insiste pour récupérer cet argent. Ils invoquent une récente tension dans les relations entre les deux pays islamiques malgré leur amitié historique.
Le chef de l’armée pakistanaise, le général Qamar Javed Bajoh, s’était rendu à Riyad le mois d’août dernier pour calmer les tensions.
Il a rencontré l’ambassadeur saoudien à Islamabad le mardi 15 décembre.
Toujours selon Reuters, c’est depuis qu’Islamabad a demandé le soutien de Riyad pour les «violations indiennes des droits de l’homme» dans la région contestée du Cachemire, que l’Arabie saoudite exerces des pressions sur elle pour restituer le prêt.
Des observateurs se sont demandés si l’insistance saoudienne de restituer son prêt n’est pas liée à ses efforts effrénés pour pousser certains pays arabes et islamiques à normaliser leurs relations avec l’entité sioniste. L’Arabie s’est engagée à payer les indemnisations de 335 millions de dollars réclamées par les Etats-Unis au Soudan, comme condition sine qua non pour mener à terme la normalisation de ce pays avec ‘Israël’. Riayd a aussi parainné l’accord de normalisation conclu avec le Maroc dans le cadre d’un accord tripartite avec les Etats-Unis qui ont reconnu la marocanité du Sahara occidental.
Le 16 décembre dernier, l’Indonésie, pays musulman le plus peuplé au monde, a démenti par la voix de son ministre des Affaires etrangères les informations selon lesquelles elle s’apprêtait à normaliser avec l’entité sioniste. Son président indonésien Joko Widodo a assuré au président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas que Jakarta ne normalisera pas ses relations avec ‘Israël’ tant qu’il n’y aura pas d’État palestinien.
Même position de la part du Premier ministre pakistanais Imran Khan qui a assuré que son pays ne normalisera ses relations avec l’entité sioniste que lorsque le peuple palestinien aura récupéré ses droits. Faisant état de pression exercées sur le Pakistan.
Pour pouvoir franchir le cap de la normalisation avec ‘Israël’, Riyad a besoin d’un consensus arabe et islamique au préalable, faute de quoi elle risque de perdre le leadership du monde arabo-islamique.
Source: Divers