Le militant et l’activiste palestinien Nizar Banat a été tué ce jeudi 24 juin après avoir été arrêté par les services de sécurité palestiniens.
Selon le cousin de la victime, Ammar Banat , les forces de sécurité palestiniennes se sont violemment comportés avec l’activiste palestinien qui était connu pour son franc parler. « Les éléments des forces de sécurité l’ont trainé à même le sol après l’avoir tabassé, ce qui a engendré sa mort », a-t-il dévoilé pour la télévision libanaise d’informations al-Mayadeen.
Des membres de la famille de la victime ont révélé pour l’agence Quds News que Nizar a été molesté par 20 membres de forces de l’ordre palestiniennes qui avait attaqué son domicile vers 3 :30 à l’aube de ce jeudi et l’en avait sorti alors qu’il criait.
« L’Autorité nous avait précédemment adressé des menaces avant l’arrestation de Banate », a précisé Ammar Banat pour al-Mayadeen, indiquant ne pas savoir ce qu’est advenu de sa dépouille et accusant les forces de sécurité de vouloir cacher les indices.
Selon lui, Nizar a été liquidé « avec préméditation » et le communiqué du préfet de la ville al-Khalil est « une mascarade ».
A l’issue d’une réunion avec les forces de sécurité, Jibrine al-Bakri avait annoncé que son état de santé s’était détérioré après son arrestation à la demande d’une convocation prononcée par le procureur général. Il a ajouté qu’il avait été transféré à l’hôpital public d’al-Khalil où il a succombé.
Il luttait contre la corruption au sein de l’AP
Originaire de la localité de Dora au sud de la ville d’al-Khalil, Nizar Banat était connu pour son ton critique à l’encontre de l’Autorité palestinienne. Ces dernières années, il s’était consacré à la lutte contre la corruption. Il était aussi connu parmi les activistes en Cisjordanie qu’il était farouchement hostile aux projets de liquidation de la cause palestinienne.
Il avait été arrêté 8 fois par les forces de sécurité palestiniennes, avait subi de longs interrogatoires et fait l’objet de torture dans leurs prisons. Avant l’une de ces arrestations, Il avait posté sur sa page Facebook une publication dans laquelle il a critiqué le chef de l’organisme général pour les questions civiles de l’AP, Hussein Cheikh pour avoir qualifié le retour des relations avec l’occupation israélienne de victoire.
Récemment, sur l’affaire des vaccins pour le Covid-19, il a accusé les dirigeants de l’AP « de marchander sur tout aux dépens de la cause palestinienne ».
S’étant porté candidat aux législatives sur la liste « Liberté et Dignité », sa maison avait fait l’objet de tirs de feu inconnus après qu’il a demandé à l’Union européenne de suspendre l’aide qu’elle fournit à l’AP et de lancer une enquête sur la corruption financière. Et ce après la décision de Mahmoud Abbas de reporter les élections.
Ces derniers jours, l’ONG Amnesty international a demandé au Premier ministre palestinien Mohamad Achtiyeh de libérer Banate qui était séquestré depuis le samedi pour avoir insulté l’ex-président Yasser Arafat.
Se disant choquée par son décès, l’Union européenne a réclamé « une enquête complète, indépendante et transparente ».
« Un meurtre politique »
Le mouvement Hamas a condamné la mort de Banat , la qualifiant de « meurtre politique et national ».
« Ce crime prémédité et organisé reflète les réelles intentions de l’autorité d’Abbas et de ses services de sécurité à l’encontre des fils de notre peuple, des militants de l’opposition et de ses adversaires politiques », a-t-elle dénoncé dans un communiqué en imputant la responsabilité « au président de l’autorité d’Oslo », Mahmoud Abbas.
Selon le porte-parole du Hamas, Hazem Qasem, « l’Autorité palestinienne est entièrement subordonnée à l’occupation » israélienne et « incapable d’agir dans le cadre de l’action nationale et agit sans contrôle ».
« Le meurtre de Nizar par l’AP est son crime le plus horrible et il faut œuvrer afin qu’elle revienne au consensus national », a-t-il souligné.
Qassem a insisté pour que ce crime ne passe pas inaperçu sinon il se répètera. Il a signalé que le Hamas en discutera avec les autres factions palestiniennes pour mettre au point une position commune et réelle pour juger les coupables.
« Un crime à part entière »
Qualifiant la mort du militant de « crime à part entière », le Jihad islamique a pour sa part mis en garde contre « les répercussions dangereuses sur le peuple palestinien » de la politique suivie par l’AP.
« Le militant Nizar Banat a été victime d’une longue campagne de poursuites policières et d’intimidations », a écrit le Jihad dans un communiqué en imputant la responsabilité a l’AP.
Mêmes condamnations de la part du Front populaire pour la libération de la Palestine et du Front démocratique pour la libération de la Palestine et de la part du mouvement Kifah (Lutte) selon lequel ce crime « inaugure une nouvelle étape de musèlement des voix, d’arrestations et de meurtres politiques ».
Réclamant une enquête menée par des éléments indépendants et honnêtes, le chef de l’Initiative nationale palestinienne Mostafa Barghouthi a réclamé la cessation des assassinats politiques assurant que ce qui se passe est dangereux sur la paix dans la société et entre les familles au moment où nous faisons face à la brutalité de l’occupation » israélienne.
Source: Divers