Un groupe étatique chinois va investir 30 milliards de dollars dans une usine géante de puces mémoires, faute d’avoir pu racheter des technologies étrangères, a-t-il annoncé, à l’heure où Pékin veut doper la production nationale de semi-conducteurs pour réduire sa dépendance vis-à-vis des Etats-Unis.
Tsinghua Unigroup, un fabricant public de puces électroniques, va investir cette somme colossale (environ 28 milliards d’euros) pour construire un nouveau site à Nankin (est), où seront produites 100.000 plaquettes de silicium par mois, a-t-il indiqué jeudi dans un communiqué.
Les puces seront notamment destinées aux smartphones. Les semi-conducteurs sont également cruciaux dans les technologies d’intelligence artificielle et les objets connectés.
Or, les autorités chinoises encouragent le développement de technologies locales dans les semi-conducteurs pour réduire la dépendance des entreprises à l’égard de leurs onéreuses importations de composants électroniques étrangers.
Les exportations américaines de semi-conducteurs vers la Chine avaient ainsi atteint 6,93 milliards de dollars en 2015, selon un chiffre officiel américain rapporté par Bloomberg.
Tsinghua Unigroup avait certes tenté en 2015 de racheter l’américain Micron Technology afin de mettre la main sur ses technologies: un échec cuisant, dû à d’intenses pressions réglementaires.
Il s’est finalement décidé à construire, avec l’appui du gouvernement, ses propres usines de pointe après une salve de recrutements de responsables de firmes étrangères.
Des ex-dirigeants de l’américain Micron Technology et des taïwanais United Microelectronics et Nanya Technology ont ainsi rejoint le groupe chinois.
Tsinghua Unigroup avait déjà annoncé, en mars 2016, la construction d’une usine de puces mémoires à Wuhan (centre) pour un investissement de 24 milliards de dollars.
Pékin encourage cette accélération du développement de technologies « made in China », d’autant que les opportunités d’acquérir des « champions » étrangers se raréfient face au durcissement des gouvernements occidentaux.
En décembre, le fonds d’investissement chinois Grand Chip a ainsi annoncé l’échec de sa tentative d’acquisition de l’allemand Aixtron, face à la farouche opposition des Etats-Unis, mais aussi aux réticences de Berlin.
La Maison Blanche a bloqué purement et simplement le rachat des activités américaines d’Aixtron, arguant de « risques pour la sécurité nationale » en raison d’une « prise de contrôle par un intérêt étranger » de techniques utilisées dans la composition des semi-conducteurs et pouvant être employées à des fins militaires.
Avec AFP