Le chef de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas aurait donné l’ordre de se débarrasser de l’activiste palestinien Nizar Banat dont la mort qualifiée d’assassinat est attribuée aux forces de sécurité palestiniennes.
« Débarrassez-nous de lui », aurait-il lancé lors d’une rencontre avec les plus hauts dirigeants de l’AP et du mouvement Fatah, selon des sources citées par le quotidien libanais al-Akhbar.
Deux jours auparavant, un responsable des renseignements palestiniens Majed Faraj avait présenté un rapport d’évaluation des positions, basé sur un sondage d’opinion auprès de la population palestinienne. Il concluait d’une baisse de popularité sans précédent de l’AP. En exposant les causes de cette baisse, Faraj a évoqué la dernière escalade militaire qui a eu lieu le mois de mai dernier entre les factions de la résistance dans la bande de Gaza et l’entité sioniste. De nombreux palestiniens ont depuis haussé le ton contre l’AP, ce qui est considéré comme une menace qui affecte son rôle et compromet le soutien dont elle jouit devant plusieurs acteurs internationaux, dont l’Union européenne.
Une autre raison avait été invoquée pour expliquer cette baisse de popularité de l’AP est la présence d’activistes qui critiquent sans répit l’Autorité, ses dirigeants et le gouvernement du Fatah. La dernière affaire qui avait soulevé la controverse a été celle des vaccins qu’Israël voulait livrer aux Palestiniens et dont la date d’utilisation était périmée.
Nizar Banat figurait en tête de ces activistes qui avaient critiqué ouvertement cette transaction. Il avait même demandé à l’UE d’enquêter sur cette affaire.
Deux jours plus tard, Abou Mazen s’enquérait des nouvelles de Nizar Banat. Se demandant pourquoi on me l’a pas encore fait taire. Et Majed Faraj de lui répondre qu’il avait disparu « mais nous allons lui parvenir », a-t-il enchainé. Ce à quoi Abbas lui a ordonné : « débarrassez-nous de lui ».
Des propos qui accordent une couverture à son assassinat. Surtout que Nizar avait été auparavant victime de nombreuses tentatives pour le faire taire: il avait été arrêté plusieurs fois sur l’ordre du procureur général, pour fausses accusations; il recevait aussi des appels de menaces; une fois des tirs de feu ont visé sa maison, une autre sa chambre à coucher. Sans compter les perquisitions continues de sa maison par les forces de sécurité palestinienne.
Après cette réunion, l’ordre a été donné à la Commission sécuritaire conjointe constituée des services des renseignements et de ceux de la Sécurité préventive de former une force pour le faire taire. Or, il ne se trouvait pas chez lui mais chez des proches, dans la ville d’al-Khalil (Hébron), une région entièrement contrôlée par les forces d’occupation israéliennes car située dans la zone C.
Une coordination avec ces forces a donc été indispensable pour permettre à une patrouille d’entrer dans cette zone. Selon la source d’al-Akhbar, les Palestiniens ont précisé aux Israéliens que c’est Banat qui était visé et qu’il représentait une menace pour eux deux.
C’est ainsi qu’à l’aube du jeudi 24 juin, une force formée de 6 jeeps militaires transportant quelques 25 éléments de la Commission conjointe a assiégé la maison dans laquelle se trouvait Nizar Bayat. Ils l’ont emmené avec une violence inouïe. Le lendemain, ils l’ont rendu sans vie.
Source: Médias