Le Canada va bannir les géants chinois des télécommunications Huawei et ZTE du déploiement de son réseau 5G dans le pays après des années de tergiversation, a annoncé le jeudi 19 mai le gouvernement de Justin Trudeau.
Cette décision, attendue depuis longtemps, avait été repoussée par le gouvernement canadien en raison des tensions entre Ottawa et Pékin ces dernières années liées à la saga diplomatico-judiciaire de trois ans qui avait suivi l’arrestation de la directrice financière du géant chinois des télécoms Huawei, Meng Wanzhou.
« Nous annonçons notre intention d’interdire les produits et services Huawei et ZTE dans les systèmes de télécommunication du Canada », a déclaré jeudi lors d’une conférence de presse le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne.
« Cela fait suite à un examen complet par nos agences de sécurité et en consultation avec nos alliés les plus proches », a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis sont le chef de file de la campagne contre Huawei, avec le spectaculaire bannissement du groupe chinois par le président américain Donald Trump en mai 2019.
Washington, qui n’a plus d’équipementier télécoms d’ampleur dans les réseaux mobiles, encourage depuis ouvertement ses partenaires européens à faire de même, sur fond de bras de fer avec la Chine.
D’autres alliés du Canada ont emboîté le pas aux Etats-Unis, notamment le Royaume-Uni, le Japon, l’Australie et la Suède.
Les services de renseignement américains disent craindre avant tout que Huawei ne permette aux autorités chinoises d’utiliser ses équipements pour surveiller les communications et trafics de données. Huawei assure qu’il refuserait toute demande de ce type.
Contacté par l’AFP, Huawei Canada n’était pas joignable dans l’immédiat pour réagir à l’annonce.
Pour le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino, l’innovation 5G « représente une opportunité majeure pour la concurrence et la croissance » mais « comporte également des risques ».
« Il existe de nombreux acteurs hostiles qui sont prêts à exploiter les vulnérabilités » dans les réseaux de télécommunications, a-t-il déclaré lors de la conférence de presse.
La relation diplomatique entre le Canada et la Chine s’est envenimée fin 2018 avec l’arrestation, à Vancouver, de Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei et fille du fondateur du mastodonte chinois des télécoms.
Cela avait marqué le début d’une crise majeure entre les deux pays appelée « diplomatie des otages », avec la détention en parallèle en Chine de deux Canadiens, l’ancien diplomate Michael Kovrig et l’homme d’affaires Michael Spavor.
Après près de trois ans de procédure, Meng Wanzhou a finalement retrouvé la liberté fin septembre 2021 et regagné la Chine. Et les deux Canadiens avaient été libérés dans la foulée.
Source: Avec AFP