Le ministre israélien de la guerre Benny Gantz a conclu, le jeudi 25 novembre, sa première visite au Maroc, concrétisée par un accord de coopération sécuritaire « sans précédent » avec Rabat, qui a déclenché la fureur du voisin algérien.
« Nous avons achevé une visite historique (…) qui va contribuer à la sécurité d’Israël et à ses relations étrangères », a indiqué un communiqué du bureau de M. Gantz, cité par l’AFP.
Avant son départ, l’ancien chef de l’armée d’occupation israélienne a rencontré jeudi le patron du contre-espionnage marocain et visité une synagogue.
Ce déplacement de 48 heures au Maroc, le premier par un ministre israélien de la guerre, s’est matérialisé par la signature d’un accord sécuritaire bilatéral qui « permettra une coopération industrielle, militaire et dans le domaine du renseignement », s’est félicité M. Gantz.
Il s’agit du premier accord du genre entre ‘Israël’ et un pays arabe, qui devrait faciliter l’acquisition par le Maroc de technologies de l’industrie militaire israélienne. Même si aucun contrat d’achat d’armement n’a été confirmé pendant la visite.
L’entité sioniste est l’un des principaux exportateurs au monde de drones armés et de logiciels de sécurité comme le très controversé Pegasus de la société NSO.
« Le Mossad à nos frontières »
Un an à peine après la normalisation des relations entre le Maroc et ‘Israël’, cette entente militaire survient dans un contexte régional tendu.
Au cours de son séjour, M. Gantz a mentionné à plusieurs reprises les « menaces et défis grandissants dans la région ».
Alger a rompu, en août, ses relations avec Rabat en raison « d’actions hostiles » du royaume, sur fond de querelle sur la question du Sahara occidental, qui oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario soutenus par l’Algérie.
Le nouvelle alliance stratégique entre Marocains et Israéliens n’a pas manqué d’irriter les Algériens qui se sont sentis « visés » par la visite du ministre israélien de la guerre chez leur voisin.
« Les ennemis se mobilisent de plus en plus pour porter atteinte à l’Algérie », a accusé le président du sénat algérien Salah Goudjil, deuxième personnage de l’Etat algérien, cité par l’agence officielle APS.
« Le Mossad à nos frontières », s’est inquiété L’Expression, quotidien francophone proche du pouvoir algérien.
« Conflit du Sahara: faut-il s’inquiéter d’un axe Alger-Téhéran aux portes du Maroc ? », a répondu le site d’information économique marocain Medias24.
L’Iran a d’ailleurs été évoqué au cours des discussions entre officiels israéliens et marocains.
« Nous avons entendu parler des activités auxquelles l’Iran se livre dans cette zone et en Afrique », a déclaré un responsable sécuritaire israélien sous couvert d’anonymat.
Le Maroc a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran en 2018 en l’accusant d’avoir « facilité une livraison d’armes au Polisario » via son allié du Hezbollah libanais et son ambassade à Alger.
Le Hezbollah avait rejeté ces accusations et a imputé la décision marocaine à des « pressions » étrangères.
Au delà du Maghreb, le spectaculaire rapprochement entre le Maroc et l’entité sioniste — qui se traduira dès le mois prochain par une importante mission du patronat marocain en ‘Israël’ — a soulevé la colère du Hamas.
Le Hamas a « exhorté tous les pays arabes à stopper la normalisation avec l’occupant israélien (des territoires palestiniens) », la qualifiant de « coup de poignard dans le dos du peuple palestinien ».
Manifestation anti-israélienne interdite
Entre-temps, une foule de manifestants propalestiniens ont tenté de se rassembler mercredi devant le siège du Parlement à Rabat.
Les manifestants brandissant des drapeaux de la Palestine ont scandé des slogans en faveur de la cause palestinienne et contre la normalisation des relations avec le régime sioniste.
La police a réprimé les manifestations anti-israéliennes des Marocains les dispersant par la force et les empêchant de se rendre devant le Parlement.
Les manifestants ont également qualifié Gantz de « criminel de guerre » et ont décrit son voyage au Maroc comme une honte et une trahison au sang des martyrs palestiniens.
« L’accueil réservé au ministre israélien de la Guerre par les autorités marocaines est une insulte au peuple marocain qui a toujours porté leur soutien au peuple palestinien », ont déclaré les manifestants.