Plus de deux semaines après que l’Inde a reçu le premier lot de systèmes de défense aérienne S-400 de la Russie, la position des États-Unis sur la décision de New Delhi reste ambiguë.
L’administration américaine, qui d’habitude menace à chaque occasion les pays qui sont en transactions avec la Russie dans le domaine de la défense, à travers les sanctions prévues par la « loi sur les sanctions contre les adversaires de l’Amérique » (Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act – CAATSA), n’a pas fait usage de ce langage menaçant envers l’Inde.
L’Inde a reçu le 14 novembre le premier lot de systèmes S-400 de la Russie, mais les États-Unis ont toujours une position ambiguë sur cette question.
Le Premier ministre indien Narendra Modi a rencontré le président russe Vladimir Poutine à New Delhi, trois mois après avoir été reçu par le président américain Joe Biden à la Maison Blanche le 24 septembre.
À la suite de négociations approfondies, les deux pays ont signé de nombreux accords de défense en plus des S-400. Cependant, l’administration américaine reste également silencieuse sur ces autres accords.
Un responsable du ministère des Affaires étrangères interrogé sur le sujet par le correspondant de l’Agence turque Anadolu, a répondu, tout en gardant l’anonymat, à la question suivante : L’Inde a reçu les systèmes S-400. Cette livraison entre-t-elle dans la catégorie « transaction majeure » en vertu de la CAATSA et imposerez-vous des sanctions dans ce contexte ?
« Nous n’avons pas pris de décision. Nous continuons d’exhorter tous les pays, y compris l’Inde, à s’abstenir de faire de nouveaux achats importants de systèmes d’armes russes. »
Le département d’État américain s’abstient également de donner une réponse claire sur une dérogation aux sanctions contre l’Inde.
Le porte-parole des Affaires étrangères, Ned Price, a précédemment déclaré que la CAATSA n’incluait pas de conditions d’exemption inclusives ou propres à un pays, mais a évité de donner une réponse claire quant à savoir si l’Inde serait exemptée. Au lieu de cela, le porte-parole a même préféré ignorer que l’Inde avait reçu les systèmes d’armes S-400.
La coopération en matière de défense entre les États-Unis et l’Inde s’est considérablement accrue ces dernières années, et Washington décrit New Delhi comme un « grand partenaire de défense », notamment pour contrer la Chine.
L’alliance avec les États-Unis profite aux intérêts de sécurité de New Delhi, car l’Inde a également certains désaccords avec la Chine au sujet de la frontière.
Ces dernières années, les États-Unis et l’Inde ont signé de nombreux accords de coopération militaire et économique dans le cadre d’un partenariat stratégique.
Mais le gouvernement Modi s’emploie à améliorer les relations avec la Russie, que les États-Unis décrivent comme un autre adversaire, ce qui à moyen et long terme, amènera les relations Washington-New Delhi à un degré nettement plus complexe.
Dans un environnement où l’Inde essaie de développer des relations stratégiques avec les États-Unis, le développement de relations militaires et stratégiques avec la Russie pose un risque pour l’administration Modi, mais la prise de ce risque par l’Inde est interprétée comme une indication que sa confiance envers les États-Unis s’est étriquée.
Le Congrès veut ignorer la CAATSA concernant l’Inde
La CAATSA, qui a été adoptée par le Congrès américain et est devenue loi en 2017, envisage d’imposer des sanctions aux pays qui ont signé des accords de défense avec la Russie et les entreprises de défense russes.
La loi oblige le président à imposer au moins cinq des douze sanctions de sévérité variable prévues par la loi.
L’ancien président américain Donald Trump avait imposé des sanctions à la Turquie en vertu de cette loi pour l’achat du S-400 en 2020.
Le Congrès américain exerce une forte pression sur l’administration concernant ces sanctions.
L’administration américaine avait également imposé diverses sanctions à la Chine dans le cadre de la même loi, mais cette fois au Congrès, l’attitude inverse envers l’Inde retient l’attention.
Le 2 novembre, les républicains Ted Cruz, Todd Young et Roger Marshall, des sénateurs américains, ont soumis un projet de loi au Sénat pour exempter les pays membres du Quadruple Security Dialogue (QUAD), l’Australie, le Japon et l’Inde du champ d’application de la CAATSA.
Le projet de loi, introduit au motif que l’Inde est un partenaire important des États-Unis contre la Chine, stipule que les pays du QUAD seront exemptés des sanctions de la CAATSA pendant 10 ans.
Si les États-Unis contournent la loi CAATSA concernant l’achat de S-400 par l’Inde, cela conduira à penser que Washington traite ses alliés avec deux poids deux mesures et nuira à sa crédibilité internationale.
Source: Avec Anadolu