La Russie a accusé, ce mardi 5 avril, les autorités ukrainiennes de préparer des « mises en scène » de civils tués par les forces de Moscou dans plusieurs villes, en pleine indignation internationale après la découverte de cadavres dans la ville de Boutcha.
Accusée par les Occidentaux et les autorités ukrainiennes d’avoir massacré des civils dans cette ville proche de Kiev, l’armée russe a démenti toute responsabilité, y voyant une mise en scène appelée à se répéter.
« Des membres du 72e centre ukrainien des opérations psychologiques ont tourné, le soir du 4 avril, une nouvelle mise en scène filmée de civils prétendument tués par des actions violentes de l’armée russe dans le village de Mochtchoun, à 23 km au nord-ouest de Kiev », a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, cité par l’AFP.
« Des événements similaires sont en train d’être organisés par les services spéciaux ukrainiens à Soumy (nord-est), Konotop (nord-est) et dans d’autres villes », a-t-il ajouté.
La localité de Mochtchoun est située près de Boutcha.
Pour sa part, le «New York Times» a dit avoir analysé d’images satellite démontrant que des corps de civils gisaient depuis près deux semaines dans la ville de Boutcha.
Or, la Russie a « catégoriquement » nié toute exaction, mettant en doute la fiabilité des images prises à Boutcha et dénonçant une campagne de « désinformation ».
Enquête sur les images diffusées à Boutcha
Dans ce contexte, le parquet général russe a annoncé l’ouverture d’une enquête au sujet des images de Boutcha. Avec pour but de comprendre le décalage entre les vidéos de la libération de la ville, où il n’y avait pas de corps de civils, et leur découverte ultérieure.
Dans un communiqué publié le 4 avril, le parquet général de la Fédération de Russie a indiqué que «les informations diffusées par les autorités ukrainiennes sont fausses. Cela est démontré non seulement par les données des procureurs militaires russes et le ministère russe de la Défense ayant annoncé le retrait de l’armée russe du village de Boutcha le 30 mars, mais aussi par les séquences vidéo accessibles au public».
En particulier, la vidéo «triomphante» du chef de l’administration locale enregistrée le 31 mars, et les images de rues vides prises lorsque les forces de sécurité ukrainiennes sont entrées dans le village.
Ces données-là ainsi que d’autres données confirment que tout ce qui s’est passé dans le village à partir du 31 mars et jusqu’à hier repose uniquement sur la conscience de la partie ukrainienne», souligne le texte, cité par RT.
Du côté de Kiev, Volodymyr Zelensky a annoncé le 4 avril qu’il était favorable à la conduite d’une enquête internationale sur les événements de Boutcha, notamment en assurant aux journalistes du monde entier leur accès au village.
Moscou déplore le refus occidental d’une réunion de l’ONU
Entre-temps, le représentant permanent de la Russie au Conseil de sécurité a déploré l’absence d’une réunion au sujet des massacres commis à Boutcha.
La Russie avait demandé plus tôt une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour statuer sur les «provocations haineuses» commises selon elle par l’Ukraine.
«[Alors qu’ont lieu] des discussions sur Boutcha […], les délégations occidentales se sont précipitées pour convoquer il y a quelques temps une réunion du Conseil de sécurité sur l’éducation des filles en Afghanistan. Ainsi, vous pouvez voir quelles sont les vraies priorités», a déploré le diplomate russe.
«La raison pour laquelle les délégations occidentales font cela est très simple : cela ne profiterait pas à la cause occidentale que la réunion du Conseil de sécurité soit convoquée par la Russie, car cela ébranlerait le récit anti-russe qu’ils défendent confortablement. Les délégations occidentales préfèrent confondre la situation à Boutcha avec une discussion sur la situation humanitaire lors de la réunion qu’elles convoquent demain, pour détourner l’attention de la provocation mise en scène par le régime de Kiev», a-t-il ajouté.