Dans une comparaison sommaire entre la performance de la résistance libanaise en 2006 et celle de la résistance palestinienne en 2021, ressort un dénominateur commun décisif, l’importance du rôle joué par l’armement des missiles et des roquettes durant la bataille.
Mais selon l’expert égyptien pour les questions militaires, Mohamad Mansour, des différences importantes s’imposent entre les deux cas. En tête, celles liées à la précision des missiles utilisés. Il estime que ces différences peuvent être considérées comme un indicateur important d’un développement qualitatif à multiples facettes de cet armement crucial de la résistance et de ses tactiques contre « Israël » en général.
Nous avons traduit pour les lecteurs de notre site la première partie de son article publié par le site web de la télévision d’information libanaise al-Mayadeen Tv. Il y expose d’abord les spécificités de cet arsenal chez le Hezbollah, pendant la guerre 2006, et le développement qu’il aurait pu lui apporter ultérieurement, d’après des prévisions militaires israéliennes.
La seconde partie portera sur les spécificités des roquettes et missiles de la résistance palestinienne, utilisés durant la récente bataille Épée d’al-Qods, en mai dernier, sur les développements qui leur ont été introduits, et leur impact sur les caractéristiques des confrontations futures et sur l’équation de dissuasion.
Elle sera publiée le vendredi 23 juillet.
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Après 2006, les instituts de recherche israéliens qui ont analysé les résultats de la confrontation militaire avec le Hezbollah, se sont penchés au premier plan sur la performance de ses missiles.
Par ailleurs, ils voulaient s’enquérir sur l’efficacité des frappes aériennes israéliennes à faire taire les sources de lancement de roquettes lors des combats, et l’efficacité générale des tactiques israéliennes pour limiter les capacités de missiles des factions de la résistance.
(…)
Missiles sans guidage
Pendant la guerre de juillet, l’arsenal de missiles du Hezbollah se composait principalement de missiles non guidés. Tirés en direction de la cible, en calculant un certain angle de lancement, il leur était difficile de l’atteindre avec précision. À cette époque, la moindre pensée que les factions de la résistance pouvaient s’acquérir des missiles guidés ou précis n’était qu’un vœu pieux.
Sur le plan des types de roquettes utilisées par le Hezbollah dans la guerre de 2006, il s’agissait, outre les mortiers, de roquettes d’artillerie et des roquettes Grad, d’une portée de 5 à 35 kilomètres, ou de la famille Fajr 3-5, avec une portée de 45 à 75 kilomètres. En plus des deux missiles les plus importants Zelzal 1-2 et Khaybar-1, avec une portée de 100-180 km. Ils ont tous en commun de ne pas être dirigés.
Cependant, pour pallier à l’absence de la fonction de guidage, le Hezbollah s’est efforcé de réduire les effets négatifs de l’utilisation de missiles à guidage libre, grâce à plusieurs mesures qui ont prouvé leur efficacité au cours des combats, notamment la collecte d’informations suffisantes sur les cibles fondamentales et vitales en Palestine occupée, en particulier dans la région nord proche de la frontière avec le Liban.
Il a eu recours à un certain nombre de sources « ouvertes », telles que les reportages de presse et de télévision, les cartes interactives sur Internet. Il a aussi dessiné des cartes détaillées des secteurs spécifiques à l’intérieur de la Palestine occupée, sur la base des éléments humains présents dans les territoires occupés, afin que ces sites soient appariés grâce aux coordonnées GPS, pour atteindre le meilleur angle de lancement possible.
Les ondes radio israéliennes sur écoute
Selon les autorités israéliennes, le Hezbollah a pu installer un certain nombre d’appareils d’écoute sur les ondes radio israéliennes dans la zone frontalière, ce qui lui a permis d’obtenir des informations à jour sur les cibles frappées dans la partie nord de la Palestine occupée. Cet avantage a donné à la résistance libanaise la possibilité de rectifier le ciblage sur la base de ces informations, ainsi que sur la base d’images et de vidéos, diffusées par les chaînes d’information et qui ont montré les sites bombardés. Il était de la sorte facile de déterminer la précision du coup reçu par tel ou tel site, puis de corriger l’angle de lancement en fonction de cette information.
Cette méthode a été découverte pendant les combats, lorsqu’une unité militaire israélienne était entrée au sud du Liban. Elle a trouvé sur des tableaux de terrain préparés par le Hezbollah fin 2005, les coordonnées précises d’un certain nombre de sites en Haute Galilée.
Elle étaient fournies aux lanceurs des missiles Grad, pour déterminer les angles de lancement pour chaque cible, sur la base des équations contenues dans ces tableaux.
