Les talibans se sont emparés, mardi 10 août, de deux nouvelles capitales provinciales afghanes, Farah, dans l’ouest, et Pul-e Khumri, dans le nord, d’où les civils fuyaient en masse devant leur avancée apparemment inéluctable.
«Les talibans sont maintenant dans la ville, ils ont hissé leur drapeau sur la place centrale et au bureau du gouverneur», raconte Mamoor Ahmadzai, un député de la province de Baghlan, dont Pul-e Khumri, à 200 kilomètres de Kaboul, est la capitale.
Après deux heures de combats, les forces de sécurité se sont retirées mardi soir vers une base hors de la ville, a-t-il précisé.
«Les talibans ont mis feu à certaines parties de la ville dont deux restaurants», selon un officier, qui a combattu les insurgés à Baghlan dimanche.
Dans l’après-midi, les insurgés s’étaient déjà emparés de Farah, capitale de la province du même nom. «Cet après-midi (mardi), les talibans sont entrés dans la ville de Farah après avoir brièvement combattu les forces de sécurité. Ils ont pris le bureau du gouverneur et le quartier général de la police. Les forces de sécurité se sont retirées vers une base de l’armée», a annoncé Shahla Abubar, une conseillère provinciale.
Zabihullah Mujahid, un porte-parole des insurgés, a confirmé la prise des deux villes sur Twitter.
Avancée à un rythme très rapide
Les talibans, qui avancent à un rythme effréné, contrôlent désormais huit des 34 capitales provinciales afghanes, dont six des neuf du nord du pays, des combats étant en cours dans les trois autres.
Depuis vendredi, ils ont pris le contrôle de Zaranj (sud-ouest), de Sheberghan (nord), fief du célèbre chef de guerre Abdul Rashid Dostom, de Kunduz, la grande ville du nord-est, ainsi que de trois autres capitales septentrionales, Taloqan, Sar-e-Pul et Aibak.
Ils ont aussi continué à resserrer leur étau autour de Mazar-i-Sharif, la plus grande ville du nord. Si celle-ci venait à tomber à son tour, le gouvernement n’aurait plus aucun contrôle sur l’ensemble de cette région pourtant traditionnellement férocement opposée aux talibans.
C’est là qu’ils avaient rencontré l’opposition la plus acharnée lors de leur accession au pouvoir dans les années 1990. L’Alliance du Nord avait trouvé refuge dans le nord-est pour mener la résistance lorsqu’ils dirigeaient le pays, entre 1996 et 2001.
Mardi, ils ont attaqué des quartiers à la périphérie immédiate de Mazar-i-Sharif, que l’Inde a invité ses ressortissants à quitter, mais ils ont été repoussés, selon un journaliste de l’AFP sur place.
Une réunion internationale à Doha
Alors que les combats font rage dans le nord, mais aussi dans le sud autour de Kandahar et dans Lashkar Gah, deux fiefs historiques des insurgés, Doha a accueilli mardi une réunion internationale, avec des représentants du Qatar, des États-Unis, de Chine, du Royaume-Uni, de l’Ouzbékistan, du Pakistan, des Nations unies et de l’Union européenne.
Le processus de paix entre le gouvernement afghan et les talibans s’est ouvert en septembre dernier au Qatar, dans le cadre de l’accord de paix conclu en février 2020 entre les insurgés et Washington prévoyant le départ total des troupes étrangères d’Afghanistan. Ce retrait doit être achevé d’ici le 31 août.
Mais les discussions sont au point mort et les talibans ont lancé une offensive en mai, quand a débuté ce retrait final.
Après s’être emparés de vastes zones rurales sans rencontrer beaucoup de résistance, ils se sont tournés depuis début août vers les centres urbains.
Plus de 300.000 réfugiés afghans
Mardi, le calme était revenu dans le centre de Kunduz, selon des habitants interrogés par l’AFP. Les affrontements se poursuivaient toutefois aux abords de l’aéroport resté aux mains des forces gouvernementales.
Quelque 359.000 personnes ont été déplacées en Afghanistan à cause des combats depuis le début de l’année, a indiqué l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Au moins 183 civils ont été tués et 1181 blessés, dont des enfants, en un mois dans les villes de Lashkar Gah, Kandahar, Hérat (ouest) et Kunduz, a indiqué mardi l’ONU, en précisant bien qu’il ne s’agissait là que des victimes qui avaient pu être documentées.
Source: Avec AFP