Le parlement irakien a riposté au décret raciste du président américain Donald Trump en votant ce lundi en faveur de la réciprocité, c’est ce qu’a rapporté le site irakien Soumariya News.
Les ressortissants américains seront désormais interdits d’entrer en Irak.
Dimanche, la commission des Affaires étrangères au Parlement irakien a appelé à appliquer la réciprocité après le décret du président américain Donald Trump interdisant pendant trois mois l’entrée des citoyens irakiens et de six autres pays musulmans aux Etats-Unis, a rapporté un député.
« Nous avons clairement demandé que le gouvernement irakien agisse réciproquement dans tous les domaines (…) avec les Etats-Unis », a déclaré à l’AFP Hassan Chwairid, directeur-adjoint de la commission.
Un peu plus tôt dimanche, l’importante coalition paramilitaire du Hach al-Chaabi, dominée par des combattants qui luttent contre les takfiristes, a appelé Bagdad à interdire d’entrée les Américains en réaction à la décision de Washington.
De son côté, le puissant dignitaire religieux, Sayed Moqtada Sadr a condamné l' »arrogance » des autorités américaines.
Donald Trump a signé vendredi un décret interdisant l’entrée aux Etats-Unis des ressortissants de sept pays majoritairement musulmans (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen), une mesure visant selon lui à lutter contre les « terroristes islamistes radicaux ».
De nombreux ressortissants de ces pays ont été retenus dans les aéroports américains à leur arrivée, suscitant de vives protestations et la condamnation des organisations de défense des droits de l’Homme.
Des milliers de manifestants devant la Maison Blanche
Entre-temps, les abords de la Maison Blanche résonnaient dimanche des slogans scandés par plusieurs milliers de manifestants en soutien aux musulmans empêchés d’entrer sur le territoire américain.
« L’amour pas la peur. C’est ce qui donne à l’Amérique sa grandeur », reprenait en choeur une foule compacte tenue à bonne distance de la résidence présidentielle par de hauts grillages clôturant Pennsylvania Avenue.
« Ce décret est vraiment contre nos principes fondateurs et ce que dit la Constitution », explique Jeff Lockwood, un père de famille de 44 ans, entouré de nombreuses pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Les immigrés sont l’Amérique » ou « Laissez-les entrer! » et de quelques bonnets roses, les ‘pussy hats’ symboles de ralliement des opposants au président pendant la ‘Marche des femmes » qui avait rassemblé un demi-million de personnes à Washington la semaine dernière.
« Il dit que ce n’est pas anti-musulman, mais c’est bien anti-musulman, surtout quand il dit qu’il va prendre soin des chrétiens » dans les pays arabes, s’indigne Khadija Shakour, une musulmane américaine, tête voilée venue avec une pancarte sur laquelle était écrit « Non à l’exclusion religieuse ».
De nombreux manifestants arboraient également des reproductions de la statue de la liberté et des drapeaux américains, convaincus que le décret à l’encontre de sept pays musulmans (Syrie, Libye, Iran, Irak, Soudan, Yémen et Somalie) et la suspension de l’accueil des réfugiés bafouent les valeurs américaines.
« Ma famille juive est solidaire des réfugiés musulmans » a inscrit Tall Zlotnitsky, 43 ans, sur une pancarte tenue par sa femme et son fils. « Je suis arrivé sans papiers aux Etats-Unis à l’âge de 12 ans et je suis resté.
« Pas un seul Américain depuis 1975 n’a été tué par un ressortissant de l’un de ces (sept) pays », assure-t-il. « Prendre toute une partie du monde et leur dire: +vous êtes nos ennemis+, invite à la violence. Ce n’est pas l’Amérique », insiste t-il.
« S’il a fait ça pendant ses sept premiers jours, qui sait ce qui nous attend dans les quatre prochaines années », renchérit Sonja Davidovic une jeune femme serbe résidente aux Etats-Unis depuis une dizaine d’année. « C’est important de se mobiliser maintenant », dit-elle.
Environ 300 manifestants ont également investi en fin de journée l’aéroport de Dulles, près de Washington, dans l’intention de soutenir d’éventuels passagers bloqués par le décret.
Avec AFP