Les autorités maliennes, dominées par les militaires, ont décidé d’expulser l’ambassadeur de France en poste depuis 2018, a annoncé le lundi 31 janvier la télévision d’État.
« Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour (…) l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale (et) qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures », a annoncé un communiqué lu par la télévision d’État, cité par l’AFP.
Les autorités maliennes ont justifié cette décision par les « propos hostiles et outrageux du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères tenus récemment » et « la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées ».
« Ces déclarations tendent à remettre en cause et la légalité et la légitimité des autorités auprès desquelles l’ambassadeur de France est accrédité (…). Vous ne pouvez pas être accrédité auprès d’autorités que vous-mêmes vous ne reconnaissez pas », a dit dans la soirée le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, à la télévision d’État.
« La France prend note de la décision des autorités de transition (maliennes) de mettre fin à la mission de l’ambassadeur de France au Mali. En réaction, la France a décidé de rappeler son ambassadeur », a répondu le Quai d’Orsay. Paris exprime aussi « sa solidarité vis-à-vis de ses partenaires européens, en particulier du Danemark », dont le contingent vient d’être expulsé par la junte au pouvoir à Bamako.
Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a lui parlé d’une « demande injustifiée » qui « isolera le Mali ». « L’UE est solidaire de la France et du Danemark, dont le contingent a été renvoyé ».
Le ministère malien des Affaires étrangères avait annoncé sur Twitter avoir convoqué l’ambassadeur de France pour qu’il s’explique sur des critiques de Paris contre les autorités de transition.
La ministre française des Armées Florence Parly avait déclaré le 25 janvier que la junte multipliait « les provocations ». Son collègue français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a, deux jours après, qualifié la junte d' »illégitime » et ses décisions d' »irresponsables », après que les autorités maliennes eurent poussé le Danemark à retirer son contingent de forces spéciales.
Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, quant à lui, avait prévenu vendredi que son pays n’excluait « rien » dans ses relations avec la France.
Ces événements marquent un nouveau durcissement des tensions entre le Mali et la France, l’ancienne puissance coloniale impliquée militairement au Mali et au Sahel depuis 2013.