Des professeurs d’universités américaines ont commencé à dénoncer lundi un climat de peur engendré par la politique de l’administration Trump d’expulser les étudiants étrangers pro-palestiniens, au premier jour d’un procès symbole devant la justice fédérale, saisie par des associations pour défendre la liberté d’expression.
Lors de ce procès qui doit durer deux semaines à Boston, des associations de professeurs, notamment de l’université Harvard, dans le viseur de Donald Trump, demandent à la justice de reconnaître que le gouvernement américain a mis en place une « politique d’expulsions basées sur l’idéologie », contraire au premier amendement de la Constitution qui protège la liberté d’expression.
Elles demandent aussi au juge William G. Young, un magistrat nommé par l’ancien président républicain Ronald Reagan, d’interdire une telle politique, dont l’administration Trump réfute l’existence.
Pour les associations, les arrestations d’étudiants étrangers en vue de leur expulsion, comme celle de l’activiste pro-palestinien de l’université new-yorkaise Columbia, Mahmoud Khalil, ou de l’étudiante turque Rumeyza Ozturk, ont pour but de museler les voix contre la guerre israélienne à Gaza et la défense des Palestiniens, et affaiblissent le débat public.
Professeure d’anthropologie et d’études sur le Proche-Orient à l’université Brown (nord-est), titulaire d’une carte de résident aux Etats-Unis, Nadje Al-Ali a raconté lundi à l’audience avoir renoncé à des conférences à Beyrouth, alors qu’elle se trouvait en Europe, de crainte d’être arrêtée à son retour aux Etats-Unis.
« J’avais peur de subir un interrogatoire, qu’ils cherchent mon nom dans Google et trouvent des allégations contre mon centre (d’études) et moi, m’associant à un discours pro-palestinien, et pire encore, cela se transforme souvent en antisémitisme et soutien au Hamas », a raconté cette professeure allemande qui a évoqué ses origines irakiennes.
L’universitaire, qui n’est pas la seule attendue pour témoigner, a aussi affirmé avoir renoncé à plusieurs manifestations contre les politiques de l’administration Trump car elle avait peur d’être filmée et ensuite « ciblée ».
Lors du procès, le gouvernement américain compte démontrer qu’il n’a fait qu’appliquer des lois existantes en matière d’immigration et d’autorisations de visas ou de titres de résidence. Dans le cas de Mahmoud Khalil, né en Syrie de parents palestiniens, le gouvernement argue que sa présence sur le sol américain pose « potentiellement des conséquences sérieuses pour la politique étrangère » américaine, en l’accusant de soutien au mouvement islamiste Hamas.
« Cette affaire constitue un test extrêmement important pour le premier amendement à un moment où nous avons plus que jamais besoin de ses protections », a estimé le Knight First Amendment Institute de l’université Columbia, l’une des organisations à l’origine de la plainte.
Selon cet institut, c’est le premier procès à s’ouvrir sur le fond qui a trait à la liberté d’expression sous Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche.
Source: AFP