Ces derniers contenaient également les noms des colonies situées près de la frontière avec le Liban, ainsi que la localisation de certains sites à l’intérieur les villes du nord de la Palestine occupée, en particulier à Nahariya.
Cette tactique a permis au Hezbollah- malgré l’absence de guidage précis de ces missiles – d’établir une équation de dissuasion qui s’est imposée depuis cette date jusqu’à aujourd’hui, entre l’axe de résistance et «Israël ». En imposant l’équation de terrain « Haïfa et au-delà de Haïfa « , pour exercer une pression permanente sur les décideurs de Tel-Aviv, et sur leurs cercles politiques et populaires, qui ont vu les missiles s’approcher petit à petit de Tel-Aviv, laquelle n’avait été bombardée depuis 1991.
La portée en crescendo des roquettes pendant la guerre
La force de missiles du Hezbollah a fait les premières victimes en «Israël» le troisième jour de la guerre, ciblant principalement les colonies et les villes proches de la frontière libanaise au début. Cependant, plus les frappes aériennes israéliennes se multipliaient, plus les missiles du Hezbollah pénétraient davantage.
Le quatrième jour, les missiles ont atteint Tibériade, située à 40 km de la frontière.
Le cinquième jour, les missiles ont touché, pour la première fois, la ville de Haïfa, ainsi que les villes d’Afula, Nazareth, Acre et Nahariya.
Le huitième jour, les missiles ont atteint une distance de 50 km après avoir bombardé Ramat David.
Le vingt-deuxième jour, la ville de Bisan, distante de 68 km près de la frontière jordanienne, a été touchée par un missile « Khaybar 1 », apparu pour la première fois pendant cette guerre.
Dans les derniers jours des combats, plus précisément le vingt-quatrième jour, le Hezbollah a utilisé des missiles « Khaibar » pour bombarder la ville de Hadera, à moins de 5 km de Tel-Aviv.
Estimations spéculatives sur l’arsenal d’aujourd’hui
Après la guerre de 2006, les milieux militaires ont évoqué à plusieurs reprises les perspectives d’avenir de l’arsenal de missiles du Hezbollah. Or, un autre point était remarquable : l’absence d’informations adéquates sur cet arsenal – compte tenu de l’absence de tout affrontement entre les deux camps depuis 2006 -. Ceci a été un point de force important acquis par l’axe de résistance en général. Les estimations israéliennes de cet arsenal, à la fois quantitativement et qualitativement, sont devenues spéculatives et basées sur des estimations non confirmées. (Il faut croire néanmoins que les Israéliens ont scruté avec une grande attention les armements utilisés par le Hezbollah durant la guerre en Syrie contre les groupuscules takfiristes terroristes- rédaction de notre site)
Ces milieux ont évoqué l’acquisition par le Hezbollah de missiles de plus grande portée, notamment le missile Fateh-110, qui a une portée maximale de 250 kilomètres et se distingue par son guidage précis, étant donné qu’il s’appuie sur un guidage interne par des coordonnées saisies dans système de vol du missile avant le lancement. Ces coordonnées peuvent être mises à jour en vol via une liaison de données, ce qui amène l’arsenal de missiles du groupe à une autre étape. Les milieux militaires israéliens ont également parlé de l’acquisition par le parti d’un nombre indéterminé de missiles balistiques soviétiques de type Scud, qu’il aurait modifiés afin de leur fournir des kits d’orientation.
Les changements prévus dans l’arsenal de missiles du Hezbollah ne se sont pas limités à l’entrée en service de nouveaux types de roquettes, mais aussi au travail de modification des missiles déjà en sa possession.
Si bien que les milieux militaires israéliens se sont exprimés, depuis 2018 , sur la tentative du parti de modifier les missiles Zelzal, dont Zelzal-3, d’une portée maximale estimée à près de 250 Km pour qu’ils puissent atteindre leur cible, avec une marge d’erreur inférieure à cinq mètres.
Sachant que la charge de ce missile est estimée selon ces milieux entre 700 et 900 kilogrammes.
Ces milieux croient deviner que les mises à jour incluent environ 14.000 missiles des types Zelzal-2 et 3, dont le mécanisme de guidage serait modifié, de sorte qu’ils dépendent du téléguidage, selon les coordonnées du Global Positioning System GPS, ou celles du système russe GLONASS, dont le mécanisme de guidage est le même que celui des missiles Fateh-110.
A SUIVRE
(Demain: l’expérience des missiles de la résistance palestinienne)
Source: Médias