Les propos de certains membres du gouvernement irakien en visite aux Etats-Unis dans la cadre d’une importante délégation pour parler de l’éventuel retrait des Etats-Unis de leur pays a semé bien des soupçons parmi les factions du Hachd al-Chaabi et de la résistance irakienne. Celles-ci insistent sur un retrait total, alors que le cours de pourparlers s’axe autour d’un retrait partiel.
« Nous n’avons pas besoin de plus de combattants mais nous avons besoin d’une collaboration en matière de renseignements, d’aide pour les formations et d’aide aux troupes depuis l’espace aérien », a déclaré Fouad Hussein, le ministre irakien des Affaires étrangères pour le quotidien américain Wall Street Journal.
« L’Irak aura toujours besoin de l’aide des Etats-Unis pour combattre Daech…Les forces irakiennes de sécurité ont toujours besoin des programmes fournis par les Etats-Unis concernant les formations, les équipements et l’armement », a-t-il noté plus tard, lors d’un point de presse à l’issue de sa rencontre avec son homologue américain Anthony Blinken.
Même son de cloche depuis Washington de la part de Qassem al-Aaraji, le conseiller pour la sécurité nationale qui a présidé la délégation technique durant la rencontre organisée avec le chef du Pentagone. «L’Irak n’a pas besoin d’une force combattante étrangère sur son sol » a-t-il affirmé,
« Les déclarations: des insultes »
Les propos du ministre des AE « ne représentent pas le point de vue d’un Irak fort et capable et ne sont pas en faveur qu’il recouvre sa totale souveraineté, sa sécurité et sa stabilité », a objecté sur Twitter le porte-parole du mouvement al-Noujaba , l’ingénieur Nasr al-Shammari.
Selon lui, ces déclarations sont « une insulte aux sacrifices consentis par les forces moujahidines et au sang qu’elles ont versé dans leurs combats de libération contre Dach ».
« Ces forces disposent de toutes les capacités militaires nécessaires pour protéger le pays contre les défis internes ou externes et disposent des capacités nécessaires pour entrainer et former les nouvelles générations », a-t-il ajouté. Le mouvement al-Noujaba fait partie des factions du Hachd al-Chaabi qui ont combattu Daech avec l’aide de conseillers iraniens des Gardiens de la révolution.
Pour les intérêts d’Israël
Même position de la part du secrétaire général de la faction des Brigades Ahl al-Haq, cheikh Qaïs al-Khazaali qui a qualifié les propos de Hussein de « regrettables ».
« Ces déclarations ne peuvent être admises. Elles ne reflètent pas la réalité des capacités acquises par les forces irakiennes », a-t-il souligné
Selon Khazaali, « la présence américaine en Irak ne sert en rien les intérêts de l’Irak mais est liée aux intérêts de l’entité israélienne ».
Echec des USA
L’Organisme de coordination des factions de la résistance irakienne semble être d’accord avec le chef d’Ahl al-Haq sur les visées réelles de la présence des troupes américaines en Irak.
« La mission de l’armée de l’air américaine est de défendre la sécurité de l’entité sioniste et d’espionner la résistance », a-t-il souligné dans un communiqué publié le vendredi 23 juillet .
Rappelant sa condition de ne permettre la présence d’aucun soldat étranger sur le sol irakien ».
« Les formateurs américains et les forces de la coalition internationale ont fait preuve d’un grand échec dans leur expérience en Irak », a accusé, cet organisme selon lequel « le retrait des forces occupantes pour être véridique, devrait être total de tous les territoires irakiens ».
Un retrait total
Le responsable sécuritaire des Brigades du Hezbollah d’Irak a lui aussi insisté sur le retrait total des troupes américaines de son pays.
« Si l’ennemi ne déclare pas officiellement le retrait de ses troupes et si ceci n’est pas confirmé sur le terrain par le biais des commissions parlementaires de sécurité compétentes, la résistance poursuivra l’escalade de ses opérations contre toutes leurs positions jusqu’au retrait du dernier soldat », a déclaré Abou Ali Al-Askari, qui semble pour sa part soupçonner les réelles intentions de Washington.
Un cadeau de Biden à Kazimi
Adel Bakawan, directeur du Centre français de recherche sur l’Irak (CFRI) soupçonne lui aussi les Etats-Unis de vouloir se retirer réellement de l’Irak.
Selon lui, l’annonce de fin de la mission de combat US en Irak est surtout un cadeau politique fait par Joe Biden au Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi lequel selon ses termes « fait face à d’importantes pressions politiques des parlementaires chiites, mais aussi des milices chiites ».
Elle lui permettra « d’asseoir sa légitimité politique et militaire » et de neutraliser les groupes pro-iraniens.
Les États-Unis ne sont pas près de quitter l’Irak militairement, prévient le spécialiste pour l’agence Sputnik.
« Ce n’est pas pour rien que les États-Unis ont construit un consulat à Erbil et que leur plus grande ambassade dans le monde se trouve à Bagdad », rappelle-t-il.
Depuis l’assassinat dans un raid américain en janvier 2020 du chef-adjoint du Hachd al-Chaabi, Abou Mahdi al-Mohandes, aux côtés du chef de la force al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique en Iran, le général Qassem Soleimani, le départ des forces américaines est réclamé par d’importantes composantes du peuple irakien : dont les factions du Hachd al-Chaabi, ainsi que de la majorité des députés du Parlement irakien. Des groupes de résistance se sont formés et ont lancé des opérations contre les positions américaines dans les bases militaires, dans les aéroports, ainsi les convois logistiques que les Américains ont confiés leur transport à de sous-traitants irakiens.
Source: Divers