Le prisonnier palestinien Hisham Abu Hawash est en grève de la faim depuis 141 jours. Il risque à tout moment de mourir subitement ou de subir des lésions organiques permanentes. Sa vie est en grave danger et pourtant il persiste dans sa grève de la faim parce qu’il refuse d’accepter la détention administrative, l’emprisonnement israélien sans charge ni procès, sur la base de déclarations arbitraires et d’un « dossier secret ». Sa grève de la faim se poursuit alors que ses codétenus administratifs ont lancé un boycott collectif des tribunaux militaires israéliens à partir de la nouvelle année, à compter du 1er janvier 2022, rapporte le site Palestine Vaincra.
Concertations entre le Hamas et le Jihad
Entre-temps, les dirigeants du Hamas et du Jihad se sont rencontrés, lundi soir 3 janvier, dans la bande de Gaza pour discuter de l’affaire du détenu Abu Hawash.
Les dirigeants des bras armés des deux mouvements avaient participé à cette réunion qui intervient un jour après les déclarations du président du bureau politique de Hamas Ismail Haniyeh, a rapporté le site palestinien Palinfo.
Ce dernier avait assuré qu’au cas où l’occupant refuserait un deal d’échange de détenus, son mouvement et les brigades d’al-Qassam l’obligeront à le faire « en augmentant les fruits », une allusion à faire d’autres enlèvements des soldats israéliens.
Qui est Hisham Abu Hawash ?
Âgé de 40 ans, Hisham Abu Hawash est marié et père de cinq enfants (Hadi, Mohammed, Izz al-Din, Waqas et Saba). Il a entamé sa grève de la faim le 17 août 2021 pour demander la fin de sa détention administrative, un emprisonnement israélien sans charge ni procès. Il est emprisonné sans inculpation ni procès depuis le 27 octobre 2020. Ses ordres de détention administrative ont été régulièrement prolongés. Alors que ses recours juridiques ont été rejetés à plusieurs reprises, sa détention a été une nouvelle fois prolongée de quatre mois alors qu’il était en grève de la faim. L’occupation israélienne a également refusé de confirmer qu’elle ne serait pas à nouveau renouvelée. Au cours de ses multiples arrestations, il a passé 8 ans au total dans les prisons de l’occupation israélienne, dont 52 mois sans inculpation ni procès en détention administrative.
Tout au long de sa grève, il a été transféré à plusieurs reprises entre la clinique de la prison de Ramle – tristement célèbre parmi les prisonniers palestiniens pour ses négligences médicales – et de brèves visites dans des hôpitaux israéliens. L’occupation israélienne a évité de suspendre sa détention administrative jusqu’au dernier moment ; aujourd’hui, dans un état de santé très grave, il poursuit sa grève de la faim alors qu’il est détenu à l’hôpital israélien Assaf Harofeh.
Il souffre d’une vision trouble, d’une incapacité à parler, d’une grave atrophie musculaire et ne peut pas bouger ; il est tombé à plusieurs reprises dans le coma et pourrait souffrir de lésions permanentes aux reins et à d’autres organes. Il a perdu jusqu’à 30 % de l’eau contenue dans son corps. Il est visiblement émacié et souffre d’une douleur extrême, continuant à refuser la nourriture pour se libérer. Il pèse moins de 39 kg, contre 86 kg avant sa grève. L’occupation israélienne est entièrement responsable de la vie et de la santé d’Hisham Abu Hawash, désormais en grand danger après 140 jours de grève de la faim.
Sa détention ayant été « suspendue » le 26 décembre 2021, Abu Hawash peut recevoir des visiteurs, notamment ses enfants et des sympathisants de la Palestine occupée de 48. Cependant, il ne peut pas quitter l’hôpital ou être transféré dans un hôpital palestinien. Par conséquent, il reste en fait un prisonnier et refuse d’arrêter sa grève de la faim – car, dès que son état de santé s’améliorera, les autorités israéliennes réimposeront sa détention administrative.
Lundi 3 janvier, les forces d’occupation israéliennes ont violemment attaqué des manifestants palestiniens devant l’hôpital d’Assaf Harofeh et ont forcé sa femme et sa famille à quitter la chambre, provoquant une inquiétude encore plus grande quant à la menace qui pèse sur sa vie.
Sa famille et ses compagnons prisonniers palestiniens ont appelé à l’action et à la protestation pour libérer Abu Hawash et lui sauver la vie.
Le 2 janvier 2022, le Comité international de la Croix-Rouge a exprimé sa vive inquiétude quant à la vie et à la santé d’Abu Hawash.
Le boycott des tribunaux
Le cas d’Abu Hawash illustre exactement la raison pour laquelle plus de 500 Palestiniens emprisonnés sans charge ni procès dans le cadre de la détention administrative ont annoncé qu’ils lanceront un boycott collectif des tribunaux militaires et des cours d’appel israéliennes à partir du 1er janvier 2022, car le système judiciaire ne fait que donner un vernis de légitimité à un régime illégitime.
Qu’est-ce que la détention administrative ?
La détention administrative a été utilisée pour la première fois en Palestine par le mandat colonial britannique, puis adoptée par le régime sioniste ; elle est désormais utilisée de manière routinière pour cibler les Palestiniens, en particulier les dirigeants communautaires, les militants et les personnes influentes dans leurs villes, camps et villages.
Il y a actuellement environ 540 Palestiniens emprisonnés sans inculpation ni procès en détention administrative, sur les 4 850 prisonniers politiques palestiniens.
Ces ordres sont émis par l’armée et approuvés par les tribunaux militaires sur la base de « preuves secrètes », dont les détenus palestiniens et leurs avocats n’ont pas connaissance.
Délivrés pour une durée maximale de six mois, ils sont renouvelables indéfiniment. Les Palestiniens – y compris les enfants mineurs – peuvent passer des années en détention administrative sans inculpation ni procès.
La détention administrative – comme l’ensemble du système carcéral israélien – est une arme coloniale destinée à réprimer la résistance palestinienne et à isoler les dirigeants de la lutte du peuple palestinien.