En 5 ans, la Chine a constitué la plus grande force navale du monde.
En 2015, la marine de l’Armée populaire de libération (MAPL) comptait 255 navires de guerre, selon l’Office of Naval Intelligence (ONI) américain. À la fin de 2020, elle en disposera de 360, soit au moins 60 de plus que l’US Navy, selon une prévision de l’ONI. Dans quatre ans, la MAPL disposera de 400 navires de combat, selon les prévisions de l’ONI, rapporte l’analyste de la CNN, Brad Lendon dans un article publié le 6 mars dernier et traduit par le site Les Crises.
Selon lui, la République populaire de Chine est en train de construire à une vitesse alarmante des bâtiments modernes de combat de surface, des sous-marins, des porte-avions, des avions de chasse, des navires d’assaut amphibies, des sous-marins lanceurs de missiles nucléaires balistiques, d’immenses patrouilleurs garde-côtes et des brise-glace polaires.» Certains de ces navires seront équivalents ou supérieurs à tout ce que les États-Unis ou d’autres puissances navales peuvent mettre sur l’eau.
« Entre 2014 et 2018, la Chine a lancé plus de sous-marins, de navires de guerre, de navires amphibies et de navires auxiliaires que le nombre de navires actuellement en service dans les marines individuelles de l’Allemagne, de l’Inde, de l’Espagne et du Royaume-Uni », selon le China Power Project, rapporte-t-il dans son article.
Lendon estime toutefois que cela ne veut pas dire que l’US Navy a perdu son statut de première force de combat au monde. Si l’on compte les troupes, la marine américaine est plus importante, avec plus de 330 000 membres en service actif contre 250 000 pour la Chine.
Les analystes soulignent plusieurs autres facteurs en faveur de Washington. La marine américaine dispose toujours d’un tonnage plus important que la Chine – des navires plus grands et plus lourdement armés, tels que des destroyers et des croiseurs à missiles guidés — . Ces navires donnent aux États-Unis un avantage significatif en matière de capacité de lancement de missiles de croisière.
Selon Nick Childs, analyste de la défense à l’Institut international d’études stratégiques, les États-Unis disposent de plus de 9 000 cellules de lancement vertical de missiles sur leurs navires de surface, contre environ 1 000 pour la Chine.
Parallèlement, la flotte américaine de sous-marins d’attaque, qui compte 50 unités, est entièrement équipée de réacteurs nucléaires, ce qui lui confère des avantages considérables en termes de portée et d’endurance par rapport à la flotte chinoise, qui ne compte que sept sous-marins à propulsion nucléaire sur une flotte de 62 unités.
Mais pour Lendon, les chiffres penchent toutefois en faveur de Pékin. « Le grand avantage de la marine chinoise sur la marine américaine réside dans les patrouilleurs et les navires de combat côtiers, c’est-à-dire les corvettes et les navires plus petits », a déclaré Childs. À ces plus petits navires s’ajoutent les garde-côtes et la milice maritime de la Chine, dont les navires additionnés représentent pratiquement le double de la force totale de la MAPL.
D’après lui, son avantage réside aussi du fait que la Chine se donne cette capacité en étant le plus grand constructeur de navires commerciaux du monde.
En 2018, en termes de tonnes brutes, la Chine détenait 40 % du marché mondial de la construction navale, selon les chiffres des Nations unies cités par le China Power Project du Center for Strategic and International Studies, loin devant la Corée du Sud, qui est au second rang avec 25 %.
« L’infrastructure en place, la main-d’œuvre impliquée et la technologie employée dans ces chantiers navals commerciaux sont transposables à la production de navires de guerre en quantité », constate-t-il comme facteur avantageux pour Pékin.
« Au rythme où la Chine construit des navires de guerre et avec les capacités de ces nouveaux navires, je dirais qu’elle est déjà passée de ce qui n’était qu’une marine de défense côtière à ce qui est probablement la marine la plus puissante de sa région, ayant une portée mondiale, et qu’elle est en passe de construire une marine capable de déployer une puissance de classe mondiale si elle continue de se développer comme elle l’a fait », a déclaré Thomas Shugart, chargé de mission au Center for a New American Security et ancien capitaine de la marine américaine, dans un témoignage devant le Congrès le mois dernier, rapporte l’analyste de la CNN.
Il relate aussi les prévisions de Meia Nouwens, chargée de mission pour la politique de défense chinoise à l’Institut international d’études stratégiques,: « D’ici 2049, le but de la Chine est de disposer d’une armée mondiale capable de combattre et de gagner des guerres et de déployer sa puissance dans le monde entier », a -t-elle déclaré alors que le groupe de réflexion publiait son rapport annuel sur l’équilibre militaire mondial.
Sources: CNN, Traduction par les lecteurs du site Les Crises