«Dégage!» Des milliers d’Israéliens manifestaient, samedi soir 20 mars à AlQuds occupée, leur opposition au premier ministre Benjamin Netanyahu, en première place dans les sondages à moins de trois jours de nouvelles élections législatives cruciales à sa survie politique.
Depuis fin juin, des manifestants se rassemblent, chaque samedi soir, contre le chef de gouvernement inculpé pour corruption dans trois affaires et critiqué pour les aides jugées insuffisantes aux travailleurs ayant perdu leur emploi avec la pandémie.
Mais ce 39e samedi de protestation, devant la résidence officielle de M. Netanyahu, rue Balfour à AlQuds occupée, a une signification particulière à quelques jours de l’ouverture des bureaux de vote, mardi matin, pour les quatrièmes élections législatives israéliennes en mois de deux ans.
«Question de vie ou de mort»
Simon, crâne légèrement dégarni et cheveux poivre et sel, a fait la route depuis la métropole Tel-Aviv pour ce dernier grand rassemblement avant les législatives.
«Je viens ici tous les samedis. Au début, nous étions 5000 à 10 000, puis le coronavirus a pris le dessus et le nombre de manifestants a diminué. Mais ce soir, nous serons encore plus qu’au début», assure-t-il alors que des dizaines et des dizaines de bus de protestataires convergeaient vers AlQuds occupée.
«Les gens ne vont pas passer de droite à gauche [ce soir], mais cet événement est important parce qu’il dit: allez voter, ne rester pas silencieux», ajoute-t-il au côté d’Orly, une amie habituée comme lui aux manifestations contre le premier ministre.
«Cela fait cinq ans que je proteste contre lui. Et là, ce sont les élections et c’est une question de vie ou de mort pour nous», lance-t-elle à travers son masque sanitaire sur lequel est écrit en rouge «crime minister», pour désigner Netanyahu.
Les trois derniers scrutins avaient placé M. Netanyahu et son rival, l’ex-chef de l’armée et centriste Benny Gantz, au coude-à-coude. Après les troisièmes législatives, M. Gantz avait décidé de s’allier à son ennemi politique pour former un gouvernement «d’union et d’urgence» face à la crise sanitaire, qui n’a survécu que quelques mois.
Débat électoral?
Depuis, l’étoile politique de M. Gantz a pâli, et M. Netanyahu, 71 ans dont les douze derniers au pouvoir, affronte principalement le centriste Yaïr Lapid, le frondeur Gideon Saar, qui a quitté le Likoud du premier ministre pour former son propre parti, et le ténor de la droite radicale Naftali Bennett.
Or les derniers sondages, publiés vendredi par la presse israélienne, créditent le Likoud d’une trentaine de sièges, sur les 120 de la Knesset (Parlement). La formation de M. Lapid en obtiendrait près d’une vingtaine et celles de MM. Bennett et Saar une dizaine chacune.
Si Benjamin Netantayu caracole toujours en tête des sondages, jouant à fond la carte du succès de la campagne de vaccination anticoronavirus – près de 50% des neuf millions d’Israéliens ont reçu les deux doses du vaccin Pfizer-BioNTech –, il pourrait toutefois manquer d’appuis pour former un gouvernement.
Avec ses alliés de la droite religieuse, le Likoud de M. Netanyahu obtiendrait une cinquantaine de sièges, selon les derniers baromètres, un score en deçà du seuil requis (61 députés) pour former un gouvernement.
Face à lui, M. Lapid et les partis anti-Netanyahu n’atteignent pas non plus le seuil de la majorité.
Dans cette campagne électorale menée en partie sous confinement, avant un allègement des mesures sanitaires ces dernières semaines, les partis n’ont pas tenu de grandes réunions. Et si les candidats ont multiplié les interviews à la radio et les déclarations sur les réseaux sociaux, aucun débat télévisé n’a eu lieu.
Pour tenter de clore le duel, M. Lapid a lancé, samedi soir, une invitation à débattre au premier ministre: «Le public israélien mérite un débat, mérite des réponses […], les studios sont prêts, les modérateurs sont prêts et nos deux podiums attendent».
Après des heures à s’époumoner, des manifestants ont nettoyé la place de France, coeur de la contestation, ramassant les tracts jonchant le bitume avant de glisser, dans quelques jours, leur bulletin dans l’urne.
Source: Avec AFP