Entre 2015 et 2020, la France a permis à la Russie de moderniser la technologie de ses chars, de ses avions de chasse et de ses hélicoptères de combat. La France est passée outre les sanctions datant de 2014 pour livrer des systèmes sensibles à la Russie permettant d’améliorer sa technologie militaire. La presse française fait état de cette situation et indique que la technologie française «pourrait être utilisée dans la guerre en Ukraine». Qu’en est-il de la question de la responsabilité de la France et de ses présidents français?
Selon le média en ligne Disclose, la France a livré des équipements militaires à la Russie entre 2015 et 2020, alors que de fortes sanctions européennes avaient été adoptées après l’annexion de la Crimée. Le gouvernement français se défend de tout manquement alors que la guerre en Ukraine place la Russie comme ennemi de l’Occident.
La France a discrètement équipé l’armée russe. Le président français, Emmanuel Macron, s’est adressé à la nation déclarant aux 21 millions de téléspectateurs qui ont suivi son allocution en direct que «Poutine a choisi la guerre». Emmanuel Macron a rajouté sur un ton martial que «les forces russes bombardent Kiev, assiègent les villes les plus importantes du pays. Des centaines de civils ukrainiens ont été tués», martelant que «nous nous tenons aux côtés de l’Ukraine».
Le média d’investigation Disclose dézingue le discours présidentiel qui se voulait très humanitaire et porteur d’une bonne conscience concernant le rôle de la France après avoir publié son enquête: «Ce soir-là, Emmanuel Macron omet de préciser une information de taille: entre 2015 et 2020, malgré l’escalade militaire avec l’Ukraine, la France a discrètement équipé l’armée de Vladimir Poutine avec des technologies militaires dernier cri. Du matériel qui a contribué à moderniser les forces terrestres et aériennes de la Russie, et qui pourraient aujourd’hui être utilisées dans la guerre en Ukraine».
France Info en rajoute une couche: «D’après des documents confidentiel-défense obtenus par nos confrères de Disclose et des informations en sources ouvertes, la France a délivré 76 licences d’exportation de matériel de guerre à la Russie depuis 2015. Il s’agit notamment de caméras thermiques destinées à équiper des chars d’assaut».
France Info indique, citant les recherches de Disclose – dont les documents sont publiés dans l’article – que «depuis août 2014, l’Union européenne a imposé un embargo sur les armes à destination de la Russie. Mais [que] comme le contrat n’est pas rétroactif, les contrats signés avant cet embargo peuvent être maintenus et les livraisons d’armes assurées, une brèche dans laquelle les gouvernements de François Hollande et d’Emmanuel Macron se sont engouffrés».
En effet, Disclose souligne qu’en 2015, sous pression de ses partenaires européens et des Etats-Unis, la France avec son président français d’alors, François Hollande, avait annulé la vente de deux navires Mistral à la Russie, laissant pourtant les autres livraisons militaires se faire. La publication déclare que la décision avait fait suite «à l’annexion de la Crimée, en février 2014, à l’auto-proclamation des républiques séparatistes pro-russes de Donetsk et de Lougansk deux mois plus tard, et au crash d’un Boeing 777», attribué par la même communauté internationale qui soutient aujourd’hui l’Ukraine, à un missile russe en juillet de la même année alors que la Russie a toujours dénoncé cette accusation.
Thales et Safran. Le travail d’investigation de Discloser montre la duplicité de l’Etat français car comme Discloser tient à le rappeler les «principaux bénéficiaires de ces marchés», sont les sociétés Thales et Safran dont l’Etat français est le premier actionnaire». Disclose, un média d’investigation, fondé par des journalistes désireux de demander des comptes au pouvoir, en toute indépendance, notamment sur les ventes d’armes épingle lourdement la France en révélant que «ces exportations concernent essentiellement des caméras thermiques destinées à équiper plus de 1 000 tanks russes, ainsi que des systèmes de navigation et des détecteurs infrarouges pour les avions de chasse et les hélicoptères de combat de la force aérienne russe».
Discloser signale que «depuis 2014, ni François Hollande ni son successeur n’ont mis fin aux livraisons d’armement à la Russie. Un paradoxe, alors qu’Emmanuel Macron s’active depuis des années sur la scène internationale pour privilégier la voie diplomatique en Ukraine, plutôt que celle des armes».
Source : Observateur continental